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Leipzig, un promu parti pour durer (2/2)
Encore en quatrième division il y a six ans, le SC DHfK Leipzig étonne en ayant presque déjà son maintien en poche pour son retour au plus haut niveau. Et le club a de très bonnes perspectives de croissance. Deuxième partie de notre portrait du club qui monte en Allemagne.
Christian Prokop, un entraîneur ambitieux pour le club
Prokop est arrivé au club après la pige de Biegler en 2013. L'ancien demi-centre, qui a arrêté sa carrière professionnelle en 2003 suite à une blessure, est un jeune coach de 35 ans quand il arrive à Leipzig, mais avec déjà dix ans d'expérience. Avec lui, le club poursuit une progression croissante : 5e en 2014 et champion de 2. Bundesliga en 2015, maintenu sans problème en Bundesliga en 2016. « Le bilan est bien sûr très bon, se satisfait l'entraîneur du SC DHfK. Mais les raisons pour l'expliquer sont multiples, car ce club est incroyablement ambitieux. J'ai connu d'autres clubs avant d'arriver à Leipzig, et ce qui est nouveau pour moi ici, c'est que ce club soit si ambitieux, mais tout en restant très familial. » Le club et le coach se sont plutôt bien trouvés, et cette alchimie est la clé des bonnes performances sportives. Les principes de jeu du coach sont par ailleurs assez simples, mais aussi très exigeants : une défense dure et mobile, « très agressive » dixit Prokop, avec des joueurs qui doivent être bons techniquement pour le jeu d'attaque basé sur la largeur du terrain. Tout ce qui a été vu lors de la première période contre Stuttgart, en somme. « Mais un ou deux shooteurs feraient aussi du bien à notre équipe, » estime-t-il. Lars Kaufmann avait été, l'été dernier, proche de revenir dans ce club qu'il a connu étant jeune, mais l'affaire ne s'était pas conclue.
Une première année réussie en Bundesliga
L'ambition partagée par tout le club, l'appui sur un environnement favorable, complété par l'appui sur une grande salle (« Sans l'Arena, l'objectif Bundesliga n'aurait pas été aussi présentable, elle est une pièce très importante du puzzle », avoue Günther) laissaient présager un avenir intéressant pour le SC DHfK. Mais n'annonçaient pas pour autant un maintien accroché si vite. « C'est une bonne surprise que tout marche aussi bien, » reconnaît Karsten Günther. Cela a notamment été permis par un très bon début de saison des joueurs de Leipzig, qui ont battu Hambourg lors de la première journée, et ont en général tenu leur rang face à leurs adversaires directs. « Nous sommes assurément pris plus au sérieux, et plus attendus par les autres équipes, selon Christian Prokop. On a aussi réussi quelques surprises, une victoire à Magdebourg, une victoire à Hanovre... Ce sont des choses qui n'appartiennent pas à la normalité pour un promu. »
Un effectif construit intelligemment
« C'est une équipe qui a bien réussi sa transition entre la deuxième et la première division, souligne François-Xavier Houlet. Ils ont tout fait pour être prêts et ont eu le temps de se préparer. Pour moi, leur saison n'est qu'une demi-surprise car ils me semblaient être le promu le plus destiné à se maintenir. » Le club avait recruté sobrement, mais efficacement à l'intersaison, une stratégie payante. « Clairement, ils n'ont pas pris les joueurs les plus bling-bling, mais ils ont renforcé leur équipe avec des joueurs qui connaissaient la Bundesliga, à l'image de Milos Putera (gardien) ou d'Aivis Jurdzs (arrière gauche), ajoute Houlet. De même, cet hiver, ils ont mis la main sur Benjamin Herth (demi-centre) et Jens Vortmann (gardien, photo), deux joueurs pas forcément très connus mais qui vont les renforcer sur des postes clés. » Il faut dire que Christian Prokop fait de la personnalité et le comportement du joueur comme critère de recrutement principal. « Nous n'avons pas de stars dans l'équipe. C'est pourquoi les nouveaux doivent convenir humainement, » explique-t-il. Mais Prokop cherche aussi des joueurs suffisamment jeunes, « des joueurs combatifs, ambitieux, qui veulent progresser, » déclare-t-il.
Le maintien vite assuré cette année a permis d'avancer pour la saison prochaine. Les départs de Philipp Pöter et Philipp Weber à Wetzlar cet été, deux demi-centres appréciés du public et artisans de la montée, ont par ailleurs déjà été remplacés par Tobias Rivesjö (Erlangen) et Niclas Pieczkowski (Lübbecke). Ce dernier, champion d'Europe en janvier avec la Nationalmannschaft, est très apprécié par Prokop qui l'a eu sous ses ordres à Essen. « Non seulement, il va apporter un plus sur le terrain, mais le club va pouvoir communiquer sur son image, » estime Houlet.
Vers un futur européen ?
Leipzig semble en tout cas parti pour s'installer durablement dans le paysage handballistique allemand. Le club prévoit un budget en constante augmentation pour les prochaines années (actuellement à 3,2M€, il devrait passer à moyen-terme à 5M€), et si le succès auprès du public s'accentue, l'Arena actuellement configurée pour accueillir maximum 4.300 spectateurs pourrait passer en configuration maximale à 6.000 places. « Nous espérons faire de nos matchs des événements, si possible dans une Arena à guichets fermés, répond Karsten Günther quand on lui demande comment il voit son club dans cinq ans. Nous voulons une équipe qui rende fiers Leipzig et les Leipzigois. » Il ajoute, dans un sourire : « Notre rêve serait, d'ici cinq ans, de pouvoir jouer en France. » Le rendez-vous est pris.
A Leipzig, Mickaël Georgeault (avec K. Domas)