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Vers une saison plus serrée que jamais en Bundesliga ?
La Bundesliga reprend ses droits cette semaine. Après la Supercup entre Kiel et Rhein-Neckar Löwen ce mercredi soir, le coup d'envoi des premiers matchs de championnat sera donné jeudi. Sur ces dernières années, jamais le titre n'a semblé si disputé.
Après six semaines d'absence, le meilleur championnat du monde est de retour. La Supercup promet déjà beaucoup de spectacle ce mercredi soir entre le champion en titre, les Rhein-Neckar Löwen, et le vainqueur de la Coupe, le THW Kiel. C'est aussi le premier match de la saison diffusé par le nouveau possesseur des droits télévisuels du championnat, Sky. Un changement de diffuseur qui n'est pas sans conséquences...
Le combat pour le titre : lutte à trois ou à six ?
Restons d'abord sur le fond, le handball. Rhein-Neckar, double champion d'Allemagne, remet en jeu son titre, et figure naturellement parmi les favoris à sa propre succession. Nikolaj Jacobsen a beau déclamer partout que personne ne doit s'attendre à un triplé de son équipe, les Lions gardent une équipe solide et expérimentée. Et ce même s'ils ont perdu leur arrière gauche Kim Ekdahl du Rietz à l'intersaison et que le Suédois n'est pas du genre facile à remplacer. L'éternel deuxième Flensburg a aussi une carte à jouer, cette année encore. L'incertitude pour le club du nord de l'Allemagne repose sur la capacité de Maik Machulla à assumer son nouveau rôle de coach, lui qui était auparavant l'adjoint de Ljubomir Vranjes. L'effectif est aussi légèrement rajeuni avec notamment l'arrivée de Magnus Rød à la place de Johan Jakobsson sur le poste d'arrière droit, mais reste globalement stable comparé à ce qui attend Machulla l'été prochain (départs d'Andersson, Møller, Mahé et Mogensen). Ces deux équipes, en duel la saison dernière, seront encore les principales prétendantes au titre.
Mais c'est peut-être du côté de Kiel qu'il faut regarder pour trouver le futur champion. Le THW a sans doute le meilleur effectif sur le papier, et a trouvé en Miha Zarabec et Ole Rahmel deux renforts intéressants. Les jeunes comme Nikola Bilyk ou Lukas Nilsson ont pris de la bouteille, et Domagoj Duvnjak devrait revenir débarrassé de ses douleurs et en forme courant octobre. Si Alfred Gislason parvient à faire jouer sa partition à son équipe, le club le plus titré d'Allemagne pourrait bien retrouver le Meisterschale qui lui a échappé ces deux dernières saisons.
A la lutte habituelle de cette décennie entre les trois clubs majeurs du championnat, on serait tenté d'ajouter trois challengers supplémentaires. Berlin et Magdebourg ont prouvé la saison dernière qu'ils étaient capables de se hisser à la hauteur de ces grosses écuries, et pas seulement sur un match. Kiel a failli se faire chiper la troisième place par les Renards berlinois. Magdebourg, de son côté, a réalisé un parcours de champion sur la phase retour en restant invaincu et en prenant 31 points sur 34. Les deux clubs ont conservé leurs cadres et enregistré quelques renforts. Le SCM devra tout de même consolider sa défense, orpheline de Finn Lemke parti à Melsungen. Le MT, justement, pourrait être le sixième larron de la bande. Après une saison moyenne terminée à la septième place, Melsungen s'est considérablement bien renforcé avec, en plus de Lemke, Tobias Reichmann, Julius Kühn, Lasse Mikkelsen et le gardien Nebojsa Simic. Michael Roth a les moyens de changer de catégorie avec sa nouvelle escouade. Et si les automatismes sont vite trouvés, qui sait, Melsungen pourrait bien s'inviter à la bataille pour le podium...
Le niveau plus élevé au milieu de tableau
Ces six-là devraient occuper les six premières places du classement, à moins qu'ils se fassent surprendre par une des équipes du milieu de tableau. Parmi ces équipes, le niveau est clairement monté d'un cran, presque toutes les équipes paraissent plus fortes que la saison dernière à part Wetzlar, sixième la saison dernière, qui a perdu Philipp Weber, le meilleur buteur du dernier championnat (remplacé par le Suédois Olle Forsell Schefvert). L'arrière gauche est retourné à Leipzig, qui n'est désormais plus entraîné par Christian Prokop, devenu sélectionneur de la Mannschaft, mais qui sera coaché par Michael Biegler à partir de janvier. En attendant, André Haber assure l'intérim et dispose d'un effectif plus qu'intéressant avec Weber, Niclas Pieczkowski et Andreas Rojewski comme potentiels titulaires sur la base arrière.
