Le bilan de la saison d'Etienne Capon

Quelques jours après la fin du championnat LNH, qui a vu le PSG être sacré, le directeur général de l'institution, Etienne Capon, revient pour handnews sur les enseignements de la saison passée, ainsi que sur les perspectives pour les mois et les années à venir.

La saison en LNH

"Ce championnat a été une des plus belles éditions de ces dernières années. La LNH est le championnat le plus équilibré d'Europe depuis quatre saisons, et je pense qu'on peut encore le dire cette année, même si il y a un plus gros écart entre les deux premiers et le reste du peloton cette saison. A tous les niveaux, les équipes ont quelque chose à jouer, si on prend la course à l'Europe, ça a été très disputé jusqu'au bout. C'est ce qui est notre principal force, et nous croisons les doigts pour que cela le reste."

Le nombre de clubs en Ligue des Champions

"N'avoir que deux clubs en Ligue des Champions, c'est le sens de l'histoire qu'écrit l'EHF en essayant de maximiser le nombre de pays représentés et donc de minimiser le nombre de clubs par pays. Par contre, ce qui est très décevant dans tout ça, c'est que ce qui avait été annoncé n'a pas été appliqué, ou alors qu'il y a eu une énorme confusion dans les informations données. Notamment pour le nombre de groupes de qualification, potentiellement il y avait autant de places que de candidats. Mais est-ce qu'il ne vaut mieux pas avoir deux clubs, voire on espère trois, capables d'aller loin en Ligue des Champions et deux clubs capables d'aller chercher un Final Four de coupe EHF ? Si un de nos clubs va à Cologne et qu'un va en finale de la coupe EHF, on sera très heureux."

Vers un PSG surpuissant ?

"C'est un risque, mais il existe depuis l’avènement du PSG Handball et il ne s'est jamais vraiment concrétisé. Ils ne sont pas champions la saison dernière, cette année ça a été compliqué pour eux, on verra bien ce que nous réserve l'avenir. Le PSG continue à jouer son rôle de locomotive et tire les wagons. Les autres clubs peuvent parfois être envieux des moyens parisiens, mais ils n'en sont pas jaloux, ils cherchent donc à s'inspirer d'eux pour s'améliorer, comme avec Montpellier il y a quelques années. Le PSG doit être le club vitrine de la LNH à l'étranger, on ne peut pas se reposer éternellement sur l'homogénéité du championnat pour le rendre intéressant."

L'arrivée de beIN SPORTS

"On est très satisfaits de la couverture de la compétition, avec une qualité de production à la hauteur, des résumés de matchs, je ne pense pas qu'on ait perdu au change en changeant de diffuseur. On est, avec beIN, dans la construction, dans le développement du handball et là dessus, la relation correspond à nos attentes. Ils comprennent parfaitement les problématiques du handball, qu'on ne peut pas forcément faire en salle ce que l'on peut faire dans d'autres sports, les évolutions se font crescendo et il reste encore des choses à faire. Maintenant, on est toujours tributaires des installations des clubs, des salles, et on est évidemment impatients que les nouvelles salles soient bâties, à ce moment là on pourra demander aux clubs des choses qu'on ne peut pas forcément demander dans les conditions actuelles."

Le digital

"La LNH a mis en place un dispositif digital plus poussé cette saison, et quantitativement, le retour a été très bon, que ce soit sur la coupe de la Ligue ou sur les trophées LNH. Cette année était un test, qu'il va falloir généraliser sur l'ensemble de nos événements mais aussi sur les matchs de championnat. On veut impliquer les clubs sur les événements pour qu'ils puissent ensuite reproduire certaines choses lors de leurs matchs. On reverse des droits de développement aux clubs en provenance des droits télé, et un des critères l'an prochain sera le développement de ce côté digital. On ne va pas contraindre d'emblée, on va les accompagner car la LNH et les clubs doivent évoluer ensemble."

Le trophée des champions

"Il y avait beaucoup de réticences et de scepticisme quand on a annoncé qu'on allait en Tunisie il y a deux ans, ce que je peux comprendre. C'était important pour nous en termes économiques et de communication de voir ce qu'on était capables de faire à l'étranger. La compétition se déroule à une période compliquée pour tout le monde avec la rentrée scolaire, et en matière de communication on s'en sort bien, et financièrement, on est passé d'un événement qui nous coutait beaucoup d'argent à une source de recettes. On a lancé un avis de candidature pour les trois prochaines éditions et on a bon espoir que cela devienne un vrai gros poste de recettes. Notre rôle, en tant que ligue, est aussi de développer économiquement le handball, par le biais de nos compétitions. On va à l'étranger parce que les clubs, le championnat vont bénéficier de l'argent obtenu en organisant, entre autres, le trophée des champions; en allant en Tunisie, on a ouvert une voie qui devrait nous en rapporter encore plus."

Le calendrier

"On manque de dates, c'est une des discussions qu'on a avec l'EHF, et on a les mêmes demandes que la Bundesliga. La LNH souhaiterait étaler plus son calendrier, notamment au niveau du mois de juin. Cette période est occupée par quinze jours de qualifications pour l'Euro, en juin, alors que les joueurs sont en vacances fin juin. Ca ne serait pas pour organiser plus de matchs, mais surtout pour éviter des très grosse semaines qui mettent en danger l'intégrité physique des joueurs. On parle souvent des problèmes des top clubs, mais il ne faut pas se focaliser non plus sur eux, parce que les clubs plus modestes, sans internationaux, ont parfois des périodes de trois semaines sans jouer, ce qui n'est pas forcément mieux."

Le Hand-Star Game

"La LNH a la volonté de pérenniser cet événement à Bercy, on sera le premier sport collectif à occuper Bercy en décembre après sa rénovation. Le potentiel spectateurs, partenaires se trouve principalement à Paris, et pour être rentable, il faut occuper une salle de grande capacité. Ce déménagement à Montpellier était compliqué à gérer pour la deuxième année, mais finalement on s'en sort bien. Les retours sur la billetterie de la prochaine édition sont bons, tout comme la politique de partenariats. La question qui va se poser pour les éditions suivantes est celle de replacer ce HSG au retour des événements internationaux au début février. Il y a du pour, il y a du contre, mais la chose est soulevée."

L'intégration de la Pro D2

"C'est déjà demain, puisque cela prendra effet dès la saison 2016-17. On ne va pas faire un bond dans le cahier des charges des équipes de Pro D2, mais on va déjà harmoniser la manière dont seront traités les clubs de D1 et de D2. On va avancer sur l'homologation des contrats, sur un début de cahier des charges marketing...Le problème, aujourd'hui, que rencontre les clubs promus c'est qu'ils se retrouvent sous une foule de demandes qu'on estime légitimes, même si ils ont les moyens. Cela fait énormément de choses à gérer en dehors du terrain qui font que le terrain en pâtit. Les clubs de Pro D2 vont bénéficier de leurs échanges avec les clubs de l'élite pour grandir, afin que le passage en D1 ne soit plus un problème dans des champs juridiques, administratifs, cela sera déjà une belle avancée. On ne leur promet pas qu'ils auront l'effectif du PSG la première année, mais ils auront peut être des budgets plus intéressants parce que les standards marketing ou autre leur permettront d'attirer les partenaires".

Propos recueillis par Kevin Domas