Euro 2018 - Groupe B
Des Bleues irrésistibles
Le duel était annoncé âpre et tendu, les Françaises ont su passer outre, tranquillement. Une très grosse entame de match leur a permis de maintenir une certaine avance. Même lorsque le Monténégro pensait revenir, il restait derrière (25-20, FM). Une victoire qui donne deux points aux filles d'Olivier Krumbholz pour aller à Nantes, jouer le tour principal, dans les mêmes dispositions que ses futurs adversaires, la Suède, le Danemark et la Serbie, tous à égalité de points.
En extrême confiance après la prestation livrée face à la Slovénie dimanche, les Bleues ont encore une fois sorti une très grosse performance face à un adversaire qui était plus difficile à jouer que les Slovènes. Le Monténégro a été spectateur pendant une période. Une période pendant laquelle tout réussissait aux Françaises, dans une salle en fusion. A commencer par la défense. Une très grosse intensité mise d'entrée de jeu déroutant totalement les Monténégrines, qui en ce début de compétition ont plus souvent eu l'habitude de donner que de recevoir. Dans le but, Amandine Leynaud était, à l'image de ses coéquipières, totalement irrésistible, dégoutant une à une les tireuses adverses. "Je la connais depuis 2010, quand je suis arrivée à Metz. On est très proches toutes les deux et elle m'a impressionnée dès le début et elle continue. Elle a la tête froide dans les moments chauds. Je ne sais pas ce qu'elle dégage mais elle est trop forte et je ne sais pas comment elle fait" rigole Grâce Zaadi, en admiration devant sa gardienne. Durdina Jaukovic, la buteuse en forme du Monténégro (18 buts lors de ses deux premiers matchs), a d'ailleurs buté à deux reprises sur la portière tricolore, dont une fois sur pénalty. Tout comme Katarina Bulatovic qui ne pouvait que constater les dégâts.
Encore une fois, les Bleues offraient un très gros début de rencontre au public du Palais des Sports Jean Weille, qui ne laissait présager rien de mauvais pour la suite du match. La stabilité offensive que recherchait Olivier Krumbholz dans cette équipe était en train de prendre forme."On a su bien gérer les rythmes et les fixations, il y a eu de la variété dans nos solutions de shoot et c'est rassurant. Il faut qu'on arrive à mieux maîtriser les temps faibles et qu'on maintienne un certain niveau sur soixante minutes" admet la demi-centre des Bleues. Grâce Zaadi à la mène, baguette en mains, mettait Estelle Nze-Minko (élue MVP) sur orbite, qui était, dans la défense monténégrine, comme dans son jardin, intouchable. Dans toutes les positions, elle est parvenue à marquer et impacter la défense balkane qui ne trouvait pas sa jauge. Quand il a fallu la faire souffler, c'est Orlane Kanor qui est une nouvelle fois venue apporter son punch et son (énorme) shoot de loin. Marina Rajcic dans le but était incapable d'arrêter l'hémorragie, ses anciennes coéquipières de Metz, étaient en train de lui faire vivre un véritable calvaire, deux arrêts en première période, cinq au total (16-8, MT).
10 minutes un peu trop longues
Une Durdina Jaukovic muselée, une défense monténégrine qui prenait l'eau de tous les côtés, on pouvait penser que tout était en place pour laisser le Monténégro loin derrière, sans qu'il ne réagisse. Mais il ne fallait surtout pas oublier la clé, dont nous parlait Olivier Krumbholz en zone mixte après la victoire contre la Slovénie. Cette clé, qu'il a bien gardée sous son paillasson, était en réalité pour bloquer la meneuse, Milena Raicevic, maître à jouer de Buducnost. "Je l'avais trouvée mais elle n'a pas fonctionnée. Elle a énormément pesé sur le jeu quand elles sont revenues au score. On l'avait bien maîtrisée en première mi-temps et dès qu'on ne l'a plus maîtrisée elle sentait vraiment que son équipe avait besoin d'elle et elle nous a fait ses spécialités, ce que dans le jargon on appelle les cochonneries" regrette le sélectionneur messin. C'est d'ailleurs elle, qui relançait les siennes, lorsque les Bleues ont eu un trou d'air en deuxième période. Une dizaine de minutes pendant laquelle les Bleues sont restées muettes et les Monténégrines reprenaient espoir, revenant à seulement trois longueurs des Bleues. "Je n'en menais pas large, quand on voit un adversaire revenir et qu'on commence à se bloquer en attaque placée on se sent fragilisé dans tous les secteurs" admet le messin.
Le scénario devait bien se dérouler ainsi. Il fallait que ce soit Estelle Nze-Minko, sur son nuage, qui débloque les siennes. Un tir improbable, pris secteur central, qui passait entre les jambes de Marina Rajcic, symbolique du mental de cette équipe, capable de se reprendre dans les moments compliqués en haussant son niveau de jeu. " Il ne faut tout de même pas qu'on s'habitue à ce genre de temps faibles. Dans d'autres matchs, on pourrait le payer cher" admet Grâce Zaadi. Le public nancéien pouvait de nouveau exulter, se libérer et emmener les Françaises vers une victoire très convaincante, qui les met dans de bonnes dispositions pour le tour principal (25-20, FM). Elles gardent ainsi leur destin en mains, avec deux points lors du tour principal. "On ne pouvait pas rêver mieux, on a les cartes dans nos mains pour écrire l'histoire de notre championnat d'Europe, on ne dépend pas des autres" souriait Laura Flippes arrivée la première en zone mixte. C'est autant que toutes les autres équipes du Groupe A qui resteront dans le Hall XXL. La victoire de la Serbie face au Danemark (30-25), mettant les trois équipes qualifiées, au même nombre de points. La Russie est donc la seule nation à partir avec quatre points, grâce à ses deux victoires contre la France et le Monténégro. De bonnes nouvelles qui terminent une belle soirée à Nancy, avant que l'équipe de France ne s'envole, ce mercredi vers Nantes, où elle affrontera le Danemark jeudi 6 décembre (18 heures), la Suède le 8 décembre (15 heures) et terminera avec la Serbie le 12 décembre (21 heures). Les Françaises sont donc à trois victoires de rallier Paris pour jouer les demi-finales.
De Nancy, Maxime Cohen.