Leipzig sera un des poils à gratter pour les équipes de têtes, qui devront aussi se méfier d'Erlangen, fort à domicile la saison dernière et qui a recruté intelligent : Johannes Sellin pour succéder à Ole Rahmel sur l'aile droite, et Nico Büdel, Christoph Steinert et Andreas Schröder pour remplacer les arrières Isaias Guardiola et Pavel Horak. Le vainqueur de la Coupe EHF Göppingen fait aussi partie de ces équipes difficiles à manier capables de s'introduire dans le haut du classement, à condition d'être plus régulier que la saison dernière. Enfin, Hanovre peut aussi poser beaucoup de problèmes, à condition de ne pas vivre une deuxième partie de saison aussi catastrophique que l'année dernière. Hanovre reste sur seize matchs sans victoire en Bundesliga. Le nouveau duo d'entraîneurs, composé de Carlos Ortega et d'Iker Romero, cherchera à sublimer une équipe très forte sur le papier, et qui s'est renforcée avec la star russe Pavel Atman. Le TSV peut viser haut, mais il faudrait confirmer cette fois...
Maintien : ce sera dur pour Hüttenberg et Ludwigshafen
Innovation de l'année, la Bundesliga ne connaîtra que deux descentes. Cela rendra nécessairement la course pour le maintien moins palpitante que les années précédentes. D'autant plus que, cette année, tous les observateurs s'accordent sur les noms des deux clubs qui devraient rejoindre la deuxième division en fin d'exercice : Hüttenberg et Ludwigshafen. Les deux promus disposent d'effectifs à la fois jeunes et inexpérimentés et de moyens limités (le budget de Hüttenberg est de moins de 2 millions d'euros), à l'inverse de l'autre promu, Lübbecke, qui sort d'une saison parfaite en D2 et qui semble avoir les moyens de s'installer à moyen terme dans la première division. Stuttgart et Minden, renforcés, semblent supérieurs, de même que Gummersbach, même totalement retapé à l'intersaison. Maintenu de justesse en fin de saison dernière, Lemgo a les moyens de passer un exercice un peu plus serein cette année.
En clair, Hüttenberg et Ludwigshafen devront lutter contre une histoire écrite d'avance, celle de deux clubs sympathiques mais pas suffisamment armés pour la Bundesliga qui redescendront après un an dans l'élite. Tous deux ont les moyens de nous faire mentir. Avec deux montées en deux ans, Hüttenberg cherchera à surfer sur sa dynamique folle avec un collectif d'amis où les handballeurs à plein temps sont minoritaires, dans une salle qui ne répond pas aux normes de la Bundesliga (une dérogation d'un an a été délivrée) et comptera sur ses recrues Vladan Lipovina et Szymon Sicko pour surprendre les défenses adverses. Ludwigshafen, le nouveau nom de Friesenheim, a acquis une réputation de révélateur de talents et en compte sans doute plusieurs dans son effectif. Il vaudra mieux ne pas prendre ces équipes de haut...
La révolution Sky
Si le fond est cette année encore passionnant, la forme, elle, change du tout au tout. Avec l'arrivée de Sky comme diffuseur de la Bundesliga à la place de Sport1 (qui diffusait le championnat ces vingt dernières années), les matchs seront tous visibles à la télévision ou en streaming, moyennant paiement bien sûr puisque Sky est une chaîne payante. Le montant des droits a augmenté, les clubs voient donc des revenus supplémentaires entrer dans leurs caisses. Plus difficile à accepter pour certains, le nouveau diffuseur a décidé de rendre plus lisible le calendrier, comme beIN Sports l'avait voulu avec la LNH. Les matchs se joueront généralement sur deux jours, le jeudi soir et le dimanche. Le dimanche, quatre matchs se joueront à 12h30 – un horaire qui a bien sûr fait débat en Allemagne – et l'affiche se joue à 15h, comme sur Sport1 auparavant. Cette rigidité du calendrier gêne notamment Jennifer Kettermann, manager des Rhein-Neckar Löwen. La SAP-Arena de Mannheim où jouent les Löwen est très demandée, et placer les matchs est devenu un casse-tête. D'autant plus que la salle accueille un dimanche sur deux les matchs de hockey sur glace de l'équipe de Mannheim, et que passer d'un terrain de handball à une patinoire prend un peu de temps...
Pour les suiveurs de la Bundesliga en France, ce changement n'est pas sans conséquence non plus. Tout d'abord, beIN Sports n'a pas renouvelé son contrat de diffusion de la Bundesliga, qui n'a pour l'heure plus de diffuseur officiel dans l'Hexagone. De plus, Sky étant le diffuseur exclusif de la Bundesliga, il a aussi l'exclusivité de la diffusion à la demande des matchs de Bundesliga. Ceux-ci ne seront donc plus visibles sur la plateforme EHFTV. Au final, le nouveau contrat télé arrange les fans allemands abonnés à Sky, qui auront droit à plus de matchs (au moins 200 seront diffusés, contre une cinquantaine sur Sport1), et mieux produits. Les autres devront se contenter des résumés vidéos des matchs, ou attendre patiemment la diffusion des quatre à douze matchs du contrat que la télévision publique allemande (ARD) a obtenu de la Bundesliga...
Mickaël Georgeault