LNH - St Raphaël
J. Da Silva : "Le chemin est encore long"
Troisième à mi-parcours, Joël Da Silva ne pouvait guère rêver mieux pour sa première saison avec Saint Raphaël, avec notamment des victoires probantes face au PSG et à Dunkerque.. Mais l'ancien coach du FENIX reste mesuré et humble face à la menace représentée par les autres concurrents aux places européennes.
- Joël, on imagine que le bilan de la première partie de saison est plutôt positif pour vous...
- Il est même très positif, surtout que je suis arrivé dans un nouveau club cet été. Avoir des résultats probants presque immédiatement permet de se mettre en confiance et de créer une bonne dynamique, ce que l'on espère toujours quand on prend en main un nouveau groupe. Les joueurs ont cru au projet proposé, ils ont été réactifs et travailleurs, ce qui nous permet d'être troisièmes à mi-parcours.
- Est-ce que cette troisième place est d'autant plus savoureuse que vous avez perdu Jan Stehlik et Geoffroy Krantz pour une longue durée ?
- Malheureusement ce sont des choses qui font partie des aléas d'une saison. On n'est jamais à l'abri d'une suspension ou d'une blessure de longue durée. Il a fallu être réactifs et les joueurs sont restés concentrés sur le projet malgré tout cela. Nous, le staff, avons été dans l'obligation de trouver de nouvelles rotations pour maintenir la compétitivité de l'effectif. On ne peut que se féliciter que tout le monde ait su faire front face à ces soucis.
- Le fait que le groupe se connaissait déjà la saison dernière est-il clairement un avantage cette année ?
- Effectivement, l'effectif n'a que très peu bougé cette saison. Wissem Hmam nous a apporté sa culture de la gagne et son investissement. Son expérience acquise après de nombreuses années à Montpellier a forcément été bénéfique pour tout le monde. Le groupe est revanchard par rapport à la saison passée, avec la volonté de montrer qu'ils sont capables de faire mieux. Cette stabilité nous a clairement fait gagner du temps et permis d'avancer plus vite.
- Quels leviers avez-vous alors actionné pour obtenir de meilleurs résultats avec un groupe presque inchangé ?
- Nous avons beaucoup insisté sur l'état d'esprit, sur la notion de plaisir de jouer, de plaisir de venir s'entrainer. Les joueurs avaient, en début de saison, envie de prouver à eux mêmes qu'ils valaient mieux que la sixième place obtenue en fin de saison dernière. Nous avons beaucoup échangé tout au long de cette première partie de saison, pour savoir comment ils étaient mentalement, quels étaient leurs objectifs ou leurs ressentis. Le staff a surtout travaillé au niveau mental, en basant sur les échanges et les discussions, en insistant pour que les joueurs recréent des liens entre eux, qu'ils retrouvent du plaisir à passer du temps à passer ensemble. Les résultats sont pour l'instant probants, la confiance est là et nous sommes sur une bonne dynamique, qui j'espère ne va pas s'inverser sur la suite de la saison.
"Le chantier défensif nécessite beaucoup de travail"
- En début de saison, vous présentiez le projet défensif comme axe majeur de travail.. Pensez-vous avoir progressé dans ce domaine ?
- Si on s'en tient aux chiffres purs, il est évident que non, puisque nous sommes la deuxième plus mauvaise défense avec plus de trente buts encaissés par match. Ce chantier défensif est problématique puisqu'il nécessite beaucoup de travail, beaucoup de réglages et qu'il faut y mettre beaucoup de conviction. C'est une entreprise de longue haleine et cinq, six mois, c'est un peu juste pour juger nos progrès. Nous nous sommes de nouveau attelés à travailler sur ce point dans cette préparation de janvier, nous allons encore y passer beaucoup de temps. On sait qu'on peut marquer beaucoup de buts, maintenant il faut essayer d'en prendre un peu moins.
- Cela vous parait une condition sine qua non pour arriver à attraper l'Europe en fin de saison ?
