EDF
Rencontre avec Captain Fernand
Capitaine emblématique des Bleus depuis 2008 , "Fernand" cumule 378 sélections pour 1447 buts inscrits depuis ses débuts en 1997. Absent jusque la fin de la saison suite à une blessure au genou survenue en demi finale de la Coupe de la Ligue le 28 mars dernier contre Dunkerque , HandNews a rencontré Jérôme Fernandez pour faire le point sur son extraordinaire carrière en club ainsi qu'en équipe nationale , son futur club et ses projets hors handball.
HN: Bonjour Jérôme, peux tu nous parler de ton long parcours en club ? Jérôme Fernandez: J’ai été formé aux Girondins de Bordeaux par Boro Golic entre 1993 et 1997. J’y ai joué mes premiers matchs de 1ère Division dont notamment le premier contre l’OM-Vitrolles en 1995. J’en garde un souvenir impérissable, d’abord car la défaite avait été cuisante (41-19), mais surtout car j’avais joué contre de nombreux joueurs de l’équipe de France qui étaient mes modèles à l’époque et j’avais inscrit trois buts.
Ensuite je suis parti à Toulouse en 1997 avec qui j’ai signé mon premier contrat professionnel. Ca a été une saison fantastique pour deux raisons. La première est qu'en novembre, j’ai porté pour la première fois le maillot de l’équipe de France à l’âge de 20 ans et la seconde est que nous avons remporté la Coupe de France qui fut le premier titre de ma carrière.
En 1999, j’ai signé à Montpellier. J’y ai découvert le haut niveau européen avec la Champion’s League et j’y ai étoffé mon palmarès en remportant deux titres de Champion de France et trois Coupes de France.
En 2002, je me suis exilé au Barça. Je réalisais à ce moment-là le rêve de ma carrière club. Le Barça est pour moi le plus grand club du monde et j’ai eu la chance de porter le maillot Blaugrana pendant six saisons. J’y suis allé pour remporter la Ligue des Champions et mon souhait est devenu réalité en 2005 contre Ciudad Real, le club qui allait m’accueillir en 2008 après que le directeur sportif du Barça ait décidé de me pousser vers la sortie. Finalement ça a été une grande réussite car j’y ai remporté deux titres de champion d’Espagne et surtout une deuxième Ligue des Champions contre Kiel. J’ai d’ailleurs été élu meilleur arrière gauche de la Liga lors des deux saisons que j’ai passé au pays de « Don Quijote ».
Le sort a voulu que je parte en septembre 2010 à Kiel. La crise économique en Espagne et la blessure de Daniel (Narcisse) m’ont amené à découvrir la Bundesliga durant quelques mois. Ce fut une aventure fantastique car Kiel est la Mecque du Handball. J’ai joué devant 10 000 spectateurs à chaque match, quelque soit l’adversaire ou la compétition.
En Mai 2011, je suis revenu à Toulouse pensant y finir ma carrière et m’installer durablement. Et finalement, je vais continuer ma vie de handballeur à Aix à partir de Juillet 2015.
Jouer la coupe d’Europe avec Aix à partir de 2017/2018
HN: Quel est le club le plus fort dans lequel tu as évolué ? JF: En terme de palmarès, c’est le Barça. Mais la meilleure équipe dans laquelle j’ai évolué, c’est et ça restera Ciudad Real.
HN: Pourquoi es tu revenu à Toulouse douze ans après avoir quitté la ville rose ? JF: Je suis revenu pour 2 raisons. La première pour revenir dans le club de mes débuts professionnels où je savais que je me plairais et la deuxième pour être au plus près de ma mère qui était atteinte d’un cancer, pour l’accompagner dans sa maladie, mon père étant décédé de la même maladie quelques mois auparavant.
HN: Tu viens de signer à Aix en Provence pour quatre ans. Quel est le projet sportif de ta future équipe ? JF: Progresser dans la hiérarchie nationale afin de jouer la coupe d’Europe à partir de 2017/2018 dans le nouveau Palais des Sports.
HN: Que penses tu de l'évolution de la LNH ? JF: La LNH est en constante progression depuis 4/5 ans et peut devenir l’équivalent de la Liga ASOBAL des années 90/2000.
J’espérais faire carrière en 1ère Division et avoir l’honneur d’être sélectionné à quelques reprises.
