LNH - Selestat
J-L Le Gall : "Il nous manque de la régularité"
Avec sept nouveaux joueurs arrivés cet été, Sélestat a mis du temps avant de trouver ses marques dans le championnat. Treizièmes à la trêve avec six points, les hommes de Jean-Luc Le Gall savent que le maintien sera compliqué à aller chercher. Leur coach, dans sa septième saison au club, tire pour nous les enseignements de la première moitié de saison.
- Jean-Luc, le bilan que vous tirez de la première partie de saison de Sélestat est-il positif ou négatif ?
- Non, le bilan n'est pas positif puisqu'il nous manque quelques points pour être bien. Avec deux victoires et quatre points en plus, on aurait été plus en adéquation avec ce que l'on espérait.
- Ces points perdus, ne les avez-vous pas laissé filer à domicile, où vous n'avez enregistré qu'une victoire ?
- Clairement si, et plus particulièrement face à Chambéry, Dunkerque, Aix et Toulouse. Sur ces quatre matchs, on n'est pas loin mais ils nous échappent. Mais les quatre rencontres sont tombées au milieu d'une grosse série de blessures, et il nous a manqué des rotations pour faire des résultats. Avec deux victoires sur ces quatre matchs, on serait bien sûr mieux au classement.
- Comment expliquez-vous l'irrégularité de Sélestat au niveau des résultats ?
- Dans beaucoup de nos rencontres, nous avons été pénalisés par un manque de régularité et aussi par le manque de rotations. Sur le poste d'arrière gauche par exemple, Igor Vujic n'a joué qu'un match avec nous tandis que Rudi Seri n'en a joué que sept. On a aussi fait des matchs avec nos deux arrières droit blessés...C'est forcément plus pénalisant pour des équipes comme nous, qui ne possèdent pas une grosse expérience commune. Et quand on a plus de blessés, on est moins frais physiquement, donc on rate plus de shoots.
- La dernière victoire avant la trêve, à Cesson, est-elle porteuse d'espoirs pour la suite ?
- Ce serait prétentieux de dire que cette victoire n'a pas été une surprise, mais j'avais constaté du mieux depuis plusieurs matchs avant celui de Cesson. On travaille régulièrement sur ce manque de régularité, et j'ai l'impression que depuis la défaite chez nous face à Toulouse (22-26), on est mieux dans ce secteur. A Nantes on fait un bon match, on s'incline avec beaucoup d'absents, face au PSG, même si le score peut laisser penser qu'on n'a pas existé, les garçons se sont battus. Mais les Parisiens ont eu une réussite maximale, ils doivent perdre deux ballons en soixante minutes. Comme les garçons sont restés dans le même état d'esprit à Cesson, on a pu revenir avec la victoire. De toute façon, on est condamnés à réussir des coups, à aller gagner chez des équipes au dessus de nous au classement, pour espérer se maintenir.
"J'espère que la deuxième moitié de saison va montrer les progrès que nous avons fait"
- Vous avez engagé sept nouveaux joueurs cet été, quelles sont les satisfactions et les déceptions ?
- Igor Vujic, sur le poste d'arrière gauche, n'a joué qu'un seul match avec nous, et il sera notre première recrue à la reprise. On a gagné des matchs quand Frédéric Beauregard a été performant sur ce poste, mais c'est difficile de lui demander d'être régulier quand on sait qu'il est le seul arrière gauche depuis deux mois. Le retour d'Igor Vujic va permettre à Frédéric d'être plus performant en proposant une rotation. Florent Joli avait très bien débuté avant de se blesser, et à son retour il avait un peu perdu son handball. Il a réussi deux bons derniers matchs, face au PSG et à Cesson. Que ce soit pour lui ou pour Samuel Clémentia, cela prend un peu de temps de reprendre le niveau LNH quand on était en N1 la saison passée. Alors quand en plus on rajoute les blessures...Radu Ghita (photo de gauche) a lui pris ses marques, il a joué les cinq premiers matchs de la saison blessé à la main, mais il est capable d'apporter beaucoup sur cette seconde partie de saison.
- La grande satisfaction pour vous doit quand même être Snorri Gudjonsson...
