CDF - 1/2
Cesson n'a pas pu espérer contre Paris
A domicile pour la première demi-finale de Coupe de France de son histoire, Cesson s'est vite retrouvé dépassé par le Paris Saint-Germain (24-35). Les Parisiens défendront leur titre en finale contre Montpellier le 21 mai prochain.
Yérime Sylla déclarait avant le match qu'il souhaitait que ses joueurs se transforment « en caméléon » pour jouer comme Paris, et insistait sur le fait qu'il fallait beaucoup marquer pour espérer battre le futur champion de France. La mue n'aura finalement pas pris, malgré le retour de Nemanja Mladenovic dans l'effectif cessonnais. En face, le PSG, qui a enregistré le retour de Nikola Karabatic pour ce match, était simplement trop fort.
Une défense parisienne intraitable
D'entrée de jeu, les partenaires de Mathieu Lanfranchi se cassent les dents sur une défense très agressive et efficace autour de l'axe Igor Vori – Henrick Mollgaard. Aux attaques manquées par les Cessonnais succèdent des contres éclairs des Parisiens. Yérime Sylla pose son temps-mort dès la huitième minute après que Luc Abalo ait marqué son troisième but de la partie (1-4). Les Parisiens poursuivent sur leur lancée, et Sergeï Onufriyenko est précieux sur les attaques placées. Son troisième but du match donne six longueurs d'avance au PSG après un quart d'heure de jeu (3-9, 15'). Noka Serdarusic pose ensuite son temps-mort (4-10, 18'), et décide de faire rentrer cinq joueurs en jeu. Exit Vori, Abalo, Honrubia, Hansen et Narcisse, pour les entrées des frères Karabatic, M'Tima, Kounkoud et Accambray. Pari gagnant pour le coach serbe, puisque les nouveaux entrées maintiennent le niveau sur le terrain. L'écart passe vite à dix buts d'avance (7-17, 28'), un avantage conservé à la pause (8-18).
Omeyer, muraille infranchissable
Parmi les principaux obstacles à la remontée au score des locaux, on a bien sûr un Thierry Omeyer tout simplement écœurant de réussite. L'international français réalise 15 arrêts en première période, sur les vingt de son match (sur 37 tirs en 48 minutes). Bien aidé par sa défense, Omeyer arrête plusieurs tirs faciles, parfois en bout de possession. Il est surtout décisif à deux reprises pour empêcher Cesson de revenir à -2, face à Guillo (10') puis devant Doré (11', 2-5). Il repousse aussi un sept mètres de Mathieu Lanfranchi (20', 4-10). Un match plein pour « Titi », dans la lignée de sa bonne partie contre Saint-Raphaël.
Cesson n'a pas été à la hauteur
Paris joue à un très haut niveau, ce qui est déjà difficile pour n'importe quelle équipe. Mais Cesson n'a pas non plus livré sa meilleure prestation. La faute à une entame de partie un peu trop empruntée, avec des difficultés pour mettre de la vitesse dans le jeu de transition. Les Parisiens, bien regroupés dans les neuf mètres, ont pu ensuite vite se projeter au but après avoir récupéré le ballon. Et sur des attaques placées, des fenêtres de tirs pour les Parisiens se sont trop vite ouvertes, comme pour Onufriyenko ou Accambray. Cesson a trop manqué de ressources en première mi-temps pour rivaliser avec un PSG en mode ogre, et le Palais des sports bien garni a très vite cessé de croire à une éventuelle qualification de ses favoris.
Les hommes de Sylla se sont néanmoins repris offensivement en deuxième période. La pression parisienne baisse légèrement, et les Cessonnais enchaînent enfin les buts. Ils mettent seize minutes pour marquer autant de buts qu'en première période, mais l'écart ne faiblit pas pour autant (16-26, 46'). Car Paris sait gérer son avantage, et malgré les arrêts de Mickaël Robin – qui a pris le relais de Kevin Bonnefoi à la mi-temps – continue de marquer. L'écart le plus bas de la deuxième période est de huit buts (24-32, 56'), avant que Paris ne finisse la partie par un 3-0 (24-35 score final). Le PSG n'a pas tremblé et accroche logiquement sa place pour la finale à Bercy. Les hommes de Noka Serdarusic y retrouveront Montpellier, qui les avait battus en finale de la Coupe de la Ligue, et auront l'occasion de prendre leur revanche.
