Sélectionneur de la Tunisie depuis plus d’un an, Sead Hasanefendic était présent dans les tribunes à Monastir le week-end dernier pour assister au Trophée des Champions. L’ancien entraîneur de Créteil, Vénissieux, l’OM Vitrolles ou encore Ivry a suivi avec attention la première compétition officielle de la saison. Rencontré avant les finales de dimanche, il a livré son point de vue à Handnews, et évoqué les rumeurs qui l’annonçaient il y a quelques mois sur le banc du PSG. Avec une passion non dissimulée.
Sead, qu’avez-vous pensé du niveau des premiers matches du Trophée des Champions ?
Pour la Tunisie, c’était un bon spectacle. Il y avait beaucoup de monde pour voir évoluer des grands noms du handball mondial. Le public n’est pas habitué à voir autant de stars. A quelques jours de la reprise du championnat, chaque équipe a ses projets et sait ce qu’il faut montrer ou préserver. Dans ce genre de compétition, ceux qui perdent disent qu’ils se sont épargnés pour le championnat.
Ce genre d’évènement permet aussi de faire connaître le hand de haut niveau en Tunisie …
C’est une très bonne chose. Tout le monde est content et fier que la LNH vienne disputer le Trophée des Champions en Tunisie. J’espère que les équipes et les dirigeants repartent contents de leur week-end. Il y a encore une édition ici la saison prochaine. Avec la chaleur et un bel hôtel, je pense que ça aide aussi à avoir une bonne image de la compétition (rires).

Crédit photo : Stéphane Pillaud
Quelle impression vous a fait le PSG Handball, grand favori en LNH ?
Paris a une équipe extraordinaire, mais j’ai eu l’impression que les joueurs n’avaient pas été au bout de leurs possibilités contre Montpellier samedi. Je pense néanmoins que le PSG fera une bien meilleure saison que l’an passé. Quand vous avez autant de joueurs de grande qualité, ce n’est pas facile que tout fonctionne parfaitement. Il faut savoir gérer leur égo, car ils veulent tous être sur le terrain et montrer leurs qualités. Paris a de la réserve pour les grands matches. Contre Montpellier, le PSG m’a donné l’impression de ne jouer qu’à 80% de ses possibilités.
Paris a-t-il les moyens de jouer le Final Four de Ligue des Champions cette saison ?
Paris doit pouvoir y aller. Je pense que le PSG peut se qualifier pour Cologne cette saison. Il y a peu d’équipes en Europe qui ont aujourd’hui un collectif aussi fort que celui de Paris. Je souhaite qu’une équipe française puisse à nouveau remporter une Coupe d’Europe.
« La LNH est très forte »
La Bundesliga est-elle toujours le meilleur championnat au monde aujourd’hui ?
Le championnat allemand est toujours au sommet. Les autres ligues ont une évolution davantage par à-coups, avec des creux pour certains. A l’époque, quand les meilleurs joueurs français sont partis à l’étranger, le championnat hexagonal est devenu moins bon. Aujourd’hui, la LNH est très forte. C’est professionnel, avec de grands joueurs. Mais on ne peut comparer aucun championnat avec la Bundesliga. Une équipe classée en dernière position en France n’a presque aucune chance de battre le premier. Ce n’est pas le cas en Allemagne. Les salles sont toutes archi combles, et le professionnalisme est poussé à son extrême.
N’êtes-vous pas un peu nostalgique de la Bundesliga ?
Je suis toujours nostalgique ! Le handball de haut niveau m’attire toujours. C’est pour cela que j’étais à l’Eurotournoi et que je suis venu assister au Trophée des Champions. J’aime toujours autant la compétition, et la relation qu’il y a avec le public. Au fond, si nous sommes là en tant qu’entraîneurs, joueurs et équipes, c’est aussi pour les spectateurs, les medias, une belle photo, etc … Quelques fois, l’envie d’entraîner une grande équipe avec des grands joueurs me revient à l’esprit.
Souhaiteriez-vous revenir entraîner en France ?
