Montpellier se déplace ce dimanche en Russie pour y affronter le HC Kaustik Volgograd. Si le club évoluait régulièrement en Ligue des Champions à la fin des années 90, il sera loin d’être favori face aux Héraultais. Il s’agissait pour nous d’une bonne occasion pour avoir un panorama éclairé du handball russe avec le coach de l’équipe, Dmytri Bocharnikov.
Handnews : Que pensez-vous de votre début de saison?
Dmytri Bocharnikov : Cette saison, nous n’avons pas perdu de points face aux équipes de bas de tableau. C’est un point positif. Mais dans le même temps, nous avons perdu face aux leaders, Permskie Medvedi et Saint Petersburg, qui joue en Ligue des Champions. Nous n’arrivons pas à jouer sur nos forces face aux équipes avec lesquelles nous sommes en concurrence directe. Donc nous avons un sentiment mitigé sur notre début de saison.
HN : Quels sont vos objectifs principaux en championnat et en Coupe d’Europe?
D.B : Notre but en championnat est de finir à une des trois premières places tandis qu’en Coupe d’Europe, j’aimerais passer encore un tour pour accéder à la phase de groupes.
HN : En championnat, vous êtes pour l’instant seconds. Pensez-vous pouvoir obtenir une des deux places qualificatives pour la Ligue des Champions en fin de saison?
D.B : Il est encore trop tôt pour en parler. De plus, nous sommes seconds car certaines des équipes derrière nous ont des matchs en retard. Et je crois que nous ne sommes pas prêts pour la Ligue des Champions, qui est un monde complétement différent.
HN : Que savez-vous de Montpellier?
D.B : C’est un adversaire très sérieux, et un vrai candidat au titre. Plusieurs fois champion de France, et la seule équipe française à avoir remporté la Ligue des Champions. Le club compte dans son effectif plusieurs joueurs de l’équipe de France, champions olympiques et aussi d’autres internationaux. Mais nous nous préparons sérieusement pour ce match, comme on le ferait contre n’importe quel favori. Nous ne saurons le résultat qu’après les deux rencontres.
HN : Avec la disparition de Tchekhov cet été, à quoi ressemble désormais le championnat russe? La compétition est-elle devenue plus intéressante?
D.B : Notre championnat est resté le même. Si vous regardez les matchs entre les équipes qui étaient leaders l’an dernier, elles perdent toutes des points dans les confrontations directes. Ce qui est intéressant dans cette compétition, c’est que nous n’avons pas de leader unique. Prenez Tchekhov, ils ont perdu le premier match de la saison, puis ils se sont remis dans le sens de la marche et ont commencé à gagner. Beaucoup de clubs, le nôtre y compris, ont du vendre des joueurs. Certains, notamment Permskie Medvedi ont pu en acheter et ainsi tenter de former une grosse équipe, mais cela n’a pas changé grand chose dans la Super League. Si vous regardez les statistiques à la fin de la phase aller de la saison dernière, les positions sont les mêmes que ce qu’elles sont actuellement.
HN : Y’a-t-il beaucoup de clubs russes qui connaissent des problèmes financiers, à l’image de Tchekhov?
D.B : Pour être honnête, je vous dirais que Tchekhov n’a pas de gros problèmes financiers. Ils ont un budget stable, mais qui est moins élevé que celui des années précédentes. Ils ont donc dû vendre certains de leurs joueurs avec des gros salaires. Presque toutes les équipes russes ont un budget qui repose sur de l’argent public, généralement distribué par les municipalités. Toutes les équipes russes ont quelques problèmes d’argent, à différents niveaux.
HN : Alexey Kostygov est actuellement votre gardien de but. Est-il un élément essentiel de votre équipe? Comment l’avez-vous convaincu de venir jouer pour le HC Kaustik?
D.B : Alexei est le joueur le plus respecté de notre équipe, même si nous avons deux bons jeunes gardiens. Kostygov jouait auparavant à Saint Petersburg, où il était ensuite devenu entraineur des gardiens. Mais le club a eu des problèmes d’argent, ce qui a forcé de nombreux joueurs à partir. Et comme Alexei avait joué auparavant ici à Volgograd, il a décidé de revenir, d’autant plus que sa femme est originaire de la région. L’ancien président lui a alors proposé de venir entrainer les jeunes gardiens du club, pour partager avec eux son expérience. A 40 ans, il a bientôt fini sa carrière. Lorsque nous jouons, j’utilise principalement nos deux jeunes, Andrew Dyachenko et Victor Kireev, qui ont tous les deux un avenir prometteur. Mais Alex les aide depuis le banc, leur donne des conseils, je le fais parfois entrer en jeu mais il n’est pas un de nos joueurs principaux.
HN : De nombreux joueurs de l’équipe viennent de Volgograd. Est-ce un choix délibéré d’avoir une forte identité locale? Pourquoi n’essayez vous pas d’aller chercher des joueurs autre part?
D.B : Si vous voulez acheter de bons joueurs, vous devez avoir de l’argent non? Et nous n’en avons pas assez pour acheter d’excellents joueurs. C’est un premier fait. Le deuxième, tous les bons joueurs demandent un bon salaire. Et quand ils n’obtiennent pas ce qu’ils pensent mériter, ils s’en vont. Concernant nos joueurs, ce sont des jeunes que nous avons formé nous-mêmes et qui ont pour la plupart commencé au club. Ces joueurs ont l’amour du maillot, au sens propre du terme. Bien sûr, ils jouent pour gagner leur vie, mais ils veulent surtout défendre leurs couleurs et l’honneur de leur ville.
HN : De manière générale, la majorité des joueurs dans les top-temps russes sont jeunes. Pensez vous que l’équipe nationale sera de ce fait plus compétitive dans les prochaines années?
D.B : Objectivement, je sens que cela va être compliqué. Pour que la sélection obtienne des résultats, il faut que les joueurs qui la composent aillent chercher de l’expérience à l’étranger, aillent disputer la Ligue des Champions. Nous avons de très bons juniors, mais malheureusement aucun d’eux n’a remporté quoi que ce soit, et ils n’évoluent pour la plupart même pas dans les équipes du haut du tableau de notre championnat. Donc je ne pense pas que certains d’entre eux soient en capacité d’élever le niveau de jeu de la sélection dans les prochaines années. Dans notre histoire, nous avons eu une très très forte génération, née aux alentours de 1974, qui avait elle aussi remporté des compétitions juniors, et qui avait ensuite remporté les JO, mais nous en sommes loin actuellement…
HN : Dernière questions, peu de Russes jouent actuellement à l’étranger. Y’a-t-il une explication à cela?
D.B : Tout seimplement parce que nous n’avons que peu de joueurs de classe internationale que les clubs étrangers veulent faire venir. Je le disais auparavant, nos jeunes n’ont pas l’expérience des grandes compétitions. Et pour une équipe étrangère, faire venir un Russe qui est de niveau équivalent et avec une expérience moindre, cela n’a pas grand interêt…Les joueurs de classe internationale, comme Pawel Atman (qui évolue au Metalurg Skopje, ndlr), sont trop rares dans notre pays. Et le peu qui pouvait partir est parti désormais, et il confirme d’ailleurs tout leur potentiel.