HN: Tu as débuté en équipe nationale en 1997 est ce que tu pensais à ce moment là faire une carrière aussi riche avec le maillot de l'équipe de France ? JF: Pas du tout. Pour tout dire j’espérais faire carrière en 1ère Division et avoir l’honneur d’être sélectionné à quelques reprises. La réalité a dépassé de loin toutes mes espérances.
HN: Tu as récolté neuf médailles d'or en autant de finales. Comment expliques tu une telle réussite ? JF: Il y a forcément une part de chance. J’ai surtout eu le privilège de jouer avec les meilleurs joueurs réunis dans une même selection et ça, c’est très rare.
HN: Un monument comme Didier Dinart prend sa retraite sportive et il est remplacé au pied levé par Luka Karabatic qui s'impose comme le nouveau fer de lance de la défense française. Quel est le secret ? Tout d’abord, nous avons la chance d’avoir un grand réservoir de joueurs de qualité en France. Ensuite il faut féliciter le staff d’avoir misé sur Luka qui a démarré sa carrière de handball sur le tard. Enfin, je pense que la qualité du groupe et de l’intégration des jeunes joueurs a aussi beaucoup compté.
HN: Si tu es encore performant lors des deux prochaines saisons, est il possible d'imaginer Jérome Fernandez aux Jeux Olympiques de Rio en 2016 et aux championnats du Monde en 2017 ? JF: En ce qui concerne les JO, j’espère faire partie des 15 choisis par le staff, même remplaçant (rires). Par contre, j’ai eu la chance d’avoir une carrière très longue et très riche en titres donc je pense et je souhaite que les jeunes comme William (Accambray), Mathieu (Grébille) et Tim (N'Guessan) vivent le Mondial 2017 et écrivent leur histoire.
HN: Penses tu que la formation française à une longueur d'avance sur ses concurrents ? JF: Non, je pense que la France a eu dans ses rangs quelques uns des meilleurs joueurs du monde pendant 20 ans. Tous ces grands joueurs ont su cohabiter pour aller chercher dix titres. On verra si ça continue comme ça encore quelques temps. Mais ça n’empêche pas que la formation en France est de qualité.
Le Mondial de Croatie en 2009 fut l’apogée de notre équipe
HN: Peux tu constituer un sept majeur français ? JF: Omeyer , Guigou, Anquetil, Kervadec, Fernandez, Karabatic et Stoechlin
HN: Même question mais avec des amis ? JF: Omeyer, Busselier , Anquetil , Kempé , Fernandez , Burdet ,G. Gille
HN: Qui sont les plus grands joueurs français, toutes époques confondues, pour toi ? JF: Thierry Omeyer , Nikola Karabatic et Jackson Richardson.
HN: Et en terme de joueur étranger ? JF: Sans hésiter, Olafur Stefansson.
HN: As tu un regret dans ta carrière ? JF: Oh non, aucun.
HN: Ton meilleur souvenir ? JF: Le Mondial de Croatie en 2009, ce fut l’apogée de notre équipe et mon premier titre comme capitaine.
HN: Tu es associé avec Christophe Kempe en tant que distributeur de la marque colibrisport, peux tu nous présenter cette marque ? C’est une marque de protection musculaire que j’utilise depuis 2008. Je connais bien les créateurs de la marque et je me suis engagé à leur côté pour vendre la marque en France. Ce sont des produits de très grande qualité qui sont très confortables et qui y sont sûrement pour quelque chose dans la longévité de ma carrière. Nos produits sont bien évidemment utiles pour les sportifs de haut niveau mais encore plus pour les sportifs amateurs qui veulent pratiquer sans crampe, contracture ou autres courbatures.
HN: As tu quelque chose à rajouter ? Depuis 2011, j’ai investi dans plusieurs projets, notamment dans le sport. Pour les fans de sport et de hand, vous pouvez me rejoindre sur Goaleo. C’est la nouvelle plateforme interactive dédiée au sport et aux sportifs. Pour les fans de glisse sur l’eau, je vous invite à connaître Ecomoana. C’est une marque de Stand Up Paddle de grande qualité pour surfer dans les vagues ou pour naviguer dans les criques ou sur les lacs. Et prochainement je vous parlerai d’un autre projet qui me tient à cœur lié à la préparation physique et au suivi du sportif selon son patrimoine génétique. Mais je ne vous en dis pas plus…
Interview réalisée par Christophe Corion