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Noam Leopold, l’art de viser juste sans en dire trop

, par Lazarov

Noam LEOPOLD – HBC Nantes – Crédit photo : Aurélie Notar

Discret, réfléchi et redoutablement efficace. Noam Leopold s’impose comme une valeur sûre du HBC Nantes. Entre ses racines suisses et salvadoriennes, sa passion pour le dessin et sa soif de progression, le jeune ailier gauche trace son chemin sans faire de bruit. Sous contrat jusqu’en 2027, il se confie sur son adaptation, ses ambitions et son envie de grandir sous le maillot violet.

Le meilleur buteur du « H » n’est pas des plus bavards. Mais à quoi bon parler, quand la seule chose qui l’intéresse, c’est de prendre les matchs un à un et de les jouer comme si c’étaient les derniers ? « Je joue tous les matchs de la même manière. Puis j’aime pas réfléchir aux matchs à venir. Je connais le prochain match, à la limite celui d’après, mais pas plus », raconte l’international suisse.

Sur un terrain, ballon à la main, l’ailier de 23 ans ne calcule rien. Quatrième meilleur buteur du championnat, il est l’assurance tous risques des Ligériens en ce début de saison, avec 84 % de réussite au tir. Une régularité précieuse avant d’affronter ce soir le Dinamo Bucarest de Tom Pelayo et Samir Belhacene, pour un nouveau choc européen.

Des racines multiples et un besoin d’évasion

À plus de 1 000 km de la cité des ducs de Bretagne, dans le petit village de Bubikon, dans le canton de Zurich, Noam Leopold grandit dans une famille où l’on parle cinq langues, avec une mère salvadoro-suisse et un père suisse. Sa mère est depuis retournée vivre au Salvador avec sa petite sœur et son beau-père, un pays où Noam aime se rendre dès qu’il le peut.« J’adore aller au Salvador. C’est mon spot pour vraiment déconnecter. Dès que je sors de l’aéroport, je me sens bien. Là-bas, je retrouve ma famille, mes chiens, et je peux juste éteindre le quotidien, changer d’air. Ça me fait énormément de bien. »

Issu d’une famille de gymnastes et d’un père ancien professionnel de télémark (discipline de ski à talon libre), Noam a lui aussi chaussé les skis dès son plus jeune âge. Il a même participé à quelques compétitions lorsqu’il avait 12 ou 13 ans.

Noam Leopold en compétition de ski - Crédits : Noam Léopold

Mais  pourtant c'est vers le handball que Noam se tourne. « J’ai commencé le handball à six ans dans un petit club tout près de chez moi. C’était juste pour découvrir. Et puis je suis tombé amoureux de ça direct. Ensuite, je suis parti à Stäfa, où j’ai fait mes débuts professionnels à 16 ans, en deuxième division suisse. »

D’abord formé sur la base arrière, jugé trop petit du haut de son mètre quatre-vingt-six, Noam Léopold trouve finalement sa place sur l’aile gauche. Il passe un cap en rejoignant Winterthur en 2021, sous la houlette de Goran Cvetkovic, un entraîneur qui l’a profondément marqué. Il découvre l’EHF Cup, où il inscrit 60 buts lors de la saison 2023-2024. Mais son appétit n’ayant pas de limite, il voit plus grand.« Avec mon agent, on a commencé à travailler dans ma dernière année pour m’exporter, et assez rapidement, le HBC Nantes a montré son intérêt. On était tôt dans la saison, je n’avais pas d’autre proposition. Mais quand on est Suisse et que Nantes vous appelle, on ne réfléchit pas : on fonce. »

Noam Leopold dans les catégories jeunes - Crédits : Noam Leopold

Nantes, un nouvel équilibre

Son adaptation à la vie nantaise s’est faite en douceur. « La langue, c’était pas un problème du tout. Le français, c’est ma langue maternelle. C’est celle que je préfère parler, bien plus que l’allemand, pour être honnête », sourit-il.

