Il y a une semaine se disputait la Swiss Handball Cup à Lausanne. Un plateau relevé, une ambiance au rendez-vous, des stars en grande forme, tout était présent pour tous les passionnés de handball de la région. Retour avec le directeur du tournoi, Eric Bertin, sur ce weekend qui ouvre bien des perspectives pour la prochaine édition, prévue en 2016.
Eric, quel bilan tirez vous de cette Swiss Handball Cup?
Trois jours après la fin du tournoi, on est toujours sur une autre planète. Cela va sans doute sembler affreusement prétentieux, mais nous n’avons pas eu un seul commentaire négatif. Que ce soit sur les réseaux sociaux, par mail, de la part des équipes, nous n’avons eu que des félicitations. Bien sûr, tout n’a pas été parfait, nous avons quand même eu quelques tracasseries, au niveau de l’ouverture de la billetterie ou des flux de personnes pour entrer dans la salle par exemple, on avait annoncé 15h pour l’ouverture des portes et dès 14h30 tout le monde voulait déjà rentrer… cela nous a valu quelques sueurs froides. Mais par rapport à l’ampleur de l’organisation, ces soucis sont presque anecdotiques.
Est-ce que nous vous attendiez à ce que tout fonctionne aussi bien?
Nous avons essayé d’être le plus prévoyants possible, et personnellement, je ne supporte pas l’échec, alors nous avions tout mis en place pour qu’il y ait 0 défaut. Et au niveau du comité, nous sommes encore sur notre nuage, tant les soucis que nous avons rencontrés sont mineurs. Mais si cela s’est aussi bien passé, c’est aussi parce que nous nous sommes posés les bonnes questions en amont. Mais nous n’avons pas plus de mérite que tout autre organisateur. On aura mis le temps pour la préparer cette SHC… trois ans… il y en a qui doivent composer avec bien plus d’urgences…
Au vu du succès, n’est-ce pas frustrant que la prochaine édition n’ait lieu qu’en 2016?
Non je ne crois pas. Nous sommes tous sur les rotules il faut bien le dire, et s’il fallait repartir sur 2015, il faudrait se remettre au travail dès aujourd’hui. Si l’avant Swiss Handball Cup a été un travail phénoménal, l’après est tout aussi conséquent. Il faut encore voir combien nous avons dégagé comme de bénéfices financiers, penser à remercier tout le monde, pour moi la Swiss Handball Cup ne finira vraiment qu’à la fin de l’été. Ces deux ans vont aussi nous laisser le temps de refaire un peu de teasing, et de capitaliser sur le weekend dernier. Et laisser deux ans de blanc, cela nous permet de ne pas “lasser” le public ou banaliser la marque « Swiss Handball Cup » avec quelque chose de trop récurrent. Je ne veux pas que les gens se disent “tant pis si je n’y vais pas en 2015, j’irai en 2016”. Avec un événement tous les deux ans, dans notre région, on peut aussi espérer mieux concentrer le public sur chaque édition pour l’habituer à SHC.
Qu’est-ce que vous pensez pouvoir améliorer pour la prochaine édition?
Je vais encore sonner prétentieux ou démago, mais on a un problème de riche. A part quelques ennuis mineurs comme billetterie, ou une fanfare qui jouait tellement fort qu’on ne s’entendait plus parler, le concept de l’événement et les objectifs que nous nous étions fixés sont amplement atteints. C’est donc un nouveau défi pour nous à relever de trouver comment faire mieux en 2016. Mais si nous sommes parvenus à faire 2014, on devrait s’en sortir…L’édition de 2016 doit nous permettre de confirmer, sans pour autant prendre 2014 comme de l’acquis. On doit se remettre en cause, analyser tous les petits détails qui n’ont pas fonctionné et déjà dresser un cahier des charges optimisé pour la prochaine. Si vous demandez à moi, j’ai une liste longue comme le bras de Maqueda de ce qu’il faudrait améliorer. Pour ce qui est du format, on devrait garder le même format à quatre équipes, car un plateau plus important nous obligerait à jouer en semaine, avec un remplissage plus aléatoire.
