Le PSG, favori malgré lui

Le PSG s'apprête à entamer le Final Four de la Champions League demain, face aux Polonais de Kielce. Une première pour le club et pour le handball français, mais pas pour ses joueurs, dont cinq ont déjà remporté le titre suprême. Les Parisiens abordent le weekend avec un statut de favori, qu'ils font tout pour ne pas endosser.

Difficile, quand on compte onze Champions League remportées parmi les joueurs de son effectif, de ne pas arriver à Cologne en favori pour la conquête du titre européen. Et pourtant, Thierry Omeyer, Daniel Narcisse et Nikola Karabatic se sont tous appliqués ces derniers jours, et plus particulièrement cet après-midi en conférence de presse, à désamorcer tout ce qui pourrait commencer à ressembler à un complexe de supériorité. Et c'est le coach Noka Serdarusic, lui même déjà vainqueur de la compétition en 2007 avec le THW Kiel, qui a le mieux résumé la situation : "Combien de fois Paris a-t-il gagné la Champions League ? Zéro. Combien de fois Paris est-il venu à Cologne ? Zéro. On ne doit pas se mettre dans la tête que nous sommes favoris, car nous ne le sommes pas. Et cette saison, on a montré qu'on avait du mal à gérer ce statut, pas plus tard que contre Montpellier, la semaine dernière. Quand on joue bien, on est favoris, c'est tout ce qu'on peut dire". Et effectivement, ce PSG est capable de très grandes choses, comme de battre Kiel deux fois ou Veszprem à la maison. Mais le coach parisien a aussi rappelé la lourde fessée reçue à Veszprem (20-28), comme pour démontrer, encore une fois, que son équipe savait aussi passer à travers des grands rendez-vous.

Des certitudes et des interrogations

Reste que demain, le PSG n'aura pas le droit à l'erreur. Henrik Mollgaard le rappelait d'ailleurs, lui le néophyte à ce niveau. Après avoir connu le Final Four de la coupe EHF la saison avec Skjern, il s'attaque à beaucoup plus lourd, beaucoup plus haut : "Il faut jouer deux matchs énormes en deux jours, deux matchs parfaits. La moindre minute de relâchement peut te coûter la victoire finale. On sait qu'il va falloir batailler, mais que nous avons nos chances demain". Selon lui, la défaite face à Montpellier a été évacuée, à défaut d'être complétement digérée, et tout l'effectif parisien est prêt au combat. Parce que face aux mastodontes polonais de Kielce, il ne faudra pas hésiter à aller au mastic sous peine de se faire châtier par leur puissance physique. "Nous avons beaucoup étudié cette équipe et j'ai vu de très bonnes choses. Jouer Kielce est un vrai combat, mais il faut combattre avec la tête, pas seulement courir le plus vite possible ou sauter le plus haut" explique Serdarusic. "Mais si on peut maitriser ces choses là, je ne sais pas comment mes joueurs vont répondre au défi proposé, si ils vont garder leurs nerfs dans les moments compliqués. Nous avons des certitudes, mais aussi des interrogations". A l'heure de pénétrer sur le terrain demain, les premières devront avoir pris le pas sur les secondes. Pour que ce statut de favori, voulu ou non, ait été mérité.

