Le Qatar se donne tous les moyens pour réussir son Championnat du Monde sur le plan de l’organisation mais également pour que son équipe nationale atteigne le stade des 1/4 de finale, objectif annoncé par le sélectionneur espagnol Valero Rivera lors du tirage au sort en juillet dernier à Doha. Outre l’aspect naturalisation qui fait beaucoup de bruit depuis de nombreux mois, pourtant dans la plus grande légalité juridique puisque le règlement de l’IHF le permet, les dirigeants du handball qatari ont décidé de stopper toutes les compétitions nationales pour tout donner à la sélection.
En effet, après la fin du championnat et des différentes coupes nationales en juin dernier, les internationaux qataris sont à la disposition de la sélection pour des périodes de stages et de compétitions officielles. Entre le Super Globe qui a permis en septembre dernier aux internationaux des clubs participants à la compétition de se frotter aux joueurs du FC Barcelone et de Flensburg, puis avec les Jeux d’Asie remportés début octobre remportés face à la Corée, Valero Rivera a débuté cette semaine un stage commando de 15 jours en Espagne du côté de Lanzarote pour un travail physique. Ils reviendront à nouveau en Espagne du 9 au 25 décembre à Barcelone. Comme nous l’a confirmé Sami Saïdi, coach de l’équipe réserve du club d’El Jaish (club champion du Qatar), “Valero Rivera a énormément de chance de pouvoir avoir autant de temps pour préparer son équipe, tout entraîneur dans le monde rêve d’avoir autant de temps de préparation avec son équipe. Ils vont pouvoir créer une vraie cohésion sur le terrain et en dehors, c’est très important. La fédération qatarie a fait le choix de stopper le championnat national pour donner toutes les chances à la sélection.”
Même si le handball qatari est axé uniquement sur le Mondial 2015, la fédération qatarie a misé néanmoins sur la formation avec l’ouverture prochainement de centres de formation comme le répète Saïdi “toute la stratégie de la fédération qatarie est désormais axée sur ça et même du côté des clubs. Il y a désormais des obligations administratives qui imposent aux clubs qataris de faire jouer un quota de jeunes dans les équipes. Le Mondial doit permettre l’émergence de la pratique du handball au Qatar et l’augmentation des licenciés. Je me rappelle du Championnat du Monde en 2005 organisé en Tunisie. Après la compétition, on a vu une nette augmentation des licenciés et pratiquants.”
Pour mettre en musique son équipe nationale, le Qatar a misé sur la naturalisation et l’apport de joueurs étrangers comme le français Bertrand Roiné, l’espagnol Borja Fernandez (ex Nantes) ou encore plus récemment le gardien bosniaque du FC Barcelone, Daniel Saric. Sami Saïdi est assez clair sur le sujet et évoque sans détours cet aspect du règlement international. “La fédération internationale permet ce genre de pratique alors pourquoi ne pas le faire ? J’ai déjà vu ces nouveaux joueurs à l’entraînement et ils se donnent déjà à fond pour motiver les joueurs et l’équipe. Le Qatar leur permet de participer à une compétition internationale alors qu’ils en étaient privés avec leur pays d’origine. Concernant Daniel Saric, par exemple, c’est un choix du sélectionneur. Le Qatar a la chance de l’avoir pour répondre aux besoins de l’équipe. Il ne faut pas se mentir, il y a aussi l’aspect financier qui est important dans ces décisions. Il n’y a pas que du côté des joueurs que le phénomène arrive, également du côté des entraîneurs européens qui veulent venir au Qatar pour entraîner. Pour moi le Qatar ne doit pas s’arrêter uniquement sur le Mondial. Il faut préparer les JO de Rio 2016.”
Merci à Laxmi Lota (RFI-Radio France) pour son aide à la réalisation de l’interview.