EdF (M)
Un premier tour piégeux pour les Bleus ?
Pologne, Serbie, Macédoine, sur le papier le tirage du premier tour de l'Euro est largement abordable pour l'équipe de France. Oui, mais il conviendra de ne pas prendre ces équipes à la légère pour continuer l'aventure.
Nul doute que quand le tirage au sort a désigné la Pologne, la Serbie et la Macédoine, le staff et les joueurs de l'équipe de France ont poussé un petit ouf de soulagement. Plutôt que l'Allemagne, la Slovénie ou une Hongrie invaincues pendant les éliminatoires, ces trois-là n'ont pas l'air d'ogres capables d'empêcher les Bleus d'avancer vers le second tour. Oui mais, il conviendra d'être très vigilants, surtout quand on se souvient des éditions précédentes. En 2010, accrochés par la Hongrie (29-29) et la République Tchèque (21-20), les coéquipiers de Didier Dinart avaient eu du mal à se mettre en route tout comme d'ailleurs en 2012 avec des défaites face à l'Espagne (26-29) et la Hongrie (23-26). Il n'y a guère qu'au Danemark en 2014 que la bande à Claude Onesta était sortie indemne du premier tour, face, déjà, à la Pologne et la Serbie. "Les équipes qui ne sont pas favorites donnent tout dans les premiers jours, et d'ailleurs c'est sur les premières journées qu'on voit des exploits ou des résultats imprévus", prévenait le sélectionneur lundi. "Au début, la marge entre les équipes est réduite mais elle va s'aggraver de jour en jour. C'est la qualité des rotations qui va faire la différence".
L'inconnue des jeunes
Le souci, c'est que cette année, Claude Onesta et Didier Dinart n'ont aucune certitude sur la capacité de leurs joueurs de rotation à évoluer au plus haut niveau. Nédim Rémili, Théo Derot et Benoît Kounkoud, pour ne citer qu'eux, ont montré de belles choses en matchs de préparation mais les répéter sur des matchs à enjeu dans un contexte international sera forcément une autre affaire. "On a montré dimanche qu'on peut battre et dominer n'importe qui, mais on ne maitrise pas notre capacité à le faire de manière répétée. Penser que les jeunes vont continuer à être étonnants, pourquoi pas, mais je suis ici depuis trop longtemps pour ne pas savoir qu'ils vont un jour se casser la gueule", rappelait le sélectionneur en conférence de presse. Mais le but sera quand même de les utiliser sur ce premier tour, pour "préserver les cadres".
Pas la même situation qu'il y a quatre ans
Et finalement, cette cascade de blessures pourrait être un mal pour un bien. La dernière fois qu'un Euro avait eu lieu une année olympique, en 2012 en Serbie, la France en avait fini onzième. "En Serbie, on avait tout l'effectif, on n'a jamais été mieux doté depuis, et cette sensation de force nous a finalement déstabilisés", concède Onesta. "Cette année, l'insécurité due aux blessés nous amène à monter le degré de vigilance". Mais est-ce vraiment plus compliqué d'aborder cette compétition en étant déjà sûr d'être à Rio au mois d'août ? "Il est compliqué d'avoir des objectifs multiples, inconsciemment on les priorise. En Serbie, le fait de ne pas nous engager pleinement fait qu'on a passé plus de temps à réfléchir qu'à agir. Celui qui est déjà qualifié pour la suite est en porte à faux, avec le désir de ne pas faire l'impasse", analyse le sélectionneur.
Pas le temps de monter en régime
Quoi qu'il en soit, le début de compétition, demain face à la Macédoine, ne sera pas à prendre à la légère. "On n'aura pas le temps de monter en puissance, toutes les équipes voudront jouer quelque chose" selon Cédric Sorhaindo qui affrontera par la même occasion son coéquipier en club Kiril Lazarov. "Tout le monde voudra décrocher un tournoi de qualification olympique, toutes les équipes ont progressé, même si certaines comptent beaucoup de blessés". L'ex-république yougoslave comptera sur son artilleur gaucher, le premier à passer la barre des 1000 buts inscrits en Champions League, pour enquiquiner les Bleus. "La Macédoine a un effectif de qualité et sur un match elle peut nous ennuyer", alerte déjà Claude Onesta, qui se souvient certainement que sans un Timothey N'Guessan de gala (5 buts), son équipe expérimentale aurait pu s'incliner à Skopje. "La Serbie, ce n'est pas mal non plus, elle vient de battre la Hongrie, ce qui n'est pas une mince affaire". Le vice-champion d'Europe 2012 à domicile, devra faire avec une équipe recomposée. Momir Ilic et Nemanja Ilic sont blessés à la main, Marko Vujin s'est embrouillé avec le sélectionneur Dejan Peric et Bogdan Radivojevic (Flensburg) n'a même pas été appelé. Méfiance tout de même, car la sélection compte quand même dans ses rangs Petar Nenadic, le meilleur buteur de la Bundesliga et bénéficiera même du retour de Darko Stanic, l'icône nationale !
Match au sommet face à la Pologne
Après ces deux rencontres inaugurales, viendra l'heure de la très probable finale du groupe, face à la Pologne mardi soir. "Une petite finale" comme l'appelle Valentin Porte qui, comme tout le monde, aimerait bien gagner les deux premiers matchs pour partir quoi qu'il arrive avec au moins deux points au tour principal. "On va jouer la Pologne dans un environnement excessif et si on arrive avec zéro point dans le second tour, ça peut déraper vite", explique Claude Onesta. "L'idéal serait d'arriver sur la Pologne avec deux victoires, pour avoir des points". Le fait étant quand même que tout le monde case les hommes de Michael Biegler dans les favoris de l'Euro, avec la France, le Danemark et l'Espagne. Le sélectionneur a délaissé son club pour commencer la préparation de la compétition dès le 20 décembre, et avec de nombreux joueurs troisièmes du championnat du Monde qatari il y a un an qui prendront leur retraite internationale dans les prochains mois ou années, la motivation sera décuplée.
Et après ?
Claude Onesta s'est même permis de regarder un peu plus loin que le premier tour lundi matin. La France, si elle passe, croisera certainement la Croatie, l'Islande et la Norvège au tour principal, trois nations qui devraient logiquement disposer de la faible Biélorussie. "Le deuxième tour pourrait être ouvert, nous rencontrons une poule qui laisse apparaître des solutions", s'avance le sélectionneur. "La Norvège, on connait, la Croatie aussi, elle vient de se faire secouer par la Slovénie (défaite de quinze buts samedi, ndlr). Cela n'apparait pas insurmontable, surtout si on maitrise notre potentiel comme hier. Et si on arrive en demies avec de la fraîcheur, ça peut être marrant à jouer..."
Kevin Domas