Perdu de vue
A la rencontre du Barjot Philippe Debureau
Crédit photo: La Voix du Nord
Passé par Dunkerque et Nîmes, Philippe Debureau a marqué de son empreinte ces deux places fortes du handball français. Arrière droit armé d'un bras gauche foudroyant, l'originaire de Hinges faisait partie de l'équipe de France ayant ramené la première médaille Olympique aux Jeux de Barcelone en 1992. HandNews vous propose de découvrir ou de redécouvrir l'un des précurseurs des Experts et désormais le plus sudiste des nordistes. Pour les plus jeunes, Philippe Debureau était un arrière droit puissant avec un bras de feu. Il s'est notamment illustré dans sa carrière lors du tournoi pré-olympique de 1992 à Castelnau le Lez face à la Russie. Lors de ce match, il avait marqué un but de la tête sur un kung-fu face à la grande équipe d'URSS (Russie) qui remporta quelques semaines après le titre à Barcelone.
Handnews: Bonjour Philippe, peux tu te présenter pour les plus jeunes lecteurs de Handnews ? Philippe Debureau: Je suis né à Hinges, un petit village du Pas de Calais en 1960. J'ai pratiqué de nombreuses activités sportives dans ma jeunesse comme le basket, le volley, le judo où j'ai même obtenu mes katas de ceinture noire. Et puis j'ai pris ma première licence de handball à 17 ans et demi, sans jamais arrêter.
HN: Quelle est ton activité aujourd'hui ? P.D: Je suis Directeur des Sports à la Communauté d'Agglomération de Nîmes Métropole. Je continue à faire beaucoup de sports notamment du handball et du volley.
HN: Quel a été ton parcours en club ? P.D: J'ai débuté dans un petit club de la région lilloise du nom d'Haubourdin puis je suis parti chez les Carabiniers de Billy Montigny dans la banlieue de Lens où je suis resté pendant un an et demi. Alors que j'avais 21 ans, Dunkerque, qui était en deuxième division, m'a contacté car l'objectif premier du club était la montée. Nous somme montés en 1ère division dès la deuxième année puis je suis parti à Toulouse à la fin de ma troisième année où j'ai eu le plaisir de jouer avec l'entraîneur actuel de l'équipe de France, Claude Onesta. L'objectif était également la montée mais malheureusement nous avons échoué pendant deux ans puis Dunkerque m'a recontacté en 1986 car un nouveau projet était en cours. Je suis resté dans le Nord jusqu'en 1993 car le club avait des problèmes financiers et devait se séparer de plusieurs joueurs. Je suis donc reparti en deuxième division à Nice où nous avons remporté le championnat avec 12 points d'avance mais malheureusement la Mairie ne nous a pas donné de moyens pour accéder à la première division. Le club de Nîmes m' a alors contacté avec un projet de remontée puis après deux belles années j'ai décidé de prendre ma retraite sportive.
HN: Pourquoi es-tu retourné une seconde fois à Dunkerque ? P.D: Ce nouveau projet consistait à monter une grosse équipe afin de se rapprocher du haut du classement pour tenter de jouer la Coupe d'Europe et pourquoi pas remporter la Coupe de France.
HN: En 1991, tu disputes avec Dunkerque la finale de la coupe de France contre Vénissieux. Quel souvenir en gardes tu ? P.D: J'en garde un bon souvenir malgré la défaite en finale. Notre équipe était composée en majeure partie de joueurs du Nord Pas de Calais et nous avons perdu contre une très belle équipe de Vénissieux qui comptait dans ses rangs Denis Lathoud et Laurent Munier notamment. Je n'ai malheureusement pas pu disputer cette finale car j'étais blessé aux ligaments croisés du genou.
Nous possédions une équipe avec des joueurs exceptionnels
HN: Quand as tu été sélectionné pour la première fois en équipe de France? P.D: J'ai été sélectionné pour la première fois en 1984 par Jean Nita et ensuite en 1985 par Daniel Costantini. J'y suis resté jusqu'en 1992 après 186 sélections et environ 500 buts au compteur.
HN: Tu as fait partie de l'épopée de Barcelone en 1992. Peux tu nous parler de ces JO ? P.D: C'est un souvenir fantastique et inoubliable. Lorsque tu es sportif de haut niveau, avoir la possibilité de disputer des Jeux Olympiques représente le summum. Tu peux croiser les meilleurs athlètes de la planète pendant quinze jours et partir avec une médaille olympique, c'est l'apothéose .
HN: Qu' a t il manqué à l'équipe pour se hisser jusqu'en finale ? P.D: Avec le recul, je pense que par manque d'expérience à ce niveau, nous n'avions pas conscience de notre potentiel et n'avons pas assez cru assez en nos possibilités. Nous possédions une équipe avec des joueurs exceptionnels.
HN: Depuis 2006 notre équipe nationale est quasiment imbattable, que t'inspire ce parcours ? P.D: C'est incroyable et phénoménal. J'en suis très fier et très content. Je pense que le fait de ramener une médaille de bronze en 1992 a permis d'ouvrir une brèche et cela a permis au handball français de prendre conscience de son talent.
HN: Lorsqu'un monument comme Didier Dinart prend sa retraite sportive, un autre joueur en l'occurrence Luka Karabatic arrive et s'impose comme le nouveau patron de la défense. Comment peut on expliquer cette passation qui s'est déroulée sans difficulté ? P.D: Je pense que de Daniel Costantini à Claude Onesta, il y a eu une intelligence de travail et une vision à long terme. Ils ont réussi à anticiper le départ de certains joueurs et à incorporer petit à petit de jeunes joueurs qui ont été appelés à prendre la relève des anciens.
Je prends le pari que la France sera championne olympique en 2016
HN: Depuis 1992, notre équipe nationale possède des joueurs exceptionnels (Jackson Richardson, Nikola Karabatic, Thierry Omeyer, Luc Abalo, etc ). Qui est le meilleur de tous selon toi ? P.D: C'est une question difficile car l'Equipe de France ne possède que des joueurs exceptionnels depuis plus de 25 ans. Je citerai quand même Nikola Karabatic qui est une véritable machine de guerre sur le terrain, Jackson Richardson par son incroyable talent et Thierry Omeyer qui malgré ses 38 ans reste le meilleur gardien de but au monde.
HN: Cette année 2015 sera inoubliable dans l'histoire du handball français avec cette cinquième victoire, comment l'as tu vécu ? P.D: Ce fut un plaisir et une joie immense. A chaque victoire c'est un bonheur indescriptible et je prends le pari aujourd'hui que la France sera championne olympique en 2016 à Rio et championne du monde en 2017 en France.
Interview réalisée par Christophe Corion