- Oui, c'est vrai que Snorri nous a apporté beaucoup, mais l'équipe a perdu de sa prise d'initiatives au fur et à mesure que Snorri s'est imposé. De part son apport en matière de scoring, les autres joueurs ont inconsciemment pensé qu'il pouvait nous sortir de tous les mauvais pas. On attendait de lui qu'il soit un leader, mais pas au point que les autres perdent leurs initiatives, et c'est quelque chose qu'on a corrigé aux alentours de la huitième, neuvième journée. A Tremblay, j'ai volontairement sorti Snorri au bout d'un quart d'heure pour que les autres prennent leurs responsabilités. On a changé de comportement après, on a amené plus de ballons aux ailes sur les derniers matchs.
- Richard Kappelin et Thierry Fleurival ont-ils eu le rôle défensif que vous attendiez ?
- Richard a évolué au niveau de l'équipe et j'attends de lui qu'il monte en puissance dans la seconde partie de saison, à l'image de la défense toute entière d'ailleurs. On a eu beaucoup de soucis en début de saison, ce qui explique que nous soyons l'équipe qui a pris le plus de buts en LNH. Mais les joueurs ont fait beaucoup d'efforts, pour se parler, pour trouver les réglages. On a quand même perdu Guynel Pintor à l'intersaison, qui était un pilier non seulement en dehors du terrain mais aussi dans notre défense. Avec Thierry, il a fallu trouver de nouveaux réglages, avec beaucoup de joueurs qui ne se connaissaient pas avant. J'espère que la deuxième moitié de saison va montrer les progrès que nous avons fait dans ce secteur.
"Faire des coups face aux plus gros"
- Est-ce que la nouvelle dimension qu'a pris Frédéric Beauregard (photo de droite) vous a surpris, sachant qu'il n'avait pas beaucoup joué les deux dernières saisons derrière Pawel Podsiadlo ?
- Cela ne m'a pas surpris, et je dirais même que c'est quelque chose que j'attendais, ce qui a motivé sa nomination en tant que capitaine. On savait qu'il voulait amener beaucoup à cette équipe, mais qu'il lui fallait pour cela être plus fort mentalement. Il ne s'est pas échappé, il a assumé ses responsabilités quand l'équipe avait besoin de lui. Les moments où il a été en difficulté, c'est quand on a manqué de rotations.
- Et les blessures, vous avez eu votre dose pendant cette phase aller...
- Ah ça clairement ! On sait dès le départ que c'est quelque chose qui fait partie du sport, mais je n'ai pas le souvenir d'en avoir eu autant dans mon effectif qu'en cette première moitié de saison. A part peut être en fin de saison dernière...Les blessures sont extrêmement pénalisantes pour les équipes comme nous qui n'avons pas une profondeur de banc démesurée. Et la LNH a une telle densité que si vous arrivez diminué sur une rencontre, même contre une équipe sensée être prenable, vous pouvez vous retrouver à perdre.
- Vous avez annoncé avoir renouvelé les contrats de Frédéric Beauregard (3 ans) et Olivier Jung (2 ans). Beaucoup de joueurs de votre effectif sont en fin de contrat en juin ou avec des options à lever, avez-vous déjà décidé de leur futur ?
- Il y a encore trop d'inconnues pour s'avancer. Traditionnellement, le mois de janvier est propice aux discussions avec les joueurs quant à leur futur. Mais c'est compliqué de prendre une décision sans savoir quel est notre futur sportif. On a discuté avec les joueurs, mais nous n'avons pour l'instant rien signé de plus que Frédéric et Olivier. Cela devrait se décanter quand notre horizon sera plus dégagé et que nous aurons plus de visibilité.
- Vous allez reprendre le championnat en jouant Chambéry, Montpellier, Nantes, Dunkerque et le PSG sur les six premières journées. N'avez-vous pas peur de vous retrouver décrochés à l'issue de cette grosse série ?
- Non, ce n'est pas forcément ça qui me fait peur. Le calendrier est comme il est, et il va falloir faire avec. On sait qu'il va falloir l'emporter face aux clubs qui sont jusqu'à la neuvième place, Istres, Créteil, Toulouse, Nîmes, Aix...Et en plus de ça, il va falloir faire des coups face aux plus gros. Là où je pense que le calendrier nous est défavorable, c'est que Créteil, Istres ou Toulouse vont jouer les plus gros après la vingtième journée, et ils pourraient aussi affronter des équipes qui n'auraient plus grand chose à jouer. On sait que quand une équipe ne peut pas aller chercher l'Europe ou a déjà assuré son maintien, ce n'est pas la même chose...Nous on va jouer tous les gros quand ils seront encore en course pour l'Europe.
Propos recueillis par Kevin Domas