EdF (M)
Un Alsacien s'en va, un autre arrive
Joli clin d’œil du destin cette semaine en équipe de France, puisque Thierry Omeyer tirera sa révérence internationale samedi tandis que Julien Meyer, vingt ans, connait son premier rassemblement avec les A.
Les époques se suivent et se ressemblent, finalement, entre les poteaux de l'équipe de France. A 40 ans, Thierry Omeyer rendra son tablier en fin de semaine, auréolé de 358 capes et dix-huit ans après sa première apparition sous le maillot bleu en septembre 1999. Pendant ce temps-là, Julien Meyer fait ses premiers pas dans le groupe depuis lundi. Le gardien de Chambéry est avant tout là en observation, pour le moment, avant peut-être de rêver à une destinée plus prestigieuse. "Vincent et Thierry restent titulaires, Julien sera cette semaine dans un rôle de jeune qui doit apprendre le fonctionnement de l'équipe de France. Après le départ de Thierry, il devrait être dans la continuité avec le retour de Cyril Dumoulin" explique Didier Dinart, le sélectionneur national. "On a expliqué à Cyril qu'il ne jouerait pas forcément sur cette semaine internationale et alors, autant faire venir Julien Meyer". Pour le natif de Sélestat, c'est une première à ce niveau mais pas sous le maillot bleu, puisqu'il faisait partie de l'équipe sacrée championne d'Europe jeune en 2014 et du monde junior un an plus tard.
Un parcours (presque) identique
Coïncidence ou non, l'équipe de France se retrouve donc avec deux gardiens aux parcours presque identiques, mais à vingt ans d'intervalle. Thierry Omeyer et Julien Meyer se sont suivis de loin avant de se retrouver cette semaine sous le maillot bleu. Si on y ajoute Vincent Gérard, lui aussi passé par le pôle espoirs de Strasbourg, on se doute qu'en Alsace, on aime bien travailler avec les gardiens. "Hier, au tennis-ballon à l'entrainement, c'était la team Strasbourg contre le reste du monde" rigole Meyer. "C'est le fruit du travail de Jean-Luc Kieffer, qui a formé Vincent et moi, ou de Branko Karabatic, qui a formé Titi. Il y a une vraie culture du handball et du poste de gardien de but dans cette région". Mais malgré ce parcours, le jeune gardien de Chambéry n'avait jamais eu l'occasion d'échanger quelques mots avec son glorieux prédécesseur et désormais coéquipier chez les Bleus avant l'entrainement d'hier. Ils n'avaient jamais été plus loin que...jouer l'un contre l'autre, même si le club de Paris s'était bien, un temps, intéressé à lui avant qu'il ne parte en Savoie. Meyer n'a même pas eu l'occasion de voir évoluer "la légende" comme il le qualifie sous le maillot du SAHB puisqu'il avait trois ans quand Omeyer est parti rejoindre Montpellier. "Les souvenirs que j'en ai, ce sont ces finales des grands championnats, toujours présent, avec une aura énorme" se souvient-il quand même.
Meyer : "Il faut savoir être patient"
Cette filiation est-elle promesse d'un avenir radieux ? Seul l'avenir le dira. En tout cas, l'actuel Chambérien ne compte pas arriver et renverser la table basse dans le salon de l'équipe de France. Il sait qu'il est là pour apprendre et que son heure finira sans doute par venir. "A l'image de ce que j'ai pu faire en club en partant de Sélestat pour aller à Chambéry, il ne faut pas avoir d'ambitions trop fortes dès le début, ça peut tout de suite tout faire planter. Il faut savoir être patient, prendre sa chance quand on l'a et ne pas bousculer un équilibre qui est là depuis très longtemps" explique-t-il lucide. Avec ses yeux grands ouverts et son sourire indéfectible, il semble même tout émerveillé à l'idée d'intégrer ce cercle prestigieux des joueurs de l'équipe de France. Julien Meyer n'hésite pas à parler de "frissons" quand il a essayé la tenue officielle à son arrivée au stage, avant de rendre hommage à ses prédécesseurs : "Porter ce maillot, c'est participer à un héritage. J'espère garder cette âme d'enfant à l'égard des étoiles le plus longtemps possible."
Kevin Domas