Dossier
Transilvania Express, l’envol de Laura Kanor (2/3)
Depuis de nombreuses saisons, les joueuses françaises s’exportent dans les plus grands championnats européens et dans les clubs historiques de la ligue des champions. Cet été, encore, ces pays attirent et notamment la Roumanie.
Le deuxième épisode de ce dossier est consacré à une nouvelle interview, cette fois de Laura Kanor, qui a rejoint le Rapid Bucarest, cet été, et retrouvé sa sœur Orlane. Un choix de carrière qui lui permettra de jouer les premiers rôles chez un candidat au Final 4 européen.
Laura Kanor, a été formée au Metz Handball, après avoir fait ses classes en Guadeloupe auprès de sa sœur et de Méline Nocandy. Arrivée en 2015 au centre de formation messin, elle a alterné entre LBE et la N1F pendant quatre et a ensuite été prêtée au Stella Saint-Maur, alors en D2F, pour la saison 2019-2020, marquée par la pandémie de COVID-19.
De retour à Metz, elle prend pleinement sa place dans l’effectif premier aux côtés de Manon Houette, qui se blesse rapidement, laissant du temps de jeu à la guadeloupéenne. L’année suivant, Chloé Valentini, actuelle capitaine du Metz Handball, arrive de Besançon pour compléter l’effectif après le départ de Manon Houette vers Chambray. Pendant deux saisons, les deux ailières gauches se sont partagées le poste, faisant d’elles une paire redoutable et prolifique avec 433 buts toutes compétitions confondues.
A l’issue de la saison 2022-2023, Metz handball n’a pas souhaité conservée Laura Kanor. Ce souhait du club messin lui permet ainsi de rejoindre le club de son choix : Le Rapid Bucarest, où joue une certaine Orlane Kanor. Parmis ses nouvelles coéquipières : Ivana Kapitanovic, ex-gardienne du Metz Handball, ayant joué les premiers rôles dans la qualification au premier Final 4 d'un club français en Champions League ; Marta Lopez, élue à deux reprises meilleure ailière de la LBE lors de la période dorée de Fleury ; Lara Gonzalez Ortega, arrivée en provenance de Paris 92, cet été, ou encore Estavan Polman, championne du monde 2019 avec les Pays-Bas, élue meilleure joueuse et demi-centre de la compétition. Cette année, il va falloir compter sur le Rapid pour jouer les premiers rôles en Champions League.
Laura Kanor, un premier rôle à jouer
A l’occasion de ce dossier spécial Roumanie, Laura Kanor, nous raconte son départ et ses nouvelles ambitions dans le club de la capitale roumaine.
HN : Laura, de grandes joueuses françaises sont venues jouer en Roumanie, comme Allison Pineau, Amandine Leynaud ou plus récemment Laura Glauser, pourquoi ce choix du championnat roumain ?
LK : « Je pense que le championnat roumain devient de plus en plus attractif car, mises à part les joueuses françaises, il y a beaucoup plus de joueuses étrangères qui arrivent aussi. Le championnat devient, clairement, de plus en plus compétitif. Ce qui fait d’autant plus la différence avec les autres championnats, je pense, c’est que d’avoir des matchs à domicile ou à l’extérieur joue beaucoup. Les spectateurs, comme ceux du Rapid, font beaucoup de bruit et peuvent aider à faire la différence. C’est très intéressant et ça change de la France où il n’y a pas beaucoup de grands groupes de supporters qui peuvent vraiment faire la différence. A Metz il y en avait mais c’est un peu différent qu’au Rapid, qui est une toute autre ambiance. Enfin, le plan financier rend le championnat très attractif, on ne peut pas le nier. »
HN : Le Rapid Bucarest cherchait une ailière gauche, est-ce que rejoindre Orlane, votre sœur jumelle, a pesé dans la balance, seulement un an après son départ ?
