Euro 2018
Les Bleues tombent d'entrée face à la Russie
Chahutées par la Russie lors du match d'ouverture, les Françaises concèdent une première défaite dans cet Euro (23-26) qui les contraint à deux victoires sur les deux prochains matchs pour jouer le tour principal à Nantes, avec deux points.
Il y a certes une défaite mais paradoxalement des sourires. A commencer par celui d'Alexandra Lacrabère, en zone mixte, décontractée mais surtout, pas inquiétée par cette première défaite. "Comme d'hab j'ai envie de dire! Si on avait bien commencé la compétition on aurait été inquiété", lance-t-elle avant de reprendre "on a enfin commencé notre Euro, je n'ai pas d'inquiétude, je sais qu'il y aura une grosse mobilisation face à la Slovénie et face au Monténégro pour aller chercher la deuxième place, je sens l'équipe en place". Si la situation est inhabituelle, elle peut être compréhensible. " Pas de panique, on n'a pas à rougir de cette défaite, la Russie est une très bonne équipe, tout simplement elles méritent leur victoire, on s'appuie sur ce qui a été bon", assure Siraba Dembélé-Pavlovic. Malgré ces points perdus, les Françaises ont retrouvé de la continuité, du jeu d'attaque (malgré un grand nombre de pertes de balles en première période, 10), ce sur quoi Olivier Krumbholz voulait travailler et a insisté après l'étape de Golden League conclue dimanche par une défaite face à la Norvège.
Un lien retrouvé, insufflé non pas par la plus expérimentée, mais par Orlane Kanor, lancée par Olivier Krumbholz après un quart d'heure de jeu, quand son équipe peinait à trouver des solutions sur la base arrière. La jeune messine enchaînait, sans complexe, les pralines de loin dans le but d'Anna Seydokina qui a dû attendre la toute fin de la rencontre pour lui barrer la route. "Elle apporte toute sa jeunesse, toute sa fougue, ses qualités physiques et son culot, elle nous a fait beaucoup de bien aujourd'hui", reconnait la capitaine tricolore tout comme Allison Pineau quelques instants plus tard. "Orlane a été géniale, elle ne s'est pas posée de questions et elle y est allée avec le feu dans les jambes, c'est la petite jeune qui monte de plus en plus et qui a brillé ce soir et qui nous a bien fait rentrer dans le match quand on n'arrivait pas à mettre des ballons au fond". Rassurant donc de la voir à un tel niveau, capable d'apporter du tir de loin, qui manquait clairement sur les dernières sorties des Bleues. Un énorme 6/7 qui n'a pourtant pas suffi pour lui offrir une soirée parfaite, sous les yeux d'un public lorrain qui n'a pas manqué de saluer ses exploits. "Olivier me donne du temps de jeu, j'en profite. Aujourd'hui j'ai joué sans complexe, je me suis bien sentie sur le terrain, j'avais envie de rester et de jouer le plus possible. Les filles mettent tout en oeuvre sur le terrain avec des enchaînements qui me mettent en valeur pour que je m'exprime mieux", détaille-t-elle.
De la fraicheur des deux côtés
Cette fraicheur qui a fait du bien à la France est aussi celle qui lui a fait du mal. Ne venant pas d'Orlane bien entendu mais d'un poison nommé Anna Vyakhireva, bien accompagnée sur la base arrière. Pourtant discrète en première période, c'est bien elle qui a fait du mal à la défense tricolore dans les vingt dernières minutes qui pourtant montrait de belles choses. "Je ne sais pas si elles s'en sont rendues compte mais elles le verront à la vidéo, Vyakhireva nous fait beaucoup de mal sur les vingt dernières minutes. Elle débordait, arrachait des pénaltys prenait des tirs", analyse Olivier Krumbholz. Ajouté à cela, une excellente association sur le côté gauche avec Daria Dmitrieva et Elizaveta Malashenko qui ont laissé Anna Sen sur le banc en attaque lors de la deuxième période. Sans oublier la démonstration de sang-froid de Daria Samokhina, imperturbable aux jets de 7 mètres (5/5) et très précieuse dans le jeu, notamment sur son énorme kung-fu conclu par un chabala (19-21, 48'). "On avait travaillé mais là où on est surpris c'est qu'on avait des problèmes avec certaines joueuses et les autres ont été là derrière, ça n'arrêtait pas. C'est ça la Russie, un grand réservoir à l'image de son pays".
Tout n'est donc pas à jeter, les conclusions à tirer sont plutôt positives malgré la défaite. Face à une des plus grosses bases arrières de la compétition, les Bleues se sont adaptées, ont montré de l'agressivité pour récupérer des ballons, causant dix pertes de balles aux Russes en première mi-temps. La défense a aussi permis à Amandine Leynaud et Laura Glauser de faire de bons arrêts et de maintenir les leurs à flots. Mais il manque encore ce grain de folie et de confiance pour apporter de la vitesse au jeu tricolore, notamment sur grand espace, un secteur de jeu qui a manqué. Même si on a vu quelques fulgurances, notamment quand Siraba Dembélé récupère d'une manière somptueuse une relance millimétrée de sa main droite pour aller trouver les filets russes. "Marquer des buts faciles ça soulage tout le monde et les organismes. Attaquer la défense russe ça fait mal, ça puise de l'énergie, il faut qu'on pousse, qu'on ait confiance en nous et qu'on lâche les chevaux. Elles n'ont pas bien replié, on a mal attaqué sur elles, je n'ai pas envie de dire qu'elles ont bien fait les choses, on leur a donné le match. C'est à nous de régler ça", analyse Alexandra Lacrabère. Une première défaite qui contrait donc les Françaises à deux victoires pour attaquer le tour principal à Nantes dans de bonnes conditions, ce qui visiblement n'inquiète pas plus que ça les Bleues. Elles vont profiter de ces deux jours de travail pour masquer les détails qui ont coûté le match face aux protégées de Trefilov (23-26, FM). Faux pas interdit face à la Slovénie dimanche (15 heures), qui elle jouera le Monénégro vendredi 30 novembre, pour son entrée en lice.
De Nancy, Maxime Cohen.
Les stats:
France: Leynaud (8 arrêts 30%), Glauser (4 arrêts à 40%). Coatanéa (1/3), Ayglon-Saurina (2/3), Pineau (3/7), N'Gouan, Zaadi (1/4), Houette (1/1), Niakaté, Dembélé-Pavlovic 3/3), Flippes (2/3), Kanor (6/7), Edwige (2/2), Foppa, Nze-Minko (1/1), Lacrabère (1/4).
Russie: Sedoykina, Trusova. Kuznetsova (3/4), Kochetova, Dimitrieva (8/13), Sen (0/3), Vyakhireva (0/4), Sudakova, Samokhina (7/8), Makeeva (1/1), Malashenko (3/4), Managarova (2/2), Skorobogatchenko (1/2), Petrova, Frolova (1/1), Snopova.