Recherche

Pas de résultat

Veuillez taper au moins 3 caractères...

LBE

Julie Le Blévec : un été pour retrouver le terrain, le rythme, et le plaisir de jouer

, par Peter

Julie Le Blévec - Metz Handball 2023-24 (Crédit : LFH)

Elle n’a pas pu porter le maillot de Saint-Amand Handball - PH cette saison. Pas de buts, pas de sprints sur l’aile, pas de matchs à haute intensité. Pourtant, Julie Le Blévec vient de livrer le combat le plus intense de sa jeune carrière : un cancer, détecté à l'été 2024, qui l’a tenue éloignée des parquets pendant de longs mois. À 24 ans, l’ancienne Messine a dû mettre sa vie sportive entre parenthèses pour mener une bataille qu’elle a relevée avec la volonté de retrouver le haut niveau, sous les couleurs de Saint-Amand.

Dans cet entretien pour Handnews, Julie Le Blévec revient sur cette année, son parcours, ces mois où tout s’est joué hors des terrains. Entre premiers symptômes, traitement, opération, reprise et soutien indéfectible de ses proches et du SAH, la handballeuse raconte son épreuve, la guérison et la force puisée dans son amour du jeu. Car désormais, l’objectif est clair : reprendre l’entraînement en juillet, retrouver le rythme, et revivre pleinement les émotions d’un match, ballon en main.

Handnews : En arrivant à Saint-Amand, nous imaginons que ce n'était pas le combat que tu souhaitais mener. Comment les choses se sont déroulées jusqu'à la pose du diagnostique ?

Julie Le Blévec : "Effectivement. Pour recontextualiser, j'ai joué deux ans à Metz, dans l'ombre avec très peu de temps de jeu. Pour autant, j'ai beaucoup appris à l'entraînement et avec mes coéquipières. Venir à Saint-Amand était l'occasion d'entrer dans un projet qui me donnerait plus de temps de jeu. J'avais hâte de pouvoir me jauger sur le terrain avec ce temps pour m'exprimer. J'ai essayé de m'accrocher pendant la préparation, même si je sentais qu'il y avait quelque chose qui n'allait pas. Tout était nouveau, le club, les coéquipières, le contexte. Le timing n'était pas forcément bon, même si je pense qu'il n'y a jamais de bon timing pour être malade. Le premier symptôme qui est apparu est la fatigue. J'étais complètement KO, dans un état de fatigue extrême. Je subissais les entraînements et le quotidien. Puis j'ai eu d'autres symptômes : le ventre gonflé et quelques autres alertes jusqu'aux douleurs très localisées. Les symptômes ont été gérés au cas par cas, avec de nombreux examens, par le staff médical et ensuite, il y a eu pose du diagnostique".

"Aujourd'hui, je vais super bien. Pendant sept semaines, j'ai effectué ma réathlétisation à Marseille, qui durait 3 heures à chaque fois. J'ai plutôt bien encaissé au niveau fatigue et plutôt bien toléré la charge de travail".

HN : Dans ce contexte particulier de ton arrivé à l'été dans ce nouveau club, comment as-tu été soutenue ?

JLB : "Dès le début, même avant le diagnostique, le club était très présent. Les médecins m'ont d'abord aidé avant de m'orienter au mieux. Après, j'ai eu le soutien de tout le monde, en haut comme en bas : le président, le staff, l'équipe. Ils m'ont rapidement dit : "tu te soignes, on t'attend". Les filles m'ont beaucoup soutenu bien que nous nous sommes si peu côtoyées".

HN : La saison a été difficile, la fin épique, comment l'as-tu vécu de maintien in extremis ?

JLB : "Pendant la saison, j'étais plutôt désolée pour elle. Je ne pouvais pas faire grand-chose pour les aider. J'ai tout de même pu assister aux trois matchs du sud car c'était pas loin d'où j'habite (ndlr : Toulon, Plan-de-Cuques et Nice). J'étais très stressée parce qu'après les deux ans à Metz et cette année, rester en LBE était un objectif important pour moi. L'équipe y a toujours cru. Ce n'était pas simple parce que nous entendions ce qui se disait à l'extérieur du groupe. Beaucoup de gens nous disait que nous n'étions pas à notre place. Mais sportivement, nous étions dernières, c'était une réalité. J'avais déjà vécu la descente avec Fleury, en 2022, et je ne voulais pas que les filles le vivent cette année. Le dernier match était spécial pour moi, je revenais pour la première fois dans le vestiaire. A la mi-temps, il y a 12 - 15 pour la Stella et les filles y croient toujours. Nous étions persuadées d'avoir les capacités pour y arriver. De mon côté, j'aspirai forcément au plus au niveau, on s'imagine toujours le meilleur. Je suis trop heureuse que les filles y soient arrivées".

HN : Après ce combat, quels sont tes objectifs à venir personnels et handballistique ?

JLB : "Il y a une double facette. Celle de l'interrogation. Je ne sais pas comment le corps va supporter le terrain, le jeu. Il faudra très certainement que je sois tolérante et patiente. Et il l'autre facette, celle où médicalement aucune limite ne a été posée. On m'a dit que tout était possible, pas de restriction. Donc je retrouve l'objectif de devenir une meilleure joueuse et de performer au service de l'équipe. Si tout est bon lors de la préparation, dès juillet, et que niveau handball tout revient, l'objectif est de reprendre la compétition en septembre. Après, c'est difficile de me jauger tant que je ne me suis pas mis en situation de jeu".

"Pour aller plus loin que le handball, la situation, la maladie m'a fait ouvrir les yeux, m'a fait grandir. Dans le handball, et dans le sport de haut niveau, parfois, nous pouvons avoir des limites mentales. Les performances peuvent être liées à ce qui se passe dans la tête. Ici, le rapport au corps était différent. Il fallait me mettre des limites physiques, me retenir, alors que la tête voulait encore plus. Je n'avais pas l'habitude, il fallait me retenir, me poser un cadre pour ne pas faire de bêtises. Ça m'a aussi ouvert les yeux sur le fait que nous sommes dans la matrice du sport performance et que le sport peut aussi apporter des aspects liés à la santé en général, et encore plus lorsqu'on a un cancer, mais aussi pour le bien-être global".

Thomas Mathiot

Nos derniers articles

0
Nous aimerions avoir votre avis, veuillez laisser un commentaire.x