LK : « C’est vraiment un hasard mais, oui, le Rapid cherchait une ailière gauche et ça a pesé dans la balance, mais c’est aussi comme par hasard le projet le plus intéressant pour moi, pour mon développement et pour ma carrière. Je voulais découvrir les championnats de l’étranger, et c’est effectivement plus facile d’arriver quand Orlane a déjà pris ses marques là-bas. Ça a donc été une aide mais c’était avant tout la proposition la plus intéressante que j’ai eu. Après, pour mon intégration, tout s’est très bien passé, toutes les filles du Rapid sont très gentilles, et la Roumanie c’est assez facile puisqu’il y a quelques personnes qui parlent française, beaucoup de choses sont en français et ça aide beaucoup. »
HN : Metz n’a pas souhaité vous conserver à l’issue de votre contrat, dans quel état d’esprit vous retrouvez-vous et quel sentiment vous gagne à l’idée de les affronter, à nouveau, en Champions League ?
LK : « Oui Metz n’a pas voulu me conserver, c’est juste un fait, je n’ai aucune amertume envers le club de Metz. Je pense qu’il fallait qu’ils fassent un choix donc ils l’ont fait et ça me permet de voir aussi autre chose, d’avoir de nouvelles expériences et je n’ai rien contre ce choix. Metz reste mon club formateur, où j’ai passé 8 ans, et que j’aime beaucoup. Le fait de les retrouver en Champions League, c’est clair qu’on a envie de gagner ! Ça me permettra de revenir en France, de jouer des matchs à Metz qui est aussi la ville que je connais le plus, la ville qui m’a accueilli, où j’ai quelques amis et ça m’aidera à les voir. »
HN : Chloé Valentine et Coralie Lassource sont les deux premiers choix d’Olivier Krumbholz. S’exporter dans un club comme le Rapid Bucarest va vous permettre, enfin, de jouer les premiers rôles. Pensez-vous bousculer la hiérarchie en équipe de France, à quelques mois du championnat du monde et à un an des Jeux Olympiques de Paris ?
LK : « Bousculer, je ne sais pas. Après, je ne pense pas spécialement à ça, je pense à moi, à essayer de bien m’intégrer dans l’équipe avant de penser aux JO. Après, c’est sûr que de toutes façons je vais me donner à fond pour pouvoir essayer de faire quelque chose. Mais c’est clair qu’elles sont en place depuis pas mal de temps et, je pense que leur choix sera de ne pas trop bousculer tout ce qui a déjà été fait dans le jeu et pour le groupe. Du coup je pense que pour l’instant je vais juste essayer de me concentrer sur moi et peut-être, si Dieu veut, j’aurai la chance de faire les JO mais pour l’instant ce n’est pas ma priorité, ce sera une option qui viendra en tête plus tard. »
HN : Enfin, quels sont vos ambitions et celles du Rapid Bucarest pour la saison à venir ?
LK : « Notre objectif c’est de finir championnes du championnat régulier et d’essayer de gagner les différentes coupes. En Champions League, l’objectif est de faire mieux que l’an dernier, ce qui sera bien pour le club, qui en soit peu expérimenté en Champions League. »
Pour rappel, dans son histoire, le Rapid a gagné la Coupe des clubs champions en 1964, ancêtre de la Ligue des Champions, et n’a participé qu’à deux Champions League en 2003-2004 et 2022-2023, où il a été éliminé en quart de finale par les Vipers de Kristiansand, futures championnes d’Europe.
Le Rapid débute sa campagne européenne en Norvège, aujourd’hui à 16h00, face à la Team Esberg de Nora Mørk. Les soeurs Kanor retrouveront le Metz Handball, pour la cinquième journée de Champions League, le 21 octobre aux Arènes.
Retrouvez le calendrier complet de la Champions League ici. Retrouvez le premier épisode consacré à la revue des troupes bleues en Roumanie et Amandine Balzinc ici.Thomas Mathiot