La fiche technique :
Cesson : Gardiens : Bonnefoi (7 arrêts en 30', 28%), Robin (7 arrêts en 30', 29,17%). Joueurs de champ : Derbier (2 buts), Suty (3, dont 1/1 pen.), Mladenovic (3), Sall, Hochet (cap), Briffe (3), Le Boulaire, Lanfranchi (5, dont 1/2 pen.), Batinovic, Doré (4), Guillo (1), Davyes (1).
Exclusions temporaires : 2 (Mladenovic 20', Doré 59').
Paris-SG : Gardiens : Omeyer (20 arrêts en 48', 54%), Annonay (3 arrêts en 12', 30%). Joueurs de champ : Mollgaard (1), Accambray (4), Vori (2), Kounkoud (5, dont 2/2 pen.), Abalo (6, dont 0/1 pen.), L. Karabatic (1), Hansen (5, dont 2/2 pen.), Narcisse (cap, 1), Onufriyenko (3), Honrubia (1), N. Karabatic (5), M'Tima (1).
Exclusions temporaires : 5 (Mollgaard 25' et 33', Narcisse 40', N. Karabatic 42', Kounkoud 53').
Arbitres : MM. Bounouara et Tobie. 1.400 spectateurs.
Les réactions :
Yérime Sylla (entraîneur, Cesson) : On a raté notre début de match mais il faut également considérer que Paris a démarré très fort. Il fallait être prêt dès le départ mais je crois qu’ils ne nous ont pas vraiment aidé à l’être en se montrant très agressifs d’entrée. Nous, on a été en échec sur « Titi » (Thierry Omeyer) et on ne peut pas être timoré sur un gardien comme lui. Du coup après, la différence s’est faite là. Par la suite, pour nous, c’est également une difficulté physique. Les Parisiens ont été mis en alerte par rapport à leur match de Saint-Raphaël (+ 10 avant que les Varois ne viennent échouer à – 3). Ils ne voulaient pas connaître de temps faibles et cela a été le cas. Ils ont maintenu un niveau constant de pression.
Romain Briffe (Cesson) : On sait qu'avec Paris, on n'a pas le choix : si on ne marque pas nos buts sur nos attaques, si on bute sur Omeyer, ça va très vite en montée de balle et on ne peut pas rivaliser. C'est ce qui a manqué en première mi-temps, en attaque on a été incapables de les mettre en danger, ce qui fait qu'on a pris que des montées de balle, et l'écart se fait très vite avec eux parce qu'ils sont très performants sur ce secteur de jeu. En deuxième mi-temps, on a montré d'autres valeurs, on a été mieux en attaque ce qui nous a permis de réduire le score, de revenir un petit peu. Mais il n'y a pas grand-chose à garder, ils ont été au-dessus, surtout en première mi-temps. La différence s'est faite sur l'attaque et la réussite au shoot. On les connaît, ils savent gérer un avantage. Si on ne démarre pas sur les chapeaux de roues, on ne peut pas exister face à eux.
Romaric Guillo (Cesson) : Ils ont bien joué, il ne faut pas rêver. On a vu, pas le PSG des grands soirs, on ne va pas aller jusque-là, mais pas loin. On était un peu en-dedans, et ils ont imposé leur rythme d'entrée de match. On n'était pas au niveau pour se rebeller, et ça va très vite dans ces cas-là. Mais on s'est quand même bagarrés tout le match, on n'a pas lâché, on a essayé de faire ce qu'on pouvait, et c'est bien pour la suite. Je pense qu'on aurait pu monter un peu plus le niveau mais ça va très vite dans ces cas-là, on a pris le PSG de plein fouet. (Sur la défense du PSG) C'est très dense, c'est très grand, ils jouent la Ligue des champions, ils savent comment nous jouer et ils ont un peu plus d'expérience que nous. Même si on est dans la même cour, on voit qu'ils sont un cran au-dessus. Ce soir, c'était trop compliqué pour les avoir.
Serdarusic : "On a perdu deux fois contre Montpellier, ce n'est pas bon signe !"
