Le championnat danois en pleine évolution (2/5)

Cela fait désormais quelques années que le championnat danois s'est installé comme la troisième meilleure compétition nationale en Europe, derrière la Bundesliga et la LNH. Mais peut-il viser plus haut ? Peut-il espérer, un jour, avoir des résultats sur la scène européenne ? Nous avons enquêté pour vous.

Nous l'avons vu, la force majeure du championnat est la qualité de sa formation, mais elle est aussi ce qui l'affaiblit le plus. Pourquoi ? Car tous les étés, de façon irrémédiable, les meilleurs espoirs, qu'ils soient danois, suédois ou autres, vont tenter leur chance en Allemagne, avec l'objectif de gagner en visibilité et aussi en salaire. "Le championnat danois est actuellement le centre névralgique du handball scandinave", nous explique Ulrik Wilbek, sur le banc lors du sacré européen en 2012 avec la sélection. "Mais les meilleurs espoirs danois, suédois, norvégiens sont courtisés par les clubs allemands dès qu'ils arrivent en équipe nationale. Les clubs ici aimeraient les garder, pour qu'ils continuent à se développer, mais c'est compliqué de combattre financièrement et sportivement avec la Bundesliga". Car c'est bien en Allemagne qu'atterrissent les neuf-dixièmes des expatriés. La France, avec seulement trois Danois en LNH, reste pour l'instant une destination marginale. "Malheureusement, l'argent est le nerf de la guerre, et dans un petit pays comme le Danemark, les budgets ne permettent pas de folies", analyse Cyril Viudes, prenant l'exemple du départ des frères Damgaard en direction de Magdeburg et Hamburg l'été dernier. "Sportivement, ils y ont gagné, mais financièrement sans doute aussi, et pas qu'un peu".

Lasse Andersson, exemple des dérives ?

Le Danemark est-il condamné à rester la source d'alimentation du championnat allemand dans les saisons à venir ? "Je ne crois pas qu'on puisse un jour rattraper la LNH et la Bundesliga", résume, un brin fataliste, Rasmus Boysen, le demi-centre de 23 ans de Ribe-Esbjerg. Passé par Skjern, il estime que "le championnat national va rester un championnat de développement pour les jeunes joueurs, du fait du manque de moyens." Ulrik Wilbek, lui, voit déjà certaines des dérives et déplore le départ de plus en plus précoce des jeunes stars de demain, à l'image de Lasse Andersson. A 21 ans, il quittera Kolding l'été prochain pour rejoindre Barcelone. Avec quatre joueurs sur son poste, ses garanties de temps de jeu sont faibles, dans un championnat où l'adversité est limitée, et pour beaucoup, ce départ n'est pas forcément une bonne chose. "Son cas n'est pas le seul et rappelle celui de Mikkel Hansen", rappelle-t-il. "Le championnat danois atteint ses limites pour conserver ce genre de joueurs, mais dans le cas de Lasse, il va sûrement passer beaucoup de temps sur le banc, il est déjà souvent blessé, il devrait peut être rester une ou deux saisons supplémentaires ici."

De l'argent mais peu de gros investissements

Pourtant, de l'argent dans le handball danois, il y en a. Et il y en a eu encore plus, à l'époque de l'AG Copenhague, ce super-club disparu en 2012 aussi vite qu'il était apparu. Un goût amer dans la bouche de beaucoup des protagonistes et un rêve sans lendemain d'avoir une équipe hyper compétitive au niveau européen. Le propriétaire du HC Midtjylland semble parti pour investir la saison prochaine, mais sans perdre la raison. "En handball, il est facile de bâtir une équipe compétitive, et dans ce club, il y a une vraie volonté pour bâtir un projet cohérent", analyse Ulrik Wilbek, en pensant aux recrues Pascal Hens, Espen Lie Hansen et Rasmus Carlsen, qui se sont toutes engagées pour la saison à venir. Mais encore une fois, ces recrues viennent des pays voisins. L'arrivée d'Antonio Carlos Ortega à Kolding est-elle à même de changer les choses ?

Pour revoir la 1ère partie de notre enquête sur le handball danois.

Retrouvez dès demain la suite de notre dossier sur le championnat danois.

Kevin Domas