France - Croatie, les retrouvailles

Ce soir, la France et la Croatie se retrouveront pour ce qui s'apparente, déjà, à un huitième de finale. Un nouvel épisode dans une saga qui a rythmé l'histoire du handball moderne.

Sur les vingt dernières années, l'équipe de France et celle de Croatie se sont rencontrées vingt-cinq fois, dont dix-huit fois en compétition officielle. C'est dire si leurs histoires respectives ont été marquées par ces affrontements, qui ne laissent jamais de marbre. "Ce sont de belles retrouvailles, mon parcours professionnel est jalonné de ces affrontements avec la Croatie" se souvient Claude Onesta. "En matière de handball, ce sont des gens qui montrent notre sport de manière magnifique". Et ce malgré un palmarès quasiment nul et vierge sur ces dix dernières années. Son dernier titre remonte aux JO de 2004 à Athènes, le reste de ses résultats récents étant une litanie de médailles d'argent et de bronze (7 sur les douze dernières compétitions). Le pire résultat croate sur ces dix dernières années reste la sixième place au Mondial qatari. "On doit du respect au handball croate, qui a traversé ces dix dernières années une des plus grandes périodes de son histoire, avec une équipe et des joueurs exceptionnels, les Balic, les Metlicic..." détaille le sélectionneur. "Ils n'ont juste pas eu de chance de tomber sur une génération de Français exceptionnels. Les Français auraient été plus normaux, les Croates auraient gagné cinq ou six titres de plus. C'est le genre d'adversaire qui te pousse à être aussi bon".

Deux profils similaires

Et forcément, avec autant de rendez-vous marquants, chacun y va de son souvenir favori. Si Claude Onesta dit avoir été marqué par la demi-finale des jeux de Pékin en 2008, Nikola Karabatic se souvient, lui, de la finale du Mondial emportée à Zagreb face à une Croatie pourtant poussée par 15 000 supporters en fusion. "Un match très agressif, très engagé face à une équipe croate à domicile" se souvient-il. "L'ambiance était incroyable, avec tous les fans qui nous sifflaient, c'était beau". L'ambiance de la TAURON Arena demain sera certainement un peu plus feutrée, les locaux se réservant pour le match de leurs favoris face à la Norvège plus tard dans la soirée. Face à face, à 18h15, deux équipes aux profils similaires, rajeunies mais avec quand même quelques stars. Les Croates s'appellent Domagoj Duvnjak, Mirko Alilovic et Manuel Strlek, actuel troisième meilleur buteur du tournoi. Ils encadrent avec assurance les jeunes pousses, à l'image d'Ivan Sliskovic, précieux en sortie de banc, et surtout Marino Maric (photo de gauche), époustouflant depuis le début de la saison avec Melsungen et qui remet le couvert en ce moment en Pologne. "Il y a de la qualité à tous les postes mais il faut désormais voir ce qu'ils vont donner dans des conditions un peu plus difficiles" confiait Claude Onesta en conférence de presse.

Tout le monde est remobilisé

Sur les forces en présence, en tout cas, le sélectionneur est rassuré et pourra compter sur seize joueurs remobilisés après la revue d'effectif face à la Biélorussie. Daniel Narcisse, notamment, a reçu les éloges de Claude Onesta ce matin : "On l'a utilisé hier dans un rôle qui n'est pas le plus prestigieux, mais qu'il a accepté. Je ne suis pas sûr que beaucoup de petites stars de cet Euro n'auraient rien dit si on leur demandait de jouer avec des gamins pendant trente minutes". Valentin Porte, quant à lui, semble en perte de vitesse après un début d'Euro dans le bon ton. Après avoir pris la foudre, comme ses coéquipiers, face à la Pologne, il semble frustré et pressé de se racheter. Trop ? "Il veut tellement se racheter qu'il se met trop de pression. Je lui ai dit de recommencer à sourire parce qu'il allait finir par devenir désagréable...". Une victoire demain soir face aux Croates remettrait-elle le sourire sur les lèvres du gaucher ?

A Cracovie, Kevin Domas