EHF Cup
Saint Raphaël et l'apprentissage européen
Deux victoires, une défaite, tel était le bilan des clubs français engagés en Coupe EHF la semaine passée. Peut-on espérer un triplé ce gagnant cette fois-ci ?
Saint Raphaël est le seul représentant tricolore à avoir loupé son entrée en matière. Au Danemark, sans Alexandru Simicu et Mihai Popescu, les Varois se sont inclinés de cinq buts et doivent obligatoirement engranger leurs premiers points à la maison demain. En face ? Le SKA Minsk, dont le fait d'armes principal reste une victoire en Challenge Cup il y a trois saisons après avoir, dans les années 90/2000, régulièrement fréquenté la Champions League. "C'est une équipe qu'on ne connait pas bien, c'est compliqué d'avoir de la vidéo et on a un peu de mal à se faire une idée" concède Geoffroy Krantz, le demi-centre du SRVHB. "C'est un peu la surprise à chaque fois avec ce genre d'équipes". Alors aidons-le un peu ! Avec sa moyenne d'âge à moins de 23 ans, le SKA constitue, bien plus que le Meshkov Brest, le vivier de la fédération biélorusse. Pas étonnant qu'on y retrouve le gardien Saldatsenka, une des attractions de l'Euro polonais, l'arrière gauche Kulesh (photo de droite), son acolyte de poste Khadkevich ou encore le pivot Karalek, qui étaient tous à Katowice et à Cracovie en janvier. De quoi prendre cette équipe au sérieux. "Je suis un peu surpris qu'on nous positionne comme favoris" pense Krantz. "Ils ont beau être jeunes, il n'y a pas besoin d'être vieux pour avoir du talent. Il faut se méfier, ils ont gagné leur premier match et certains ont déjà un rôle en sélection". Mais à domicile, les Varois ne peuvent pas laisser passer de points dans la course à la première place qui les oppose à Silkeborg.
Un manque d'expérience collective
L'ancien Montpelliérain, qui était de l'épopée victorieuse en Champions League en 2003 avec le club héraultais, a désormais l'habitude de ces confrontations continentales. Vainqueur de la coupe EHF en 2009 et de la coupe des coupes en 2010 avec Gummersbach, il apprécie sûrement le fait que la défaite inaugurale de son équipe ne la condamne pas. "Le format a changé depuis cette époque, avant on n'avait pas le droit à l'erreur, en formule aller-retour, perdre de cinq buts à l'extérieur, c'était compliqué de se retourner" se souvient-il. "Ce sont des matchs à la saveur tout autre, au cours desquels un groupe, un club acquiert de l'expérience. Et on le voit, les clubs qui sont dans les sommets européens, Montpellier en France par exemple, ne se sont pas faits en un jour. Leurs débuts en coupe d'Europe ont aussi été balbutiants". Et d'après lui, c'est bien cette expérience collective qui a manqué la semaine dernière. Sans pour autant que tout soit à jeter, loin de là : "On bataillé toute la saison dernière pour accrocher cette coupe d'Europe, on ne va pas tout lâcher au bout de deux matchs. On a la ferme intention de passer en quarts et pour cela, il faut absolument l'emporter demain".
Si le SRVHB était au Danemark dimanche dernier, cette fois c'est au tour du HBC Nantes d'accueillir le Team Tvis Holstebro. Les hommes de Thierry Anti ont beau avoir rossé Montpellier hier, ils savent que cette semaine ne sera parfaite qu'en cas de victoire dimanche soir, face à une équipe qui est en tête de son championnat et qui l'a emporté face à Göppingen la semaine passée (34-31). "Tout cela fait qu'on ne va pas manquer de raisons pour être plus que vigilants" confirmait hier soir Thierry Anti. "J'ai reçu un beau cadeau d'anniversaire anticipé avec le nette victoire contre Montpellier. Le travail réalisé a été excellent, mais il faudra maintenant maintenir ce niveau d'exigence collectif et individuel." Car en face, c'est du solide, comme le confirme Rasmus Boysen, ailier gauche à Ribe-Esbjerg : "Holstebro a beau avoir perdu les frères Damgaard l'été passé, les vieilles vertues sont vite revenues à la mode. Le coach Patrick Westerholm a connu des soucis en début de saison, mais il s'appuie désormais sur une grosse défense et des montées de balle très rapides. Et ça fonctionne parfaitement".
La moitié des buts inscrits en contre-attaque
Finalement, pas si différent de ce qui avait permis au Team Tvis d'accéder au Final Four de la même coupe EHF en 2013, pour son inauguration du côté du palais des sports de Beaulieu. Battus en demi-finale par le H, ils avaient finalement fini troisièmes, avant d'atteindre les quarts de finale de l'épreuve à nouveau la saison passée. Portés par un gardien de 18 ans, Simon Gade et par un côté droit supersonique (l'ailier Wiesmach et l'arrière international Balling ont compilé 17 buts), ils ont parfaitement réussi leur entrée dans la compétition. "Pour Nantes, il va surtout falloir empêcher Holstebro de jouer vite car la moitié de leurs buts sont inscrits sur montée de balle" indique Boysen. "Jonas Larholm n'est pas très impressionnant au niveau des statistiques, mais il est très important dans le jeu, sa relation avec Peter Balling (photo de droite) est une des forces de cette équipe". Et Rock Feliho, hier soir, était parfaitement au courant que ce match ne ressemblerait probablement en rien à la démonstration d'hier soir: "C'était important de se mettre en confiance, de mettre tous les voyants au vert avant ce qui arrive dimanche. Maintenant, on a bossé dur pour tout cela mais on relativise : les Montpelliérains étaient très affaiblis et on ne les a que peu reconnus. L'opposition pour ce tour de Coupe d'Europe sera très probablement d'une toute autre teneur..."
Chambéry en Roumanie pour prendre une option
Et dans tout ça, qu'est-ce qui attend Chambéry ? Après n'avoir fait qu'une bouchée des Suédois d'Ystad (32-22), ils seront demain en Roumanie, pour y affronter le CSM Bucarest. Surtout connu pour son équipe féminine, le club omnisports de la capitale a récupéré une partie du défunt HCM Constanta. L'entraineur macédonien Zvonko Sundovski (photo de gauche) fait partie des transfuges, tandis qu'on retrouve une ancienne tête connue de LNH (Javier Humet) et une ancienne gloire de Champions League (Naumce Mojsovski, ex-Metalurg Skopje) dans l'effectif. Le reste est majoritairement composé de joueurs du cru et d'un gardien suédois (Linus Persson) venu suivre sa petite amie Isabelle Gullden, qui évolue dans la section féminine du club. Rien de quoi effrayer le CSH même si le coach roumain appelait au rassemblement hier en conférence de presse : "Si nous voulons aller plus loin dans la compétition, nous devons tout gagner à la maison. Chambéry est la meilleure équipe du groupe, mais si nous parvenons à gagner à la maison, nous avons une chance supplémentaire de nous qualifier". Une défaite, après celle subie à Pampelune face à Helvetia Anaitasuna la semaine dernière (22-28), les éliminerait quasi assurément. Et mettrait Chambéry sur la voie des quarts de finale. Il ne reste plus qu'à le faire !
Kevin Domas (avec Gaelle Louis à Nantes)