LdC (M)
Barcelone, le coup de massue
Le FC Barcelone a été éliminé en demi-finale de la Champions League par le Vardar Skopje, dans un match qu'il semblait pourtant maitriser (27-29). Le coup est rude.
La Lanxess Arena a fait une nouvelle victime. Ou, plus exactement, Barcelone a encore fait les frais de la malédiction qui frappe les favoris quand ils passent les portes de la plus grande salle d'Europe. Ce soir, les Catalans menaient de sept buts à vingt minutes de la fin face à un Vardar fort limité, mais ils se sont inclinés. Comme une redite, après les remontadas encaissées ici en 2014 et en 2010. Ce soir, Igor Karacic et Stas Skube tournaient en rond côté Vardar tandis qu'Aleix Gomez déroulait sur son aile de l'autre côté et on voyait mal ce qui pourrait empêcher les blaugraña de se qualifier pour leur première finale européenne depuis 2015. Mais voilà, pour reprendre les mots de leur entraineur Xavi Pascual, ils ont "complètement disparu". Leur défense, pourtant si compacte, s'est liquéfiée sous les coups de boutoir de Dainis Kristopans, géant dans tous les sens du terme, avec ses 2m15 et ses dix buts. Leur attaque s'est arrêtée net, ne trouvant la faille que deux fois dans le dernier quart d'heure. Et, coup de grâce, les arbitres lettons s'en sont mêlés, avec un carton rouge lunaire contre Thiagus Petrus dans le money-time. Comme un coup de grâce. "C'est un scénario qu'on a déjà vu par le passé. On se précipite un peu, on déjoue. Il y a d'autres paramètres à prendre en compte, mais il ne faut pas se chercher d'excuse. Ils ont mérité leur victoire car ils ont su mieux gérer la pression en seconde mi-temps" balayait Cédric Sorhaindo.
Dika Mem : "On a laissé tomber"
Et on est bien en peine pour comprendre comment une mécanique si bien huilée depuis le début de la saison, qui n'a connu qu'un revers depuis la mi-octobre (à Veszprem, en mars), a pu se gripper dans des proportions aussi impressionnantes. Lasse Andersson, qui marchait sur l'eau il y a un mois, a traversé cette demi-finale comme un fantôme et la défense du Vardar a parfaitement éteint Aron Palmarsson. Mais la réponse est surtout à chercher dans la tête. Celle que Dika Mem se grattait à s'arracher les cheveux en zone mixte. "Ce match là, on doit le gagner. On leur laisse le match, on a laissé tomber et on a perdu" déplorait le gaucher français. On redoutait que cette équipe au handball si parfait toute la saison ne soit pas capable de résister quand elle se trouverait dans une grosse tempête, et c'est exactement ce qu'il s'est passé. Au contraire, ses adversaires ont su renverser la vapeur alors qu'on les donnait pour morts. Avec l'énergie de joueurs qui, plus payés depuis six mois comme le soulignait leur entraineur il y a quelques semaines, n'ont plus que le handball pour sourire. A la pause, les murs du vestiaire ont tremblé, mais Parrondo a cherché le positif. Comme il le fait depuis plusieurs semaines. "Ca a été compliqué d'expliquer aux joueurs à la mi-temps qu'on était sur la bonne voie. Mais je suis très fier d'eux, parce qu'ils ont battu la meilleure équipe de toute la saison" soulignait le coach du Vardar, pas mécontent d'avoir joué un sacré coup à ses compatriotes.
Le Vardar a déjà réussi sa saison
En créant cette sensation, lui et ses hommes ont déjà réussi leur Final Four. Personne ne donnait cher de leur peau, être en finale est un exploit encore plus immense que quand le Vardar avait écarté le même Barcelone et Paris sur la route du titre européen il y a deux ans. A l'époque, l'équipe était une des plus belles formations d'Europe. Désormais, elle joue avec peu de rotations mais un coeur gros comme ça. Ce qui la rendra encore plus dangereuse demain, en finale face à Veszprem qui, lui, n'a pas déjoué. Il a lutté mais a pu s'appuyer sur sa force collective pour s'en sortir. A l'image d'un Kentin Mahé auteur, de son propre aveu, d'une des "pires performances en Champions League" de sa carrière mais qui a vu Mate Lekai et, surtout, un Petar Nenadic stratosphérique (douze buts dans la seule seconde période), sortir son équipe de l'ornière. Demain, le portier Arpad Sterbik sera sans doute absent, Laszlo Nagy, touché à l'épaule, sera diminué, mais il faut s'attendre à voir un autre joueur sortir du bois. "C'est notre force, on a seize joueurs capables de faire des matchs comme celui de Petar. Demain, Momir Ilic et Laszlo Nagy joueront leur dernier match, on a envie de leur faire un beau cadeau" souriait Dragan Gajic. Remporter la Champions League pour la première fois de l'histoire du club pour les Hongrois serait un miroir parfait par rapport à Barcelone. Pas besoin de faire la saison parfaite, il suffit juste d'être là au bon moment.
A Cologne, Kevin Domas