On a vu une salle bien remplie tout au long du weekend. Une surprise pour vous?
Nous sommes satisfaits de l’affluence, mais perfectionniste que je suis, forcément j’aurais aimé ne pas avoir d’avoir vu des sièges vides. Nous avons une grosse marge de progression sur le public suisse-allemand. Malheureusement, la fédération n’a pas gelé le championnat et certains spectateurs ont pu se sentir tiraillés entre la Swiss Handball Cup et le championnat. Nous avons vu néanmoins un très beau spectacle. J’ai encore des idées pour impliquer encore plus le public, pour qu’il soit plus acteur de l’événement et non un simple spectateur. Le problème majeur que l’on va avoir pour 2016 se situe au niveau de la salle, et nous allons devoir discuter avec les autorités lausannoises. Le complexe des deux patinoires doit être rasé prochainement, ce qui pourrait nous forcer à nous déplacer. L’une des solutions serait le palais des congrès, qui permet de tout construire de zéro et parfois ca simplifie les choses. Mais je regretterais beaucoup que l’on perde notre belle salle de l’Odyssée… Quel magnifique chaudron nous avons réussi à créer là ! Même le directeur du complexe ne s’attendait pas à un aussi beau rendu !
Un petit mot sur le ressenti des équipes?
Nous n’avons eu que des retours positifs. Nous leur avons fait visiter le musée olympique le vendredi soir, et les Croates et les Espagnols ont clairement été impressionnés. Ils ont beaucoup apprécié notre proximité et notre réactivité. J’ai pu discuter avec certain d’entre eux, et Manolo Cadenas par exemple m’a dit beaucoup de bien de notre accueil. Ils ont vraiment joué le jeu, ils ont été abordables tout le weekend, ont signé des autographes pour les enfants. On a même assisté à des moments un peu fous, comme le samedi matin, où les joueurs des équipes étaient là pour découvrir la salle, et où Tobias Karlsson a fini sur une chaise roulante durant la démo de hand-fauteuil à jouer avec des enfants qui, si ça se trouve, ne savait même pas qui il était ! On a essayé de faire les choses bien, on a offert à chacun un set à fondue avec le logo de la compétition et l’inscription « merci » dans les langues des 4 pays, et ce genre de cpetites attentions leur ont bien plu je crois.
Dernière question : l’équipe de France a reconduit sa participation à la Golden League en 2016, donc elle ne pourra pas être là lors de la prochaine édition. Votre avis?
Vu de l’extérieur, j’ai l’impression que l’on essaie avec cette Golden League de tirer profit de simples rencontres amicales à travers les droits TV. Je ne sais pas si cela sert notre sport sur le long terme. Forcément en amical, les joueurs n’ont pas le même engagement sur le terrain que sur un mondial ou un euro. Le spectateur ou le téléspectateur d’une chaîne à péage est donc en droit de contester le prix à payer pour accéder à ces matchs. Malheureusement, le handball n’a pas encore l’aura du football, alors restons modestes. J’espère juste qu’ils ne sont pas en train de brûler les étapes. Mais nous sommes tous des passionnés de handball. Dès qu’il nous est possible d’en voir, c’est toujours du bonheur. Et s’ils le font c’est qu’il y a un marché, une demande, et ce n’est pas moi avec une première toute petite Swiss Handball Cup à mon actif qui vais juger de la pertinence du choix. Mais ce n’est en tout cas pas la philosophie selon laquelle j’ai créé Swiss Handball Cup et encore moins ma conception du handball. Je préfère me dire que j’ai des équipes qui viennent pour la qualité du plateau, pour l’accueil, pour tout ce que les spectateurs ont à leur offrir avant d’imaginer que des manœuvres mercantiles guident nos choix. Peut-être suis-je un doux rêveur, mais je reste convaincu que c’est possible. Nos 3 invités nous ont déjà demandé à revenir (toujours sans cachet) et je me suis même laissé dire que l’Allemagne avait été toute déçue de ne pas être de la partie. Alors l’absence des Français dans deux ans… mon cœur de handballeur sera forcément triste, mais cela ne nous empêchera pas de faire Swiss Handball Cup 2016.