CdF (M)
Paris, les limites du système
Battu pour la première fois de la saison à domicile par des héraultais très justes tactiquement (28-34), le PSG a laissé en route l’un des trois trophées nationaux. Cet échec, aux causes multiples, met en avant les limites actuelles des parisiens.
Têtes basses et mâchoires serrés, les parisiens tentaient de mettre des mots sur leur prestation du soir à l'issue de leur élimination nette et sans bavure par Montpellier (28-34) en huitièmes de finale de la Coupe de France. De l'euphorie du kung-fu Gensheimer-Rémili de samedi après-midi à Flensburg à la leçon tactique de Montpellier infligée quatre jours plus tard, les parisiens sont vite redescendus sur terre. Tour d’horizon des maux du PSG contre le MHB.
Une fatigue manifeste
Ultra-sollicités depuis plusieurs mois, avec des internationaux qui n’ont eu que très peu de repos depuis un an avec l’enchaînement de la précédente saison avec la préparation pour les JO, les Jeux Olympiques dans la foulée puis la nouvelle saison, les parisiens marquent le pas. Le mondial, avec la pression inhérente à un championnat du monde à domicile pour les Bleus, a laissé des traces. Paris disputait mercredi soir son 35ème match officiel de la saison, réparti entre le Super Globe, la Ligue des Champions, le championnat, le Trophée des Champions et les Coupes de France et de la Ligue. « Ce n'est pas facile d'enchaîner tous ces matches, reconnaissait Luka Karabatic après la rencontre. Il y a forcément un peu de fatigue. » En revanche, pour Nedim Rémili, l’enchaînement des matches tous les trois jours ne peut pas être une excuse recevable à la défaite contre les montpelliérains. « On n'a pas manqué de fraîcheur, ils ont simplement été meilleurs que nous » affirme l’ancien cristolien.
Du relâchement après Flensburg ?
Vainqueur dans les dernières secondes d’un duel de haute volée contre Flensburg samedi (33-34), Paris a-t-il inconsciemment joué avec moins de concentration que lors de ses sorties européennes mercredi soir ? Difficile de ne pas lier cette hypothèse à la fatigue accumulée depuis plusieurs semaines. « Il nous manque quelque chose dans une telle situation, notamment de la maîtrise par moment, explique le capitaine Daniel Narcisse. Pour battre Montpellier, on savait qu'il fallait un PSG à 100%. » Nedim Rémili « ne sait pas s'il y a eu du relâchement après la victoire de samedi contre Flensburg. A nous de retrouver la victoire dans trois jours en Ligue des Champions. » Les parisiens ont en tout cas mis de l’application en première période, avant de revenir timorés sur le parquet en seconde période et de reculer progressivement face aux assauts héraultais.
Un coaching en question
Depuis le début de la saison, Noka Serdarusic n’a jamais construit son coaching sur les rotations ni sur une pleine exploitation de son banc de touche. Le huitièmes de finale contre Montpellier n’a pas échappé à la règle. Accambray, Barachet, Kounkoud et Nahi n'ont pas enlevé leur survêtement de la partie. L’entraîneur parisien use et abuse d’un sept majeur élargi à quelques éléments complémentaires. Si cela a permis de rapidement trouver des automatismes en début de saison pour bâtir un jeu collectif efficace, ce manque de rotation pourrait coûter cher à Paris dans les prochaines semaines. La fraîcheur fera forcément la différence et des joueurs sortis du banc pourraient donner un vrai coup de fouet au PSG dans les moments plus compliqués. Les héraultais l’ont prouvé avec un remplacement efficace de Baptiste Bonnefond par Diego Simonet au cœur de la seconde période, même si ce changement a été contraint par la blessure du jeune arrière gauche.
Une leçon tactique
Patrice Canayer a donné une vraie leçon tactique aux parisiens mercredi soir. Tel un joueur d’échec, le manager général du MHB a toujours su trouver la parade au jeu parisien : Portner dans les cages, Grébille sur la base arrière ou encore Bingo en défenseur avancé en début de rencontre. «Montpellier a été meilleur que nous reconnaissait Nédim Rémili après le match. Félicitations à eux. » Même son de cloche du côté de Daniel Narcisse. « Il faut féliciter le MHB pour sa victoire. On n'a jamais réussi à leur poser des problèmes ni à les mettre en difficultés. On a plutôt pas mal défendu mais les ballons ont toujours fini par retomber dans leurs mains. » Malgré une sixième défaite infligée par Montpellier depuis l’arrivée des qataris à Paris, Nedim Rémili ne veut pas faire des héraultais la bête noire du club. « Vous pouvez dire que Montpellier est notre bête noire, mais on pourrait aussi le dire d'autres équipes comme Nantes par exemple. »
Trop de déchet technique
« C'est un jour sans. Les pertes de balle nous font mal. Les éléments n'étaient pas en notre faveur. » Luka Karabatic manie l’euphémisme avec habileté. Le pivot parisien pouvait en effet regretter le trop grand nombre d’erreurs techniques de son équipe qui a enchaîné comme rarement les pertes de balle et les mauvaises passes. Les parisiens ont notamment totalement lâché en fin de rencontre, encaissant un 9-5 dans les 11 dernières minutes. Uwe Gensheimer n’a pas été en réussite aux jets de sept mètres, une exception en forme de symbole des difficultés du jour. S'agit-il d'une claque salutaire pour la suite de la saison ou d'un coup d’arrêt plus profond pour le PSG ? Seul l’avenir permettra d’y répondre avec certitude.
Olivier Poignard, à Coubertin