Jour de voyage : Journée 1
Vivez le Mondial en Espagne de l’intérieur avec Sebastian Simonet. Le meneur de jeu Argentin de l’US Ivry nous livrera ses impressions, ses sensations pendant cette compétition qui s’annonce passionnante. Découvrez la vie et l’évolution de la formation Argentine, qui sera opposée à l’équipe de France au premier tour du mondial.
“Le match qui allait marquer le début du mondial arrivait”
Samedi matin, nous nous sommes réveillés aux alentours de 9h puis avons été prendre notre petit déjeuner. Dans la foulée, nous avons enchainé avec des étirements et des exercices pour prévenir les blessures au gymnase. Pour Agustin et moi, les deux qui ne jouent pas aujourd’hui, nous avons eu le droit à des exercices plus soutenus pendant que les garçons analysaient le jeu du Monténégro à la vidéo. Après avoir mangé, chacun a regagné sa chambre et nous avons commencé à réaliser que dans quelques heures, le match qui allait marquer le début du Mondial arrivait. Une défaite aujourd’hui contre le Monténégro t’oblige ensuite, au minimum, a gagner deux matchs en plus pour atteindre l’objectif de qualification en huitièmes.
Nous avons eu une petite collation puis avons pris le chemin du match. T-Shirt bleu, pantalon bleu : c’est ce qui était marqué sur la feuille de route (ce n’est pas ce que nous préférons, nous les joueurs, mais ça permet d’avoir une certaine harmonie).
“L’équipe a toujours contrôlé le match”
Ce fut assurément, et de loin, le pire voyage en bus que j’ai vécu jusqu’à aujourd’hui avec la sélection. C’était le premier match officiel que je ratais, ce n’était pas à cause d’une blessure mais pour une suspension. Quand on s’apprête à jouer un match, on a forcément un nœud dans le ventre, surtout si c’est un Mondial. On sent cette pression, qu’il y a des milliers de personnes qui reviennent de la plage, qui ont changé leurs habitudes, qui se sont calées sur le bon horaire, qui sont là une heure avant devant le télé pour nous suivre. Le plus beau est d’être sur le terrain, tu peux faire quelque chose pour changer le destin du match : un but, une défense solide, une indication pour aider ses coéquipiers. Cela justement ne m’arrivera pas aujourd’hui. L’état déplorable de mes ongles révèle le niveau de tension et de stress qui me caractérise aujourd’hui. L’équipe a toujours contrôlé le match, jusqu’à ce que le Monténégro prenne une longueur d’avance. De 24-21 nous sommes passés à 24-25. A ce moment là, tu penses alors au pire. Mais j’avais oublié qu’il y avait 16 Gladiatores sur le terrain ! J’avais oublié que dans cette situation, nous faisons toujours le meilleur, chacun donne le maximum. C’est l’instinct de cette équipe. Même quand nos gardiens ne sont pas dans un grand jour, les autres vont prendre le relai, Carou va obtenir une faute en attaque et un « pibe » qui, il y a un mois s’est rompu les ligaments du genou et que beaucoup donnaient pour mort, va inscrire 7 buts !
“Le Brésil est plus fort que le Monténégro”
Les bons changements et la gestion des temps morts, avec la sérénité de toujours de la part du staff, fut essentiel. Ils ont non seulement récupéré 3 joueurs très touchés physiquement, mais ils ont en plus réussi à les remettre sur pied !
Demain (dimanche) nous affrontons une équipe très compliquée. C’est le Brésil que nous connaissons tous. Qui a vu la première période contre l’Allemagne ? Cette défense qui nous a déplacé à Alte Brown est très profonde. Il a posé beaucoup de problèmes à l’Allemagne (que beaucoup voient en retrait, mais qui me plait beaucoup). En attaque, le côté gauche et les contre-attaques ravageuses ont fait du mal. Nous ne pensons pas qu’il s’agira d’un match facile, et que battre le Monténégro nous place au-dessus. Selon moi, le Brésil est plus fort que le Monténégro.
“Qui défendent comme si c’était la guerre du Vietnam”
Nous avons également vu comment la France a souffert contre la Tunisie. Jusqu’à cinq minutes de la fin, elle était menée. La Tunisie est venue sans son demi-centre et son n°3 en défense, mais avec des garçons qui ont tiré de 11 mètres et qui défendent comme si c’était la guerre du Vietnam. Les buts de Luc Abalo, la puissance de Nikola et l’efficacité de Jérôme à 7 mètres furent les clés pour les Experts.
Pour conclure : que chacun s’assoit sur la même chaise demain, enfile le maillot argentin et regardent la même chaine de télé. ¡Vamos Argentina!
Point noir du jour : le stress qui m’a envahi en tribune. Je ne souhaite à personne de vivre cela.
Point positif du jour : le moment émouvant quand le match s’est terminé. Les deux équipes réunies pour écouter que le meilleur joueur du match avait été Diego. Plus haut, j’ai vu mon père dans les tribunes pleurer, et notre « numéro 6 » aller l’embrasser. Diego lui a donné la montre que le Doc Marino lui avait offerte. Cela m’a ému. Oui, je lui ai dit.
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