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Kiel puissance 10
A Hambourg, le Final4 de la Coupe d'Allemagne s'est conclu par la victoire en finale d'une convaincante équipe de Kiel dans son cinquième derby de la saison face à Flensburg (29-23). Cette édition a confirmé les précédentes : Rhein-Neckar Löwen a autant de mal en demi-finale que Flensburg en finale. Leipzig a signé une belle première.
25e Final4 de DHB-Pokal de l'histoire (le 24e à Hambourg), et un dixième succès pour le THW Kiel. Les Zèbres agrandissent leur palmarès, le plus imposant d'Allemagne, et confirment leur statut de meilleure équipe allemande de l'histoire du handball. Ce trophée, les hommes d'Alfred Gislason ne l'ont pas volé.
Leipzig, un vrai obstacle
Pour se qualifier en finale, le THW devait d'abord sortir le SC DHfK Leipzig, a priori l'équipe la plus prenable des quatre au Final4. Sauf que pour leur baptême du feu à Hambourg, les Saxons ont mis les formes. Christian Prokop a demandé à ses hommes de mettre beaucoup d'intensité dès le début de rencontre pour mettre en difficulté le recordman de victoires en Coupe. Lucas Krzikalla donne quatre buts d'avance au SC DHfK dès le début du match (5-1, 4'), un avantage confirmé malgré un retour de Kiel (11-7, 16'). Kiel égalise à nouveau, en profitant de pertes de balle des Verts, et le score est de parité à la mi-temps (19-19).
Le suspense est maintenu en deuxième période, même si cette fois, c'est Kiel qui prend les devants au score (20-23, 36'). Leipzig arrive cependant à rester au contact. Domagoj Duvnjak, incertain car blessé au genou, est encore l'homme fort des Zèbres dans le jeu avec cinq buts souvent importants, comme celui qui redonne trois buts d'avance aux siens (25-28, 47'). Niclas Ekberg, parfait à 7m, est l'atout maître en attaque pour les Blancs et Noirs (12 buts, dont 5/5 pen.). Mais ça ne suffit pas à distancer Leipzig, dont le meneur Niklas Pieczkowski livre un nouveau gros match, suivi par ses coéquipiers. Kiel n'a qu'un but d'écart à moins de cinq minutes de la fin (29-30, 56'), mais des buts de Rune Dahmke et de Domagoj Duvnjak permettent de creuser à nouveau l'écart pour une qualification du THW (32-35). Côté leipzigois, on hésitait entre déception et fierté. « J'ai vu une équipe qui était à la hauteur du THW Kiel, et c'est déjà fantastique », se satisfait malgré tout Christian Prokop.
Rhein-Neckar Löwen, « loser » officiel du REWE Final4
« Je pense parfois que nous ne sommes qu'un tas de losers ». Les mots de Kim Ekdahl du Rietz après l'élimination des Rhein-Neckar Löwen par Kiel en Ligue des champions résonnaient encore avant le Final4. RNL restait en effet sur trois demi-finales perdues face à Flensburg avant d'affronter à nouveau cette équipe à ce stade de la compétition. Peut-être touchés mentalement depuis cet épisode européen, les Lions n'ont pas été à la hauteur du rendez-vous cette année, ou du moins pas sur la totalité du match.
Le duel serré et tendu que tout le monde attendait a en effet tenu ses promesses pendant près de quarante minutes (20-21, 37'), avec notamment un match solide des arrières de RNL Alexander Petersson et Kim Ekdahl du Rietz. Mais la défense flensburgeoise prend alors le dessus, et Kevin Møller devient quasi insurmontable. Le Danois, entré en fin de première période à la place de Matthias Andersson, réalise 14 arrêts (52%). « Il a fermé le but », lâchait Patrick Groetzki en fin de rencontre. Pendant ce temps, en attaque, Rasmus Lauge est toujours aussi efficace (8 buts). Rhein-Neckar, totalement bloqué, ne marque qu'un but en près de vingt minutes (21-29, 56'), et finit à dix longueurs du leader du championnat (23-33). Une vraie punition. « Nous avons réalisé pendant 40 minutes assurément notre meilleure performance depuis longtemps, déclarait Nikolaj Jacobsen à la fin de la rencontre. Mais c'est trop peu à ce niveau, la déception est énorme ».
Landin et l'audace de Kiel ont fait la différence
Derby du Nord pour la finale donc : Kiel face à Flensburg, pour la cinquième fois de l'année (deux oppositions en championnat, deux en Ligue des champions) avec deux victoires de chaque côté. De ce match, il faut avant tout souligner les innovations du THW. Alfred Gislason choisit en effet de débuter le match avec Rune Dahmke comme demi-centre, Duvnjak étant décalé au poste d'arrière. Ce choix permet à l'attaque de Kiel de gagner de la vitesse avec la vivacité de Dahmke. Malin, et fructueux : Kiel mène de trois buts après onze minutes (6-3, 11'). Mais Flensburg égalise (7-7, 17') et le mano a mano entre les deux équipes est de grande qualité, Kiel repassant dans une configuration plus classique avec Dahmke sur l'aile gauche. Kiel garde l'avantage avant la pause (13-12).
Mais Kiel est tout simplement meilleur en deuxième période. Une énorme défense avec un Patrick Wiencek excité comme une puce à chaque réussite défensive permet au THW de reprendre le large, un nouveau but de Duvnjak donnant quatre longueurs d'avance (19-15, 40'). Le Croate (7 buts), qui joue avec un seul genou en bon état, est clairement l'homme (ou le cyborg?) du week-end pour les Zèbres, suivi de près par Niklas Landin. Le portier danois enchaîne les parades, et gagne notamment trois face à face avec Kentin Mahé, au poste d'ailier sur ce match. C'est après un de ces duels gagnés que Marko Vujin envoie un missile dans les filets de Møller, entré plus tard et moins en réussite que la veille (21-15, 44'). Entré pour un 7m, Andreas Wolff a la main gauche ferme devant Anders Eggert et assure quasiment la victoire de Kiel (25-20, 53'), confirmée un peu plus tard (29-23).
Alfred Gislason peut savourer. Vertement critiqué ces dernières semaines, l'entraîneur islandais a montré de l'audace tactique avec le choix de Dahmke (qui retourne demi-centre en deuxième période), et fait taire les critiques avec ce premier titre depuis le championnat 2015. « 80% des experts avaient parié sur Flensburg. Mais j'ai toujours dit que nous étions sur le bon chemin », a-t-il déclaré en conférence de presse. Avant d'ajouter : « Ce succès est extrêmement important et signifie beaucoup pour moi. Je sais ce que je fais. Ce titre est différent des autres. C'est un jalon important dans notre progression. » Avec son équipe jeune, Gislason croit tenir son week-end référence.
Mickaël Georgeault