LFH - Metz
E.Mayonnade : "Génial d'être stable"
Exempt lors de la première journée, Metz Handball va rentrer en piste ce soir face à Toulon Saint-Cyr Var Handball. Emmanuel Mayonnade, auréolé du titre de meilleur entraîneur de la saison précédente, décrypte pour Handnews les ambitions de la formation lorraine.
Handnews : Pour commencer avec les bonnes choses, vous avez reçu dernièrement le titre du meilleur entraîneur de la saison dernière. Après une saison aussi difficile que celle que vous avez vécu, comment avez-vous reçu cette récompense?
E.M. : En fait, j'étais presque gêné qu'on me remette ce trophée. J'étais dernier du championnat en octobre avec l'Union et je me suis retrouvé avec mon équipe en tête du classement en janvier. C'était assez incroyable. Cependant, cette récompense reste un peu anecdotique car il y a énormément de paramètres à prendre en compte. J'ai eu la chance d'arriver à Metz au sein d'un groupe qui vivait très bien ensemble, avec un excellent état d'esprit et j'ai pu profiter du bon travail de mon prédécesseur pour rester dans la continuité. En fait, recevoir ce prix est évidemment gratifiant mais il y a eu tellement de choses qui se sont passées pendant un an... J'ai vécu une année compliqué avec la faillite de l'Union. Et je n'oublie pas que tout le monde n'a pas eu ma chance. Je ne suis resté que deux ou trois semaines au chômage avant que Metz m'appelle. Je m'en sors bien mais tout le monde n'a pas eu cette chance...
HN : Quel bilan tirez-vous de votre préparation?E.M. : Dans l'ensemble, je suis satisfait. Nous avons eu une préparation en deux temps. La première, sans les internationales parties à Rio s'est bien déroulée. On a bien travaillé physiquement tout en axant le handball sur les individualités vu le nombre restreint de joueuses à notre disposition. Au moment où je sentais l'équipe arriver à bout de souffle, nos six joueuses sont revenues du Brésil. Cela nous a fait beaucoup de bien et a apporté un bon vent de fraicheur sur le groupe. A alors débuté la seconde partie de notre préparation avec notre enchaînement de trois matchs amicaux en Allemagne. On y a connu des fortunes diverses mais je retiens tout de même qu'on s'est lourdement incliné face à Thüringer (25-35), futur adversaire en Ligue des Champions.
HN : Une nouvelle fois, Metz s'est préparé plutôt à l'abri des regards des autres formations de LFH. Est-ce une volonté de travailler caché ?
E.M. : Non, pas nécessairement. En fait, nous ne voulions pas, dans un premier temps, avoir trop de matchs amicaux car il nous manquait des joueuses. Il n'était pas question de tirer sur les mêmes joueuses pendant 60 minutes. Et puis, Metz a toujours eu de très bonnes connexions avec les clubs allemands donc on en a une nouvelle fois profité. Jouer en Allemagne nous permet aussi d'avoir des matchs d'un haut niveau de jeu. Mais ça n'est pas une question de vouloir rester caché ou non, c'est plutôt une opportunité géographique.
HN : Vous n'avez recruté que Béatrice Edwige cette saison. Que va-t-elle vous apporter?
E.M. : "Que" Béatrice Ediwge? Non, non, avons recruté Béatrice Ediwge. Je suis très très content de l'arrivée de cette joueuse chez nous. Souvent, au début d'une nouvelle histoire, tout est beau et gentil dans la relation entre un entraîneur et une nouvelle joueuse. Et puis, après environ 90 jours, les choses peuvent changer. Avec Béatrice, nous sommes déjà à ce stade. Personne ne triche. Et, e plus d'être une très grosse défenseure et une bonne attaquante, Béatrice apporte de la fraicheur, beaucoup d'envie et est très agréable à vivre. Donc ça se passe vraiment très bien.
HN : Que vouliez-vous dire en reprenant le "que"?
