LdC (M)
Leur remontada, ils la racontent
Le Paris Saint-Germain a dix buts à remonter face à Kielce pour se qualifier pour le Final Four de la Champions League. Et même potentiellement onze, si les Polonais scoraient 25 buts ou plus à Coubertin. Compliqué, mais pas impossible, comme d'autres l'ont prouvé par le passé.
Remonter dix buts de retard en Champions League, ce n'est pas du jamais vu. C'est seulement du "vu trois fois dans l'histoire de la compétition". Les derniers à avoir réussi un pareil exploit étaient les Füchse Berlin en 2012, eux aussi en quarts de finale. Les Allemands avait alors remonté un débours de onze buts concédé sur le terrain des Espagnols d'Ademar Leon pour finalement se qualifier pour leur premier et unique Final Four de la Champions League. Leon a d'ailleurs l'habitude d'être le dindon de la farce, puisque l'équipe castillane a le mauvais rôle dans la plus grande remontée jamais réalisée dans une phase à élimination directe en Champions League. C'était juste avant les fêtes de Noël 2003 et Celje, battu 25:38 en Espagne, l'avait emporté 34:21 au retour. Et pourtant, dans l'équipe espagnole, on retrouvait des pointures comme Raul Entrerrios (absent au retour), Juanin Garcia, Roberto Garcia Parrondo ou Kasper Hvidt. La troisième équipe à avoir réussi à retourner une telle situation, ce sont les Allemands de Flensburg, qui avaient sorti Celje en huitièmes de finale en 2006/07, en l'emportant 36:26 au match retour à domicile.
Montpellier, deux retours de neuf buts
Mais en France aussi, remonter de tels écarts, on sait faire. Montpellier a réalisé deux fois l'exploit dans son inénarrable histoire européenne. Evidemment, on se souvient de cette finale retour face à Pampelune il y a 16 ans. Battus de huit buts en Espagne (27-19), les Héraultais avaient surclassé la bande à Jackson Richardson au retour (31-19), dans un palais des sports Bougnol chauffé à blanc. Rebelote deux ans plus tard en seizièmes de finale, où Michaël Guigou et ses coéquipiers avaient repris neuf buts de débours face à Kolding (29-38) pour l'emporter de onze (36-25) dans leur antre et se qualifier. Et l'ailier gauche de l'équipe de France de se souvenir : "Dans ces moments là, quand tu perds d'autant, tu es touché dans ta fierté. Tu as deux options : ou tu t'apitoies sur ton sort, ou tu as envie de montrer un autre visage. C'est ce que nous avions fait les deux fois. Le lendemain, tu as la gueule de bois, tu es mal, tu dors mal. Le voyage retour dure des jours, à la maison tu es fermé...Mais quand tu te retrouves à la reprise de l'entrainement, tu es déjà concentré."
Guigou : "Il faut que le public te suive tout de suite"
Quand arrive le jour du match, il n'y a pas de recette miracle. En 2003, le MHB n'avait remonté que quatre buts en Pampelune à la pause, alors que contre Kolding, il avait repris ses neuf longueurs d'écart après seulement trente minutes de jeu. Alors oui, il faut commencer fort mais surtout, bien gérer les moments clés du match. "Je me souviens, en 2003, dès l'échauffement, la salle était déjà à 90% remplie, les gens nous poussaient, on était presque dans un état second. Il faut surtout rentrer à fond dans le match, que le public te suive tout de suite" souligne Guigou. Des propos qui font écho à ceux de Dagur Sigurdsson, le coach de Berlin, quand il revenait il y a quelques mois sur le retournement de situation des siens face à Leon dans les médias allemands : "Toute la semaine, l'atmosphère était spéciale. On a tout de suite basculé sur le match retour, déjà dans le bus de retour de Leon, on pensait déjà à la tactique à mettre en place. La remobilisation a été d'autant plus facile qu'il y avait un Final Four à la clé. Lors du match, je me souviens que Silvio Heinevetter avait été irréel. Et il avait chauffé la salle tout seul." Le portier allemand n'avait encaissé que quatre buts sur les vingt-six premières minutes, avec 73% d'arrêts sur la première période et Leon n'avait jamais trouvé la solution face au jeu à sept proposé par les Berlinois. La machine était lancée. Et son demi-centre Iker Romero de continuer : "On avait fait l'un des pires matchs possibles à Leon. L'important était que tout le monde, absolument tout le pense, pense qu'on pouvait le faire."
"Paris a largement les moyens de le faire"
La question reste la même. Paris peut-il le faire ? Nikola Karabatic et Thierry Omeyer étaient déjà sur le terrain lors de la finale de 2003 et leur expérience, combinée à celles de leurs coéquipiers, va être cruciale dimanche après-midi. "Paris a largement les moyens d'y parvenir. Quand tu joues face à eux, tu sais que tu peux en prendre dix. Si les performances des gardiens de but et des défenses s'inversent, Paris ne sera pas loin de la vérité" prédit Guigou, avant d'appuyer sur un détail qui pourrait avoir échappé à la majorité : "On a vu que de suite après le match, Talant Dujshebaev et Aguinagalde ont dit à tout le monde de se calmer. Ils savent que rien n'est fait. Kielce ne sera sans doute pas aussi déterminé dimanche, mais c'est humain, il est compliqué de garder tout le monde sous pression quand tu as gagné de dix buts à l'aller." Il ne reste désormais plus à Paris qu'à en profiter. Très compliqué, mais finalement pas impossible.
Kevin Domas