- Cela passera par là en tout cas, c'est évident. La concurrence est rude, le championnat est dense, et la capacité à bien défendre doit nous permettre de gagner des matchs. Plus on défendra bien, plus on pourra développer un jeu sur grand espace, et plus on pourra avoir des opportunités faciles pour l'emporter.
- Vous parliez de l'apport de Wissem Hmam, êtes-vous satisfait de son implication dans le projet défensif ?
- Wissem apporte beaucoup, il partage et donne beaucoup de lui même pour le groupe. C'est quelqu'un qui communique tout le temps, même dans la vie de tout les jours. Il a beaucoup appris à Montpellier et il est notre pierre angulaire en défense. Même si pour l'instant il n'y a pas suffisamment de résultats dans ce domaine, il remplit parfaitement le rôle que je lui ai demandé. Je suis très content de travailler avec lui au quotidien, il nous apporte sa culture de la gagne et sa connaissance du handball, et je crois que toute l'équipe en profite.
"Retrouver l'Europe est l'ambition du club cette saison"
- Avoir moins de joueurs impliqués par le Mondial que vos adversaires directs vous parait-il un avantage pour la suite du championnat ?
- Nous avons quatre joueurs impliqués par cette compétition internationale, même si Morten n'a pas pu s'y rendre finalement. Vu que notre effectif est court, nos rotations s'en ressentent forcément, que ce soit à l'entrainement ou sur les matchs amicaux. Nous avons mis à profit cette période pour repréciser aux joueurs ce que l'on attend d'eux, et j'en ai profité pour amener quelques jeunes du centre de formation avec nous. Avec les blessures et les suspensions, il est toujours bon d'avoir des jeunes capables d'intégrer l'effectif. Certains ont montré des choses intéressantes et je vais les garder à l’œil.
- Améliorer votre capacité à ne pas perdre à l'extérieur fait-il aussi partie de vos objectifs sur cette deuxième partie de saison ?
- Nous n'avons pas perdu de points face à des équipes qui sont en lutte pour le maintien sur le début du championnat, et il va falloir continuer ainsi. Nous avons perdu à Chambéry, à Nantes, des défaites qui me semblent logiques au vue de la physionomie des matchs. On fait nul à Tremblay, mais un nul qui ne me laisse pas trop de regrets. Le match aurait pu tourner dans les deux sens et on s'en sort avec un point, ce qui n'est pas mal. Nous n'avons perdu qu'une fois à domicile face à Montpellier, et nous n'avons pas fait une seconde période suffisamment bonne pour espérer l'emporter. Il faut savoir rester lucide, et se dire que le chemin est encore long, et que prendre les points que ce soit à la maison ou à l'extérieur, va être compliqué.
- Si je vous demande vos adversaires dans la course à l'Europe vous me dites...?
- Nantes, Dunkerque, Chambéry, Cesson qui peut venir jouer les trouble fêtes, Toulouse qui va sans doute vouloir se racheter de son début de saison...Notre troisième place n'a pas véritablement de sens, elle ne fait que valider notre très bonne première partie de saison. Le championnat est très compliqué, il y a beaucoup de prétendants et peu d'élus pour les places européennes. Retrouver la coupe d'Europe est l'ambition du club cette saison, et nous n'aurons plus que le championnat et la coupe de France à nous préoccuper. Ne jouer qu'un match par semaine, par rapport à certains de nos adversaires encore en course en coupe d'Europe à l'heure qu'il est, pourrait être un avantage, on verra...
- Vous reprenez la compétition dans quinze jours avec la coupe de France. Est-ce que ce trophée peut être un véritable objectif ?
- Nous n'avons en tout cas aucune intention de la mettre de côté ou de la brader. C'est une compétition où il y a trop de variables et d'incertitudes pour compter dessus pour attraper l'Europe. Le tirage au sort, le fait de jouer à domicile ou à l'extérieur, on ne gère pas tout ça. Ce qui est sûr, c'est que je compte sur les joueurs pour s'y engager au maximum. On commence à Rodez la semaine prochaine, cela ne sera pas facile, on verra si on arrive à se qualifier et ce que nous réserve la suite.
Photos et propos recueillis par Kevin Domas