E.M. : Car ça n'est pas, "que" Béatrice Edwige mais "la" Béatrice Edwige (sourires). Et puis je pense aux jeunes joueuses qui pourront venir nous épauler en LFH : Marie-Helène Sajka, Ornella Dos Reis, Orlane et Laura Kanor...
HN : Donc vous confirmez que Metz n'a quand même recruté qu'une joueuse. N'avez-vous pas peur qu'une certaine forme de routine s'installe, arrivée à la mi-saison par exemple?
E.M. : C'est une bonne remarque mais c'est aussi assez marrant. Lorsqu'on change trop de joueuses à l'inter-saison, on dit que le club manque de stabilité et lorsqu'on change peu, on se demande si on ne va pas tomber dans une sorte de routine. Au final, aujourd'hui, je pense que c'est génial d'avoir la possibilité d'être stable. Cependant, il est vrai qu'il faudra toujours rester vigilent et continuer encore et toujours à se remettre en question. Ce qui pourrait nous être préjudiciable serait de changer les règles en interne mais ça n'est pas le cas.
HN : Glassverket est la dernière équipe à s'être qualifiée dans votre groupe de Ligue des Champions. Comment allez-vous aborder cette compétition?
E.M. : L'objectif annoncé du président est d'atteindre les quarts de finale. A Metz, on préfère être optimiste et se tromper plutôt que d'être pessimiste et dire "je vous l'avais dit". Cet objectif est à prendre avec un très grand sérieux car il sera difficile à aller chercher. Il faudra être bien très vite car les points glanés au premier tour pourront nous servir au second. Cependant, on garde aussi à l'esprit qu'on s'est pris 10 buts par Thüringer en match amical et qu'on jouera à nouveau contre eux en Ligue des Champions. Donc ceux qui disent que se qualifier sera une formalité se trompent. Mais, en tout cas, on est tous impatients que le compétition débute.
HN : Vous avez été exempt lors de la première journée de LFH. Ce qui signifie qu'à chaque fois, vous jouerez l'équipe qui aura été exempte à la journée précédente. Une bonne ou une mauvaise nouvelle?
E.M. : C'est toujours ennuyeux de parler du calendrier... Ce qui est sûr, c'est que, sur la première journée, Toulon aura un match dans les jambes et pas nous. Toulon aura pu analyser son match à Fleury et pas nous. Nous sommes donc davantage dans l'inconnu qu'elles. Après, je ne pense pas qu'il y ait de bons ou de mauvais calendrier. De toute façon, si nous gagnons, certains diront que l'équipe d'en face manquait de rythme et si nous perdons, d'autres vont dire que l'adversaire était plus frais. Il ne faut pas qu'on se focalise sur ça. Cependant, c'est vrai que lors de notre enchaînement de trois matchs en huit jours, peut-être que cela pourrait avoir une incidence.
HN : Enfin, Chloé Bulleux a évoqué sur le site internet de Metz qu'il vous arrivait de faire des entraînements le matin à 8h15. C'est vrai ça?
E.M. : A Metz, on ne peut pas le faire à cause des écoles ! En fait, à l'époque de Mios, c'est vrai que j'aimais bien faire des entraînements tôt le matin. Au début, je convoquais les joueuses à 11h, puis 10h30 puis 10h... J'ai toujours grapillé sur la matinée.
Je ne cesse de répéter que nous sommes des privilégiés, que nous avons de la chance de vivre de notre passion pour le handball. Mais, parfois, nous nous retrouvons un peu déconnectés du monde professionnel. Alors, je cherche des moyens de m'en rapprocher un peu. S'entraîner plus tôt permet de passer plus de temps aux soins également. Cependant, je sais aussi que mes joueuses se servent de leur corps comme outil de travail donc je ne vais pas les convoquer trop tôt non plus ! Il n'est en tout cas pas question de faire ça pour les fliquer et savoir ce qu'elles font de leurs soirées. Je ne m'immisce pas là-dedans. A Metz, le plus souvent, les entraînements sont à 10h et je crois que ça satisfait tout le monde.
Propos recueillis par Clément Domas