On me le demande souvent (rires), mais je suis un peu vers la fin de ma carrière. Cela m’intéresserait d’aller dans n’importe quel pays où il y a un grand projet, afin de se mesurer aux meilleurs. Cela peut être aussi bien une équipe nationale ou un club. La France ? C’est un peu mon pays. Jusqu’à cet été, j’avais une maison en Alsace, et ce depuis 25 ans. C’est très important d’exercer dans un pays dans lequel tu connais la culture et la langue. C’est beaucoup plus compliqué d’obtenir le meilleur des joueurs quand tu ne connais pas leur culture. La France est bien sûr une terre qui serait fertile pour des grands projets à mener.
« Gardent et Perreux vont y arriver »
La saison passée, certaines rumeurs vous annonçaient au PSG. Etaient-elles fondées ?
Je n’ai jamais eu le moindre contact avec un dirigeant du PSG. Il n’y a rien eu d’officiel. Mais les medias et surtout les agents ont lancé cette hypothèse pour brouiller les pistes. Je vais vous dire quelque chose : je connais très bien les entraîneurs de Paris. Philippe Gardent et Thierry Perreux étaient mes joueurs à l’époque ! Je connais également très bien Bruno Martini que j’ai entraîné. Je n’ai jamais cherché le moindre contact avec Paris. Je n’ai jamais voulu savoir s’ils rencontraient des problèmes pour me positionner pour le poste. Ils sont à la tête d’un projet très sérieux, gigantesque. Ils vont y arriver peu à peu. Un tel projet n’est jamais facile.
Mais si le poste vous était proposé, cela vous ferait réfléchir ?
Qui n’aimerait pas diriger autant de grands joueurs ? Un tel club pourrait évidemment profiter de mon expérience et de mes connaissances. Mais cela ne va pas plus loin aujourd’hui.
“Que la Tunisie retienne l’attention”
Quel sera l’objectif de la sélection tunisienne en janvier prochain au Mondial au Qatar ?
J’aimerais que la Tunisie retienne l’attention. Il ne faut pas que la Tunisie considère que l’important, c’est de participer. Il faut faire plus que cela. Cela passe par une qualification pour le deuxième tour de la compétition, gagner un grand match, viser au moins un match nul contre la Croatie par exemple. J’aimerais également que tous les joueurs tunisiens sélectionnables se mettent à ma disposition.
Est-ce un appel du pied aux Megannem, Hmam et Ayed ?
Pour atteindre mes objectifs, oui. Je ne vais pas donner de noms en particulier. J’aimerais que tous les joueurs tunisiens en activité, qui sont à un bon niveau et qui sont motivés, puissent être à la disposition de l’équipe nationale. Je les apprécie tous. Ils peuvent encore jouer à très haut niveau. Megannem est par exemple toujours un vrai chef d’orchestre avec El Jaish. Wissem Hmam reste l’un des meilleurs défenseurs de LNH. Issam Tej est le meilleur pivot en France. Quant à Anouar Ayed, il était encore peu le meilleur buteur du championnat français. En France, personne ne demande quel âge a Omeyer. En Tunisie, on accorde trop d’importance à l’âge des joueurs. Mais les choses évoluent progressivement.
Un club qui aligne les chèques n'a rien d'un club de handball.
Ils ne méritent pas d'aller au Final4 et encore moins de le gagner. Il y a des équipes qui progressent tous les ans qui travaillent eux ils arrivent avec leur argent, aucun mérite je suis pas d'accord.
Je ne comprends pas ce raisonnement.
Peut-être préfères-tu que les clubs passent leur temps à pleurer auprès des collectivités locales (et donc nos impôts) pour avoir un peu d'argent ?
L'arrivée des Qataris au PSG a apporté de la visibilité à toute la LNH et permet aux autres clubs de progresser plus vite également.
Il serait même bien pour le Hand que plus de gros investisseurs s'y intéresse (l'exemple de Montpellier avec des "petits" investisseurs est également intéressant).
Qu'est-ce que le mérite en sport aujourd'hui ? L'amateurisme total n'existe plus au haut niveau depuis bien longtemps… Dans les sports collectifs, les équipes qui gagnent sont celles avec de gros moyens : c'est la réalité. Il ne faut pas cracher dans la soupe, Paris tire toute la LNH vers le haut. Et ce n'est parce qu'ils ont reçus des chèques qui leur donnent le plus gros budget d'Europe qu'ils iront au Final 4 et le gagneront…