Rapidement intégré dans le vestiaire, Noam se sent bien. Le plus difficile, au début, c’était la distance avec sa fiancée : « Elle n’était pas encore avec moi à l’époque, donc c’était un peu dur d’être seul à la maison. On se voyait deux ou trois jours par mois, pas plus. »Depuis cet été, la situation a changé :« Elle m’a rejoint. Maintenant, elle est là trois semaines sur quatre, et c’est beaucoup plus agréable comme ça. »

Quand il n’est pas au hand, Noam profite de la douceur nantaise. « J’aime bien Nantes. C’est pas trop grand, assez tranquille. Je suis pas souvent sur place à cause des matchs, mais quand j’y suis, je profite. » Grand amateur de sushis, il aime retrouver Thibaud Briet, Aymeric Minne, Julien Bos et Théo Avelange-Demouge pour partager un repas au « Tokyo », son restaurant préféré du centre-ville nantais, ou pour des soirées jeux de société entre coéquipiers.

En rejoignant le HBC Nantes, Noam Leopold a rapidement mesuré la différence de niveau entre la France et la Suisse. « Le niveau général est beaucoup plus élevé ici. En Suisse, tu as deux ou trois très bons joueurs par équipe, mais aussi pas mal de gars qui ne sont pas pros et qui font autre chose à côté. En France, c’est une autre dimension. » Ce qui l’a le plus marqué ? L’intensité. « La physicalité, la vitesse, les gardiens… tout change. Et puis il y a les déplacements, surtout avec la Ligue des Champions. Ça modifie complètement la façon dont tu récupères, dont tu gères ta vie. Le rythme, la qualité des joueurs et la pression, c’est vraiment un autre monde. »

Noam Leopold au ski - Crédits : Noam Léopold

Un joueur réfléchi

En dehors du handball, Noam cultive d’autres passions plus calmes, mais tout aussi débordantes. Depuis tout petit, il aime se perdre dans les bouquins :« C’est une façon de voyager, de plonger dans d’autres mondes et d’éteindre un peu le cerveau. »

Il retrouve cette même évasion dans le dessin : « Le dessin, ça a toujours été une passion. Mais c’est vraiment à 19 ans que je me suis mis sérieusement aux mangas et à la bande dessinée. Depuis, j’essaie de progresser là-dedans. »
Aujourd’hui, il travaille sur sa troisième BD, un projet personnel qu’il développe depuis plusieurs années. « J’invente des personnages, des histoires… C’est quelque chose que je garde pour moi, mais peut-être qu’un jour, je les publierai quand j’aurai le temps », rit l'international.

Le travail avant tout

Sur un terrain, le jeune brun à lunettes ne laisse rien au hasard. Adolescent, il passait des heures sur YouTube à observer les plus grands ailiers. « J’essayais de copier des shoots. C’est comme ça que j’ai appris, en regardant Uwe Gensheimer, Emil Jacobsen ou encore les Experts. » Toujours en quête de progression, il s’intéresse à la nutrition, à la performance et à l’athlétisme. Chaque matin, il commence sa journée par une séance de méditation pour se recentrer, un rituel qui lui permet de garder la tête froide dans les moments chauds.

Aujourd’hui, il n’est plus une surprise de voir Noam Leopold débuter les matchs. Lorsqu’on évoque avec lui un éventuel passage de flambeau sur l’aile gauche avec le capitaine emblématique Valero Rivera, il balaye cette idée d’un revers de main. « Valero, depuis le début, il m’a vraiment bien accueilli. C’est un très bon gars, toujours là quand j’ai une question ou un problème. J’apprécie ça. Sur le terrain, on essaie tous les deux d’aider l’équipe du mieux possible, et le reste, c’est au staff de gérer. »

Sous contrat jusqu’en 2027 avec le « H », le Suisse reste évasif quant à son avenir. « Pour l’instant, il n’y a pas eu de discussion très concrète. Je ne me prends pas trop la tête avec le futur. Je veux surtout aider l’équipe à atteindre ses objectifs et gagner le plus de matchs possible. On verra bien où ça nous mène. »

Sans vraiment le dire, il laisse tout de même entendre qu’il se sent bien à Nantes. Il espère avec le temps, endosser davantage de responsabilités sous le maillot violet. Une ambition mesurée, fidèle à l’image d’un joueur discret, plus prompt à s’exprimer sur le terrain que sur les réseaux, et à sa philosophie qui le guide : un match à la fois.

                                                                                                                                                           Ilann Thuel

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