Euro (M)
A l'Euro, la Sagosen-mania bat son plein
En Norvège, Sander Sagosen est une star, et tous les médias nationaux veulent pouvoir parler avec le demi-centre du Paris Saint-Germain. Explications du phénomène, en marge d’une conférence de presse organisée pour le joueur.
Lundi 20 janvier, 12h50, dans le hall d'un hôtel du centre de Malmö : pour la traditionnelle conférence de presse de veille de match à l’hôtel des équipes, le contingent de journalistes le plus important porte toujours les couleurs norvégiennes. Une table est préparée, les micros sont déjà placés. Un cameraman est même placé devant l’ascenseur pour guetter son ouverture. Les journalistes et les caméras représentant tous les grands médias du pays ont fait le déplacement et n’attendent qu’une personne. 12h52 : la porte de l’ascenseur s’ouvre. Sander Sagosen en sort, accompagné de l’attaché de presse de la sélection norvégienne. Le jeune homme de 24 ans passe à côté de son partenaire Petter Øverby, tranquillement installé dans un fauteuil avec un café. Le joueur assis, le chef média rappelle le programme de la conférence de presse à tous les journalistes présents : Sagosen restera dix minutes, et pas une de plus. Les autres joueurs et l’entraîneur Christian Berge seront ensuite disponibles pour la demi-heure qui suit. Un traitement de faveur pour la star ? Plutôt un moyen d’organiser un peu les sollicitations médiatiques importantes dont il fait l’objet.
« Tout le monde veut connaître son point de vue »
« C'est fou, c'est comme une conférence de presse pour le football », sourit l'ancien gardien de la sélection Ole Erevik, désormais consultant pour TV3 Norvège. Pour l'ancien portier international, notamment passé par Aix, le dispositif en place pour Sagosen est inédit pour le handball norvégien, même du côté des filles, longtemps plus populaires que les garçons. « C’est sans doute la plus grande frénésie médiatique qu’ait connue la sélection, ajoute-t-il. Il y a près de 40 journalistes et 15 caméras pour le suivre à chaque fois qu’il rencontre les médias... » « S’il n’y avait pas une conférence pour tout le monde avec lui, il en aurait pour deux heures, parce que chacun voudrait avoir un long entretien avec lui », enchaîne la journaliste norvégienne Kaja Snare, présente à Malmö pour la même chaîne de télévision, TV3.
Quand on lui demande si elle préfère une interview avec Sagosen ou le sélectionneur national Christian Berge, la journaliste hésite : « Peut-être Sagosen… Ou égalité, plutôt, parce que Christian parle davantage de tactique, ou il peut dire quelque chose sur Sander bien sûr ! » Face à un tel attrait, il est devenu nécessaire de renforcer le dispositif médiatique autour du demi-centre du Paris Saint-Germain. Ce qui est finalement logique, tant la dimension prise par le joueur est importante. « Il est la plus grosse star, il est actuellement l’un des tous meilleurs joueurs de handball au monde, souligne Kaja Snare. Tout le monde en Norvège veut connaître son point de vue sur le match, sur tout ce qui se passe autour de ce championnat. Et il donne toujours des interviews sympas ! »
Un bon client pour les médias
C’est aussi ce qui donne tant envie d’interviewer Sander Sagosen : il est un bon client pour les médias. Même pour nous à Handnews, loin d'être prioritaires en tant que média étranger : au début de la compétition, il avait bien voulu nous répondre en français sur son entrée dans la compétition, après avoir vu de nombreux médias norvégiens et de toute l'Europe défiler devant lui pendant plusieurs dizaines de minutes. « Ce n’est pas un type arrogant, confirme Snare. Il a les pieds sur terre, il a le sourire et il donne de bonnes interviews, même si tout le monde veut lui parler et même s’il est une grande star. » « Il aime cette attention médiatique, ça se voit, complète Erevik. Et il est bon dans cet exercice, je ne crois pas que ce soit un problème pour lui. » S'il se prête aussi volontiers à l'exercice, c'est peut-être car ce « garçon drôle et sympa avec qui on aime parler » aime la lumière. Dans un entretien avec le site de l'EHF en septembre, Sagosen déclarait que l'intérêt médiatique croissant porté à la sélection masculine, longtemps dans l'ombre de la sélection féminine, « est un compliment énorme car cela signifie qu'on obtient des résultats désormais. » Et il ajoutait : « C'est toujours sympa d'être mis en lumière et quand je voyais les filles passer à la télé, je me disais pourquoi pas moi ? » Une question que Sagosen ne doit plus trop se poser, ces temps-ci.
Mais au fait, de quoi a-t-il parlé dans cette conférence de presse ? « La plupart des questions portaient sur le match d’hier, la qualification en demi-finales, et sur lui, son développement à Paris et en équipe nationale, » nous traduit Kaja Snare. Mais aussi de sa prise de poids (que du muscle, on vous rassure), de sa blessure à l'adducteur contractée en octobre avec Paris et de son renforcement physique, une des raisons, selon lui, de son bon niveau depuis le début de la compétition. Puis l'attaché de presse a sifflé la fin de la conférence de presse, à 13h03. L’actuel meilleur buteur de la compétition a souhaité une bonne journée aux journalistes, et est reparti comme il est arrivé, en remontant dans l’ascenseur, non sans avoir rapidement discuté avec des coéquipiers qui attendaient leur tour. Des coéquipiers qui étaient arrivés dans le hall avant la fin de la conférence de presse de Sagosen, sans qu’il y ait de caméras pour les accueillir. Mais qui ont eu droit, eux aussi, à de longues discussions avec leurs différents médias nationaux. « La Norvège ouvre largement les conférences de presse aux médias, qui font beaucoup de sujets avec les joueurs et les entraîneurs, termine Erevik. Quand tu arrives en équipe nationale, tu apprends à aimer les médias. » Une amitié réciproque qui, vu les résultats, est amenée à durer.
A Malmö, Mickaël Georgeault avec Kevin Domas