Kielce, la grande inconnue

En face du PSG se dresseront les Polonais de Kielce, dont on ne sait pas exactement quoi attendre. Certes, ils sont à Cologne pour la troisième fois en quatre saisons après un parcours qui les a vu écarter Flensburg et rester invaincus face à Barcelone et Rhein-Neckar Löwen. Mais il reste comme un goût d'inachevé quand on voit Michal Jurecki imposer un défi physique presque à outrance à ses adversaires. "Cette équipe est à peu près la même depuis la première fois où elle s'est invitée à Cologne, mais Talant Dujshebaev a amélioré tous les détails. Elle est devenue plus solide, plus homogène et elle a réussi une superbe saison si on excepte la claque reçue à Skopje. Kielce a quand même été la première équipe depuis plus de trois ans à s'imposer à Barcelone" note Magda Pluszewska, journaliste polonaise qui suit l'équipe depuis plusieurs saisons. Même Julen Aguinagalde, le pivot espagnol, pense que Paris peut être bousculé : "C'est vraiment du 50-50, nous avons des arguments à faire valoir même si Paris est une très grosse équipe". La méthode ? Que du classique, selon l'ailier allemand Tobias Reichmann : "Paris ne fait pas beaucoup tourner, donc il va falloir mettre beaucoup d'impact physique. Il va falloir pousser tous les ballons à fond pour espérer les faire craquer".

Bielecki et Tkaczyk de retour

La bonne nouvelle, dans le camp polonais, c'est le retour de Karol Bielecki et de Grzegorz Tkaczyk. Le premier, gâchette infernale, sort d'un mois d'arrêt, l'autre de plus de six mois suite à un souci à l'épaule, et ils ont fait leur retour la semaine passée lors du Final Four victorieux en coupe de Pologne. Même Marin Sego, la doublure de Slawomir Szmal, a fait le voyage, malgré son souci de genou qui a fait craindre le pire. Il devrait tenir sa place demain à la Lanxess Arena, dans un match où Talant Dujshebaev espère que ses leaders assumeront leur rôle : "Toutes les équipes doivent avoir leurs meilleurs joueurs à fond dans ces moments-là. De leur capacité à jouer à leur meilleur niveau dépendra qui remportera la coupe dimanche." Si on ne doute pas de la capacité de Michal Jurecki et Ivan Cupic d'être de ceux là, il faudra en revanche que la défense de Kielce monte de plusieurs tons pour pouvoir espérer aller chercher la finale. Car le point faible de cette équipe se trouve sûrement là. "Par le passé, c'était un des points forts, mais on sent désormais l'absence de Piotr Grabarczyk. La défense de Mateusz Kus est un peu fantasque, il se laisse souvent déborder et il est rare qu'il finisse les matchs à force de prendre des deux minutes" conclut Magda Pluszewska.

Kiel-Veszprem, acte 3

L'autre demi-finale mettra aux prises deux équipes qui commencent à se connaitre par cœur, Kiel et Veszprem. Demain sera la neuvième rencontre entre les deux équipes sur les quatre dernières saisons, la troisième pour le seul exercice 2015-2016 et la troisième fois de suite à ce niveau de compétition. Au tableau d'affichage, le score est à un partout, avec une victoire de Veszprem la saison passée. Et cette fois encore, les Hongrois ont les faveurs des pronostics. Mais Kiel possède une motivation supplémentaire cette année : "L'envie est encore plus grande cette saison, car c'est notre dernière chance de remporter un trophée. La saison a été compliquée, beaucoup de blessures, et nous ne sommes pas les favoris, contrairement à Paris ou à Veszprem" explique Domagoj Duvnjak, qui ne sait que trop bien que ce statut ne vaut rien à Cologne. "Je l'ai vécu en 2013 avec Hambourg, ici tout peut se passer, et Flensburg l'a montré aussi. Il faut de la chance pour gagner ce Final Four". Alfred Gislason sera privé de Steffen Weinhold, toujours blessé à la main, tandis que son homologue Xavier Sabaté pourra lui compter sur un retour de Chema Rodriguez. Suffisant pour enfin décrocher le Graal ? "Une fois troisième, une fois finaliste, on aimerait bien montrer qu'on a encore franchi un palier" admettait Aron Palmarsson cet après-midi. "Mais on sait aussi que les choses ne se passent pas toujours comme on le veut ici".

PARIS-SAINT-GERMAIN - KIELCE, le 28.05 à 15h15 (en direct sur beIN Sports 3) VESZPREM - KIEL, le 28.05 à 18h00 (en direct sur beIN Sports 3)

A Cologne, Kevin Domas