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D. Narcisse : "C'est de le gagner qui rend le Final Four incroyable"
Pour la quatrième fois de sa carrière, Daniel Narcisse va participer au Final Four de la Champions League. Deux fois vainqueur avec le THW Kiel (2010 et 2012), une fois vaincu, le Réunionnais remet le couvert ce weekend avec le PSG. Une première pour un club français, et un essai qu'il a à cœur de transformer.
- Tu as déjà été trois fois au Final Four de Cologne avec Kiel, y aller avec le PSG a-t-il un goût particulier ?
- Oui, car quand j'ai signé à Paris, mon objectif personnel, en étant "égoïste", était d'aller au Final Four avec un club français, d'autant plus avec Paris, la capitale, ce qui représente beaucoup. D'avoir réussi à se qualifier pour cet événement, c'est une satisfaction, qui est toute petite car, évidemment, si c'est bien d'y être, c'est de le gagner qui le rend incroyable. A la fin, on ne se souvient que de l'équipe qui soulève la coupe, on est hyper motivé pour que ce soit nous.
- Ton meilleur souvenir du Final Four, ce serait quoi ?
- Il y a deux souvenirs qui se mélangent un peu, entre bon et mauvais. Déjà, quand je suis parti de Chambéry pour signer à Kiel, c'était pour jouer la Champions League et la gagner. J'étais content d'avoir réussi à remplir cet objectif dès la première année. On est arrivé là-bas, c'était un événement incroyable, qui avait lieu pour la première fois. Le moment le plus difficile serait ma dernière participation, car c'était ma dernière année à Kiel, l'histoire se terminait pour tout un petit groupe, certains ont changé de club, d'autres ont arrêté leur carrière. C'est l'histoire de quatre merveilleuses années pour moi, une superbe aventure qui s'est terminée et malheureusement, on n'a pas réussi à aller chercher une dernière Champions League avec ce groupe. En même temps, ça reste un bon souvenir car on avait vécu des grands moments. Ce dernier Final Four est finalement un mélange de bon et de moins bon.
- Tu parles de l'objectif de gagner la Champions League en allant de Chambéry à Kiel, es-tu dans le même état d'esprit maintenant que tu es à Cologne avec le PSG ?
- Oui, c'est comparable même si ici, cela a mis plus de temps. Mais c'est normal, on partait de plus loin à Paris, Kiel avait déjà une histoire de cent ans derrière, avec l'habitude de vivre ces grands moments. Avec Paris, on a tout à construire mais être arrivé à se qualifier pour ce Final Four aussi rapidement c'est... On ne peut pas dire "réussite" car s'il n'y a pas de titre derrière, le terme ne sera pas juste, mais on a fait un pas dans le bon sens.
"Pas forcément de favori cette saison"
- Quand on parle à vos coéquipiers, beaucoup disent que le PSG n'est pas favori dans ce Final Four. Est-ce une façon de se mettre à l'abri ?
- Je peux comprendre pourquoi ils disent ça, il n'y a pas forcément de favori cette saison. Quatre des meilleurs équipes européennes sur un weekend, c'est compliqué de dire que l'une ou l'autre va gagner. On l'a vu dans l'histoire de ce Final Four, ce n'est pas toujours le favori qui gagne, et cette saison les quatre équipes semblent à un niveau comparable. On sait que, pour gagner, il faut réaliser deux grands matchs de très haut niveau sur un weekend, et ce sera l'équipe la plus en forme qui l'emportera. Ca se jouera à rien, sur des détails. Mais je pense que les joueurs des autres équipes disent la même chose, qu'ils ne sont pas favoris. Le fait que ce soit du 50-50 pour tout le monde, c'est ce qui rend les choses encore plus excitantes et attrayantes pour tout le monde.
- Kiel avait l'habitude de gagner en tant que club. Les joueurs du PSG ont l'habitude gagner individuellement. Le vécu collectif, l'habitude collective de victoire, ça compte dans cet événement ?
- Oui, c'est très important. Il faut transformer toute cette expérience, tout ce vécu que les joueurs peuvent apporter individuellement au collectif en une équipe capable de passer ce cap. Avoir tant d'expérience est intéressant parce qu'on peut apporter à toute l'équipe. On a eu une semaine pour se préparer, on a utilisé tous les entrainements pour bosser avec beaucoup de rigueur et de concentration. Tout cela, nous servira ce weekend.
"On a montré beaucoup de caractère cette semaine"
- Arriver à Cologne après deux défaites, il y a mieux pour la confiance...
- Si on les regarde, il y en a une en championnat où le titre était déjà acquis, on n'est pas arrivé avec beaucoup de pression sur ce match et il y avait quatre joueurs absents. En finale de coupe de France, Montpellier avait à cœur de faire un grand match et on a été dépassés dans tous les secteurs de jeu. C'est un match où on a beaucoup souffert. Le point positif, c'est que toute l'année les matchs se sont enchainés et que même lorsqu'on a perdu, on n'a pas eu le temps d'y penser. On a tout de suite su relever la tête, et cette semaine à l'entrainement on a montré beaucoup de caractère et de motivation.
- A quoi doit-on s'attendre face à cette équipe de Kielce ?
- On sait que c'est une équipe qui est difficile à contenir en défense, donc il va falloir qu'on soit présent dans ce secteur. Certes, c'est quelque chose qu'on sait faire, on est la meilleure défense de la compétition. Mais ce weekend, c'est un peu comme si on repartait de zéro. Il va donc falloir qu'on leur propose une grosse opposition pour arriver à les embêter.
- Pour finir, un adversaire préféré pour une éventuelle finale ?
- Il y aura un match derrière, quoi qu'il arrive en demie. Si on joue Kiel, à la maison, ce ne sera pas simple. Je me souviens à l'époque, le public poussait fort. Cette saison est un petit peu bizarre pour eux, ils ont eu beaucoup de blessures mais ils ont su être présents aux moments importants et se qualifier pour être ici. Veszprem est là depuis un moment eux aussi, ils ont une histoire énorme et ils ont l'habitude de ces moments là. Ils ont eu du mal à aller au bout ces deux dernières années même si ils sont dans les meilleurs, on sait que si on les joue ils mettront beaucoup d'engagement. Quoi qu'il arrive, on jouera un gros morceau.
Propos recueillis par Kevin Domas