Mondial 2013 – Chili

L’incroyable saga Feuchtmann

Feuchtmann

Les trois frères Feuchtmann, Erwin, Emil et Harald, vont disputer le Mondial sous les couleurs du Chili. A l’instar des Simonet en Argentine, la famille Feuchtmann est devenue incontournable dans ce petit pays d’Amérique Latine, situé entre l’Océan Pacifique et la Cordillère des Andes. S’il reste encore loin du niveau affiché par l’Argentine, le Chili s’éveille au handball à la vitesse grand V et va disputer son deuxième mondial consécutif. HandNews est allé à la rencontre de la fratrie Feuchtmann, pilier de la sélection.

En 2011, le monde du handball découvrait la jeune sélection chilienne au Mondial organisé en Suède. Peu habituée des grandes compétitions internationales, souvent dans l’ombre du Brésil et de l’Argentine, elle avait créé un bel exploit en remportant son premier match dans un championnat du Monde face à l’Australie (29-21). Emil (29 ans) et Erwin Feuchtmann (22 ans) étaient de la fête, mais les célébrations auraient été encore plus belles si Harald (25 ans) avait également été sélectionné. Cette fois-ci, les trois frères sont réunis ensemble sous le maillot national. Ils ont déjà porté haut les couleurs du Chili lors des Jeux Panaméricains à Guadalajara ou encore lors du tournoi préolympique en Croatie. « C’était un rêve de disputer ensemble un championnat du monde, avoue Harald. Depuis que j’ai quitté mon pays en 2007, j’ai toujours pensé que ce moment devait arriver. » Son petit frère Erwin ne dit pas le contraire. « Jouer un Mondial avec deux de tes frères, c’est vraiment émouvant. » Emil, l’aîné, a lui aussi « toujours voulu que ce moment arrive un jour. »

Les 3 frères Feuchtmann

La saga familiale commence dans les années 80 lorsque leur père, Emil, décida de quitter la capitale Santiago pour rejoindre le sud du pays et la ville de Punta Arenas. En Terre de Feu, là où les vents violents soufflent toute l’année et où le climat façonne les hommes, les trois garçons et leur petite sœur Inga vont vite découvrir la pratique du handball. Pourtant, ce sport est méconnu au Chili, les médias ne parlant que du football et des exploits de Rios en tennis. Mais avec des parents professeurs d’éducation physique et un papa qui avait découvert le jeu à sept à l’université, les enfants Feuchtmann vont vite tomber sous le charme du handball. « C’est mon père qui a fait connaître le hand dans la ville la plus australe du Chili », se souvient Harald. « Il a créé un club de zéro, puis lorsqu’il a rejoint la capitale, il a continué à mettre en place une équipe au sein de la Universidad de Chile », complète Erwin.

En famille, les discussions tournent inévitablement autour du balonmano. « On parle de handball une grande partie de notre temps, confesse leur sœur Inga, elle aussi sélectionnée en équipe nationale de hand. Nous nous donnons toujours des conseils entre nous. » « C’est toujours notre premier sujet de conversation », rigole Harald. « C’est quasiment inévitable dans une famille de handballeurs », avoue Erwin.

Liga et Bundesliga pour gagner en expérience

Emil Feuchtmann

Pour progresser, la fratrie n’a pas hésité à quitter l’Amérique du Sud pour rejoindre l’Europe. Erwin et Emil évoluent tous les deux en troisième division allemande, au sein du club du HC Aschersleben. Harald joue également en Bundesliga, au même niveau que ses frères, dans le club de TSV Friedberg, leader de son championnat. Joli clin d’œil à l’Histoire puisque leur grand-père avait quitté l’Allemagne pour le Chili dans les années 50. Leur goût pour la petite balle pégueuse vient certainement de leurs origines allemandes… Des trois frères, Emil est le plus expérimenté. Après avoir débuté au Chili puis avoir fait un détour par le Brésil, il a porté le maillot du club espagnol de Huesca où il a côtoyé l’ancien gardien d’Ivry et de Pontault notamment, Danyel Paruta. Surnommé le « magicien de Punta Arenas » dans son pays, il est le plus influent de la fratrie, distillant ses conseils à ses frères. « Jouer avec ses frères est une joie, reconnaît-il. La communication est plus facile. » Erwin confie que, même si cela lui semble plus facile d’évoluer avec ses frères, cela lui procure également davantage de pression. « Il y a une connexion entre nous », avoue son frère Harald.

Trois frères très différents

Frères Feuchtmann

Si la ressemblance physique n’est pas évidente au premier coup d’œil, le caractère des trois frères Feuchtmann est également très différent. Peut-être vient-il de leur position bien spécifique sur le terrain, Erwin évoluant au poste d’arrière gauche, Emil demi-centre et Harald à l’aile gauche. Leur sœur Inga fait les présentations. « Emil est beaucoup plus rationnel, intelligent et rassurant, explique-t-elle. Erwin a une grande puissance physique, et se révèle un solide défenseur. Harald, de son côté, a beaucoup de caractère, est rapide et plein d’énergie. » Erwin ajoute que « le sens du sacrifice et le travail » sont des valeurs qui unissent sa famille. La fierté de représenter le Chili, « cette terre du bout du monde », sur la scène mondiale est également un vrai honneur pour eux. « Je crois que nous sommes en train d’écrire l’histoire du handball dans notre pays », se félicite Emil. « Quand les journalistes me disent cela, poursuit Harald, cela me rend vraiment heureux. » Même dans ses rêves les plus fous, leur sœur n’avait jamais imaginé que ses trois frères joueraient un jour un Mondial ensemble. « Jamais je ne l’aurais cru possible, reconnaît Inga. Mais à force de travail, c’est un objectif qu’ils ont réussi à atteindre. »

Un sport qui lutte pour exister au Chili

La réussite de la famille Feuchtmann masque cependant la précarité du handball au Chili. La sélection n’oublie pas le chemin qu’elle a dû parcourir pour s’imposer dans son propre pays et obtenir le soutien de l’Etat afin de poursuivre son développement. Pour ce pays de près de 17 millions d’habitants, s’imposer sur l’échiquier mondial était un sacré défi il y a encore cinq ans. « Les conditions se sont nettement améliorées », se félicite Harald. La troisième place acquise en 2011 aux Jeux Panaméricains valide la progression du handball chilien. Dans le sillage du pivot Marco Oneto, de plus en plus de joueurs ont décidé de quitter le continent sud-américain pour parfaire leur bagage technique en Europe, principalement en Allemagne et en Espagne. « De réels efforts sont faits pour populariser notre sport au Chili », complète Harald qui rêve secrètement de faire tomber l’un de ses adversaires du groupe B (Macédoine, Danemark, Qatar, Islande, Russie). Et de poursuivre ainsi la saga Feuchtmann au-delà du Chili …

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8 CommentairesPoster un commentaire

  1. babar - le 5 janvier 2013 à 17h41

    belle histoire !

    Pour le mondial le Chili peut l'emporter sur le Qatar et bousculer la Russie.

    Les 3 autres équipes sont trop fortes

  2. Sk. - le 5 janvier 2013 à 18h45

    Ce "petit pays d'Amérique Latine" est bien plus grand que la France !

  3. Sk. - le 5 janvier 2013 à 18h50

    Merci pour cet article en tous cas. Vos articles de fond sur la situation du handball dans tel ou tel pays, ou sur un joueur en particulier donne une grande valeur à votre site.

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