Noka Serdarusic (entraîneur, Paris) : Je suis satisfait, car nous avons été très bons en défense, ce qui a permis de garder notre avantage. J'ai été particulièrement satisfait du fait que quand j'ai changé quasiment toute l'équipe (à la 18'), les joueurs entrés ont maintenu le niveau de jeu. C'est connu que nous essayons de vite jouer vers l'avant, parce que ça rend le handball agréable à regarder que quand on joue lentement, et quand on joue vite, on marque plus de buts. C'est plus facile bien sûr quand la balle est récupérée par la défense ou le gardien, plutôt que dans les filets. En deuxième mi-temps nous étions moins bien concentrés, quand on mène de dix buts on ne veut pas forcément encore tout donner. (Pour la finale contre Montpellier) On a joué deux fois contre Montpellier, on a perdu deux fois. Ça veut dire que ce n'est pas bon signe pour nous ! Les deux matchs étaient à Montpellier, là ce sera à Paris... On verra bien. Dans tous les cas, ce sera un bon match.
Luc Abalo (Paris) : Dans un déplacement comme celui-ci, il faut toujours chercher à imposer son rythme. Dès qu'on récupérait une balle, on accélérait. C'est une prise de risques, ça peut des fois les mettre dedans si on ne met pas les buts au fond dès le début, mais c'est ce qu'on a fait et derrière ça nous a rendu le match plus facile, parce qu'ils n'y croyaient plus. C'est important de marquer psychologiquement l'adversaire. C'est une belle victoire d'équipe. On défendait bien, ça poussait les tireurs à tirer dans des positions pas faciles et le gardien faisait les arrêts derrière, donc ça a été vraiment bien, dans l'ensemble on est très satisfait du match.
Thierry Omeyer (Paris) : On a fait l'écart un peu plus tôt que ce qu'on a pu faire à Saint-Raphaël. C'était important, dès l'entame de match, de montrer qu'on était concerné, qu'on avait vraiment envie d'aller chercher cette finale, et ça se résume à notre activité défensive. On a mis l'agressivité nécessaire, sans aller les chercher trop loin. Dès qu'ils entraient dans les 9m, on était vraiment solides. On bougeait bien, et ça nous a permis de marquer des buts en montée de balle. Atteindre dix buts d'avance à la mi-temps, c'est vraiment un très bel avantage qu'on a su maîtriser assez bien en deuxième mi-temps. (A propos de sa performance) Avec notre défense au début, ça permet de se mettre en confiance, de mettre le doute dans les têtes adverses, et après j'essaie de faire le maximum sur chaque ballon. Sur certains ballons, je suis là pour terminer le travail de ma défense, et sur les situations de un contre un il faut essayer de mettre le doute dans la tête de l'adversaire et ça s'est bien passé.
Nikola Karabatic (Paris) : Ça fait maintenant dix jours que j'ai repris les entraînements, la course intensive, l'entraînement avec l'équipe, donc je ne vois pas pourquoi je n'aurais pas pu jouer ce soir. Je me sentais très bien, et j'étais très content de pouvoir aider l'équipe sur le terrain et de reprendre des sensations avant d'aborder le sprint final. Quand je suis entré, l'équipe menait de six buts, on a fait un très bon début de match en étant très solides en défense, Titi a fait une très bonne partie. On voulait bien aborder le match parce qu'on sait qu'ici à Cesson, ce n'est jamais facile. C'est une très bonne équipe avec de bons joueurs, et une équipe très agressive à domicile qui pose des problèmes à beaucoup d'équipes, comme pour Chambéry. Ce n'est pas facile de gagner ici, mais on a fait un très bon match donc on est très heureux. Cette finale, c'est très important pour nous, c'est un titre national donc on voulait à tout prix arriver en finale. On va pouvoir avoir notre revanche de la Coupe de la Ligue contre Montpellier. C'est encore plus important pour nous vu qu'on a perdu la finale de Coupe de la Ligue contre eux. Les deux matchs contre eux étaient à Montpellier, on était les favoris et ils n'avaient rien à perdre, tout leur avait réussi, je me suis blessé sur le match, on avait moins de réussite, et nous, on devra mieux jouer en finale que les dernières fois contre eux.
A Cesson, Mickaël Georgeault