LFH - Metz
J.Roussel : "Une marge de progression"
Avec un déplacement délicat chez la lanterne rouge de l'Union Bordeaux Bègles Mios-Biganos ce samedi (20h45), Metz entamera la phase retour du championnat de France. L'occasion de faire le point sur la première partie de saison des Dragonnes avec Jérémy Roussel, le technicien lorrain.
Handnews : Avec cinq victoires de suite en championnat, Metz a-t-il trouvé son rythme de croisière?
Jérémy Roussel : On avance, c'est sûr. Je crois que nous sommes meilleurs aujourd'hui qu'on ne l'était en début de championnat. Mais c'est aussi logique. Mon équipe a beaucoup changé cet été, donc il a fallu du temps pour que chaque joueuse trouve sa place, connaisse bien son rôle et puisse s'investir pleinement dans le projet du club. Cependant, tout est remis en cause chaque week-end. Mais nous sommes sur une bonne dynamique, c’est vrai.
HN : Après le match nul à Toulon (26-26), vous avez enchaîné deux larges victoires contre Issy-Paris (32-26) et à Nîmes (31-23). Peut-on parler de déclic ?
J.R : Oui je crois. Nous avons vraiment eu le sentiment d'avoir brûlé une cartouche en laissant filer la victoire à Toulon. Lors de la semaine d'entraînement qui a suivi, j'ai senti que les filles redoublaient d'engagement et avaient vraiment à cœur de faire mieux. Après, on s'impose face à IPH et nous avons commencer à surfer sur cette vague de victoires. Mais il faut toujours rester très vigilent car nous sommes encore inconstants. On a failli le payer cher contre Nantes par exemple (34-33). Mais derrière, les filles ont très bien réagi à Besançon (35-27). C'est vrai qu'aujourd'hui, il nous faut gagner en constance et ne pas toujours être dans la réaction : match moyen puis grosse performance.
HN : Cependant, aujourd'hui, les matchs où Metz n'est pas forcément très bon, il les remporte...
J.R : Tout à fait et c'est très positif ! Je crois que c'est toujours un bon signe de pouvoir "bien mal jouer". Ne pas être forcément bon et l'emporter c'est une qualité. Dans ce championnat, les planètes ne sont pas forcément très bien alignées et il peut se passer quelque chose lors de chaque rencontre. Gagner même lorsque le bateau tangue, c'est très bien.
HN : De plus, Metz n'a pas été épargné par les blessures en ce début de saison. La marge de progression de l'équipe est donc importante ?
J.R : Nous n'avons jamais évolué avec un groupe au complet depuis le début de saison. Il y a une vraie marge de progression, c'est sûr, et je n'oublie pas que j'ai une équipe jeune : Grace Zaadi, Xenia Smits ou Ana Gros qui ont des rôles majeurs dans l'équipe n'ont qu'entre 21 et 24 ans ; Tamara Horacek ou Laura Flippes, sur qui on compte beaucoup également, ont à peine 20 ans. La marge de progression de chacune est bel et bien là.
HN : Après neuf journées, êtes-vous satisfait du rendement de vos recrues ?
J.R : Très satisfait ! De part leurs performances sportives, bien sûr, mais aussi vis-à-vis de leur comportement en dehors du terrain. Ce sont toutes des filles très agréables à vivre et ça n'est pas que le cas des recrues, c'est le groupe dans son ensemble avec qui je prends du plaisir aujourd'hui.
HN : Paule Baudouin a quitté le club en début de semaine. C'est un sujet qui est revenu régulièrement sur la table à Metz depuis votre arrivée. Est-ce que son départ est un soulagement ?
J.R : Un soulagement, non. Je n'ai pas grand chose à dire à ce sujet. C'est le sport professionnel. Je lui souhaite de réussir en Allemagne.
HN : Samedi, vous vous déplacerez à l'UBB-MB. Est-ce le match piège par excellence ?
J.R : Complètement ! J'avais déjà connu ce genre de situation lorsque j'entraînais Aurillac (nldr : en 2010, le club a été placé en liquidation judiciaire après avoir passé deux saisons dans l’Élite). Dans ces moments là, le côté reptilien du cerveau prend le dessus et on est capable de se trouver des ressources insoupçonnées. Il ne faudra vraiment pas compter sur moi pour prendre cette équipe à la légère. L'UBB-MB, en plus de ses qualités, va jouer avec son instinct de survie. Et puis, elle vient de passer douze buts à Nice... Ce déplacement s'annonce vraiment compliqué.
HN : Justement, même si cela concerne le domaine extra-sportif, quel regard portez-vous sur la crise que connaît l'UBB-MB actuellement ?
J.R : Je crois que ce que vit l'Union montre que le handball féminin reste une discipline très fragile et un peu confidentielle. Les collectivités s'engagent de moins en moins et il faut chercher de nouvelles pistes pour trouver des ressources autres. Il faudrait arriver à ce que le handball féminin se développe encore davantage pour créer et garder des liens économiques solides.
HN : Juste avant la trêve internationale, Metz jouera sa double confrontation contre Viborg en Coupe des Coupes mais accueillera également Fleury. Cette semaine et demie s'annonce décisive pour la suite de la saison ?
J.R : Décisive, je ne pense pas. Le championnat est très long, très homogène, donc la réception de Fleury ne sera probablement pas décisive pour la suite de la saison. En revanche, cette semaine et demie s'annonce extrêmement enthousiasmante. On attend ce moment là depuis le début de saison. Cependant, on a en tête qu'en cas de victoire à Bordeaux, il sera possible de dépasser Fleury si nous les battons chez nous par la suite. Mais chaque chose en son temps. Il faudra déjà l'emporter ce week-end et ça ne sera pas facile.
HN : Cela fait bientôt deux ans que vous avez quitté les bancs de LNH. Gardez-vous toujours un œil sur ce qu'il s'y passe ? Quelle est votre analyse de ce début de saison ?
J.R : Toutes les semaines, je suis branché sur beIn Sports ! Je suis, bien sûr, attentivement ce qu'il s'y passe, d'autant plus que j'ai gardé beaucoup de contacts dans le handball masculin. Dans le jeu que je propose à mon équipe, je m'inspire davantage du jeu masculin que féminin également. Je crois qu'on peut dire que, chaque année, le niveau de la LNH augmente. Le Montpellier – PSG d'hier était extraordinaire par exemple ! Le niveau de jeu, l'intensité, le scénario... Même si le PSG semble toujours au dessus sur la longueur, le championnat français est de plus en plus attrayant et les écarts entre les clubs se resserrent. Nantes ou Dunkerque qui sont des habitués du haut de tableau sont en difficulté... alors que Cesson, par exemple, réalise un excellent début de saison.
HN : Entraîner une équipe de handball masculin vous manque-t-il ?
J.R : Aujourd'hui, je m'épanouis dans l'accompagnement de mon groupe actuel. C'est un groupe très réceptif, jeune, avec une marge de progression importante et qui a, à mon sens, besoin de stabilité et de patience pour continuer à grandir. Maintenant, mon métier étant ce qu'il est, je reste évidemment connecté et en alerte vis-à-vis du monde du hand masculin.
Propos recueillis par Clément Domas