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Pro D2

J. Richardson : "Je ne suis pas magicien"

, par Mocanu

Richardson 2 L’annonce de son arrivée sur le banc de Dijon avait suscité un enthousiasme à la hauteur de l’empreinte qu’il a laissé sur le handball hexagonal. Alors qu’il est de retour de stage à la Toussuire avec le DBHB, Jackson Richardson évoque ses premières semaines dans la peau d’entraîneur numéro un, et nous parle également de la LNH, du PSG et de son activité de consultant sur BeIN Sports.

Crédit photo : Jean-Pierre Riboli
Crédit photo : Jean-Pierre Riboli

Jackson, quel bilan tires-tu du stage de ton équipe à la Toussuire ?

Le stage s’est très bien passé. On a pu profiter de conditions idéales pour travailler. Les joueurs ont fourni les efforts qu’on attendait d’eux. Ils se sont bien investis pendant le stage, que ce soit dans les exercices cardios ou dans la muscu.

Le travail physique sous la houlette d’Alain Quintallet n’a-t-il pas été trop éprouvant pour les organismes ?

Certains joueurs n’avaient pas forcément l’habitude de la méthode Quintallet ! Ils sont contents de pouvoir bénéficier de l’expérience et de l’expertise d’une personne comme Alain. On récoltera bientôt le fruit de tout ce travail.

Désormais, le travail tactique va prendre plus de place dans la préparation …

Le stage à la Toussuire s’est terminé jeudi. Les joueurs profitent de trois jours de repos pour récupérer. On reprendra la préparation lundi. On va alors rentrer dans le vif du sujet. Le travail physique est certes important mais ce qui reste essentiel est de savoir jouer au handball. On va donc attaquer une phase plus tactique.

Quelle est ton analyse concernant l’intégration des nouvelles recrues (Gutfreund, François-Marie, Naudin et Kuduz) ?

Je me mets aussi dans le lot des nouvelles recrues (rire) ! Leur intégration a été favorable. Elle a été facilitée par les anciens qui ont tout de suite mis à l’aise les nouveaux venus. J’ai l’impression que les anciens étaient vraiment contents de voir arriver ces nouveaux joueurs. C’est alléchant de se dire que le groupe est en train de se former. Les joueurs sont prêts à s’investir à 200% pour pouvoir former un groupe très soudé, aussi bien sur le terrain qu’en dehors.

« Trop tôt pour parler d’objectif de montée »

Crédit photo : Jean-Pierre Riboli
Crédit photo : Jean-Pierre Riboli

As-tu pu recruter autant de joueurs que tu le souhaitais lors de l’intersaison ?

Lorsque j’ai échangé avec le président, l’objectif était d’apporter du renfort sur la base arrière avec des joueurs à fort potentiel offensif mais aussi défensif. Je pars du principe que les recrues remplissent cet objectif. Je suis satisfait du recrutement. On ne peut pas non plus viser trop haut par rapport au budget actuel de Dijon. Nous n’avons pas la possibilité de nous enflammer !

Avec un tel recrutement, l’objectif de Dijon cette saison est-il de retrouver la LNH ?

Pour le moment, je n’ai pas envie de parler d’objectif de montée en LNH. Pour moi, c’est trop tôt, je ne peux pas m’avancer ainsi. Nous ne sommes qu’au début de la préparation. Nous ne nous sommes pas encore projetés avec le président sur l’ambition du club ni sur un éventuel objectif de retrouver l’Elite. Mon objectif à court terme est de bien préparer l’équipe pour la saison qui arrive. Il faut d’abord créer une cohésion de groupe. Je dois aussi poursuivre mon apprentissage en tant qu’entraîneur. A partir de la semaine prochaine, on va reprendre le handball et ce sera alors plus simple pour moi de définir l’ambition pour la saison à venir. Il ne faut pas s’enflammer tout de suite sans connaître mes joueurs.

Quels seront, selon toi, les favoris pour les premières places de Pro D2 ?

Je m’attends à ce que toutes les équipes soient difficiles à manœuvrer. Je pars du principe que tout le monde peut battre tout le monde dans ce championnat. Je ne veux pas faire de différence en mettant en avant certaines formations par rapport à d’autres. Si elles sont en Pro D2, c’est qu’elles ont du potentiel. Cependant, Istres et Sélestat arrivent de LNH et ont emmagasiné de l’expérience la saison passée. Jouer pendant un an contre de grosses équipes en LNH est un atout pour ces deux clubs à l’heure de retrouver la Pro D2. A nous de travailler pour pouvoir gagner le maximum de matches. On fera les calculs à la fin.

« François-Marie a la morphologie d’un Stoecklin »

François-Marie Sélestat 2Jordan François-Marie déclarait la semaine passée dans la presse locale qu’il était venu à Dijon pour toi. De tels propos doivent faire plaisir au jeune entraîneur que tu es ?

Cela fait toujours plaisir de lire de tels propos. Jordan fait partie des personnes que j’ai contactées lorsque j’ai pris en main l’équipe de Dijon. Je connais Jordan depuis longtemps. Nos origines communes facilitent aussi le contact. C’est le genre de joueur que j’aime bien, qui a la morphologie d’un Stéphane Stoecklin. Au vue de ses qualités et de son potentiel, je pense qu’il peut beaucoup apporter à Dijon.

Qu’as-tu appris de ton expérience d’adjoint à Chambéry la saison passée ?

