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Joël Abati : "Surtout, ne regrettez rien !"
Après Magdeburg la semaine passée, Joël Abati sera le spectateur privilégié du Final Four de la Champions League qui se déroulera ce weekend à Cologne. D'autant plus privilégié que l'excitation de ces phases finales, l'ancien arrière de l'équipe de France les a déjà connues. Certes, c'était un autre temps, celui où le handball devait se battre pour rassembler 8,000 personnes dans une salle tandis que, ce weekend, plus du double se presseront pour entrer dans la Lanxess Arena. « Mais cela reste une occasion très rare, peut-être unique dans une carrière, de jouer ce genre de matchs. Avec Magdeburg, en 2002, on joue la finale de la ligue des champions et on la gagne mais le club n'est plus jamais retourné à ce niveau. Regardez Montpellier, ils ont mis quinze ans à retrouver un dernier carré de ligue des champions » constate l'ancien Magdeburger, qui était présent la semaine passée aux Finales de la coupe EHF, dans la ville où il a évolué pendant dix ans. S'il a, tout au long de ses dix années en Allemagne, décroché trois coupes EHF avec les verts et rouges, plus jamais il n'a gouté aux joies d'une finale de Champions League. Alors, s'il a un conseil à donner à Montpellier, Nantes et Paris, il est simple : "Profitez et jouez ce weekend comme s'il était le dernier. Et surtout ne regrettez rien !"
"Ne pas se laisser dévorer par l'événement"
Lui, pour sa part, n'a rien à regretter de son aventure européenne de 2002, qui faisait suite au premier titre de champion d'Allemagne pour Magdeburg. Une façon de mettre le club sur la carte une première fois, avant que la victoire face à Veszprem, dix mois plus tard, dans une GETEC Arena en feu, ne fasse rentrer la bande à Abati, mais aussi à Christian Gaudin et Gueric Kervadec, au panthéon du handball européen. "On était fier de nous-mêmes, mais surtout pour les gens autour, pour la ville de Magdeburg. En remportant ce trophée, on montrait aussi que l'ex-Allemagne de l'Est avait aussi quelque chose à apporter à l'Allemagne réunifiée" se souvient l'ancien arrière droit. D'enjeu politique, il n'y aura évidemment pas sur le terrain de la Lanxess Arena ce weekend. Peu importe, puisque que, comme le souligne Abati, "la volonté de faire monter ton équipe sur le toit de l'Europe, dans ces moments-là, est énorme. Et c'est là où est la difficulté, être suffisamment à fond mais ne pas surjouer non plus. Il ne faut pas se laisser dévorer par l’événement."
"Deux équipes en finale, le summum"
Passé par Montpellier à la fin de sa carrière, le Martiniquais aura sans doute un petit favori pour le weekend, même s'il ne le dit pas ouvertement. Le parcours réalisé par le MHB, en revanche, le laisse admiratif. "Arriver des poules basses et se qualifier pour Cologne, vraiment, c'est fort. Ils n'ont pas fait que gagner, ils ont aussi bien joué" continue celui qui rangé les baskets en 2009. Et pour la demi-finale face au Vardar Skopje, un petit pronostic ? "Ce ne sera pas facile, mais Montpellier aura plus envie d'aller chercher le titre. Quand on a gagné une fois une grande compétition, c'est compliqué d'être aussi motivé pour la remporter une deuxième fois. Et peut-être que le Vardar sera dans cette situation." L'autre demie, entre Paris et Nantes sera "comme un match de championnat délocalisé. Et pour le H, ce sera une nouveauté, mais on a vu que la nouveauté ne leur faisait pas peur cette saison. Paris est un peu en fin de cycle, avec la fin de Noka, et tout le monde s'attend à ce qu'ils gagnent enfin cette saison". Quoi qu'il en soit, Joël Abati se joint au chœur des acteurs du handball français pour se féliciter de la présence de trois clubs hexagonaux à la Lanxess Arena ce weekend. Historique, phénoménal, tous les adjectifs ont été sortis depuis plusieurs semaines maintenant. Alors le Révérend choisit de la jouer un tantinet différente : "Quelle que soit l'équipe française qui soit en finale, on sera à fond derrière elle. Et s'il y en a deux, alors ce sera le summum. Mais comme je l'ai dit aux joueurs de Saint-Raphaël le weekend dernier, surtout, il faut qu'ils quittent la salle dimanche soir sans regrets."
Kevin Domas