J’ai eu l’opportunité d’être un peu à l’écart du groupe et d’apprendre comment se gérait une équipe. C’était nouveau pour moi et c’était le plus important. Sur le plan du handball, c’était moins difficile pour moi car je connais quand même un petit peu les règles ! Le défi va désormais être de pouvoir formuler la méthode de formation handballistique à mes joueurs. J’ai plutôt un langage à l’ancienne dans le sens où je ne maîtrise pas tous les termes techniques de formation. Je parlerai davantage un langage de joueur. Je dois donc énormément progresser sur cet aspect pour pouvoir transmettre une certaine connaissance à mon équipe.

Le fait d’être devenu numéro un met-il une pression particulière sur tes épaules ?

Quand vous êtes compétiteur, si vous n’avez pas la pression, c’est que cela n’a pas d’importance pour vous. C’est vrai qu’il y a de la pression. Mais j’ai eu la pression tout au long de ma carrière de joueur, même si elle est différente lorsqu’on devient entraîneur. J’ai déjà dit à mes joueurs que je n’étais pas magicien. Je n’ai pas de baguette magique. Ce sont eux qui vont être sur le terrain. A nous sur le banc de transmettre nos connaissances pour faciliter la tâche de ceux qui seront sur le parquet. Il faut valoriser les joueurs et leur faire prendre conscience qu’ils ont du potentiel.

« Les joueurs étrangers doivent tirer les jeunes vers le haut »

Derot KomogorovOn observe en LNH une tendance depuis quelques années à faire jouer davantage de joueurs étrangers, parfois au détriment des jeunes espoirs français. Est-ce une menace à moyen terme pour la compétitivité de l’équipe de France ?

Personnellement, je ne peux pas me permettre de voir les choses ainsi. Quand on voit les résultats des juniors qui ont décroché un titre mondial historique pour le sport français, c’est quand même un honneur pour nous et pour les formateurs. Si les joueurs étrangers ont plus de temps de jeu que les joueurs français, cela doit permettre aux jeunes qui sont derrière eux d’emmagasiner de l’expérience. Les étrangers doivent les tirer vers le haut. On parle de plus en plus du handball en France, notamment à travers des clubs comme Dunkerque, Nantes, Montpellier ou Chambéry, sans oublier les autres. Cela valorise le championnat. Le PSG, avec le retour des frères Karabatic, va aussi permettre de valoriser notre sport à sa juste valeur. Il ne faut pas que le grand public ne s’intéresse qu’à l’équipe de France. C’est une bonne opportunité pour nous que le championnat évolue encore plus pour compter davantage dans le paysage médiatique.

Il n’y a donc pas de risque pour toi de se retrouver avec un modèle à l’allemande, c'est-à-dire un championnat très compétitif mais une équipe nationale avec des résultats plus limités ?

Il y a toujours eu des joueurs étrangers dans le championnat français, ce n’est pas nouveau. De mon temps, il y avait déjà des étrangers qui venaient apporter leurs connaissances et leur expérience. C’était magnifique pour faire progresser les jeunes. Aux clubs de valoriser la formation. J’ai moi-même joué pendant des années à l’étranger. Je ne peux donc pas me permettre de critiquer le choix de certains clubs de faire appel à des joueurs d’autres pays.

Richardson ChambéryL’avenir de ton fils Melvyn va-t-il s’inscrire à Chambéry à moyen terme ? Ou est-ce une étape pour s’épanouir dans un environnement qu’il connaît bien ?

On en discute souvent avec Melvyn. Il a eu l’opportunité de faire son choix lui-même et de signer son premier contrat professionnel à Chambéry. Ce n’est ni sa mère ni moi qui l’avons influencé. En tant que parents, nous lui avons donné les avantages et les inconvénients d’aller voir ailleurs, mais aussi les avantages de rester à Chambéry. Il a encore beaucoup de choses à travailler pour progresser et pouvoir vivre son aventure. Le fait d’avoir choisi Chambéry répond à un équilibre familial. Cela lui permettra de travailler dans des conditions idéales. Il ne faut pas voir trop vite ni trop loin. Il a plein de choses à prouver à lui-même avant de se projeter trop vite.

« Une année exceptionnelle avec BeIN Sports »

Un mot sur le PSG Handball. Peut-on s’attendre à ce que Paris domine tout cette saison et se qualifie pour le Final 4 de la Ligue des Champions ?

J’espère que Paris sera dans le dernier carré de la Ligue des Champions. Quand un club a les moyens de se projeter dans l’avenir et a les ambitions de tout gagner, c’est toujours stimulant. Le PSG s’est donné les moyens pour y parvenir. En recrutant un joueur comme Niko et un entraîneur expérimenté comme Noka Serdarusic, Paris peut avoir l’ambition de faire revenir une Coupe d’Europe en France. Le PSG tire le handball français vers le haut, en faisant venir du monde dans les salles. C’est le plus important.

Copyright : Panoramic
Copyright : Panoramic

Vas-tu continuer à être consultant sur BeIN Sports ?

Pour le moment, je suis en pleine préparation avec Dijon. Je sais qu’il sera très difficile pour moi de mener les deux activités de front. Ma priorité est d’être à Dijon. Ce n’est pas le poste de consultant qui était indispensable pour moi, je recherchais avant tout à partager des moments avec une équipe agréable et de valeur. L’équipe de BeIn Sports m’a permis de m’intéresser de plus près à mon sport. Ce fut un plaisir pour moi de partager ces moments, je ne voyais pas cela comme une activité professionnelle.

On te reverra donc peut-être ponctuellement cette saison à l’antenne ?

Si je le fais, ce sera par plaisir de revoir les amis de BeIN Sports. J’ai passé une année exceptionnelle. Ce fut une aventure. Aller voir les autres équipes m’a permis de m’épanouir de l’autre côté de la barrière.

Propos recueillis par Olivier Poignard

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