Mondial 2017
B. Roiné : "Je ne suis pas aigri"
Le Qatar, qui affronte ce dimanche l’Allemagne en huitièmes de finale à Bercy (18h), espère créer la surprise et s’appuyer sur son dernier match réussi contre le Danemark (29-32) pour retrouver les sommets atteints il y a deux ans sur son sol. Bertrand Roiné, l’ancien arrière des Bleus, savoure sa dernière grande compétition internationale. Et n’oublie pas les critiques dont il a fait l’objet en rejoignant les qataris.
C’était il y a deux ans, et cela semble à la fois si proche et si loin. Dans le désert de Doha, à Lusail, le Qatar avait réalisé une démonstration de force pendant les deux semaines de « son » championnat du monde organisé sur son sol. Rien ni personne n’avait résisté aux hommes de Valero Rivera, hormis les Bleus qui avaient brisé le rêve qatari en finale (22-25). Mais la performance, certes critiquée, n'en était pas moins étonnante pour une équipe constituée au grès des naturalisations et sortie du désert en quelques mois.
« On a montré qu’on était là »
Depuis, l’effectif a subi plusieurs modifications de grande ampleur. Les piliers Zarko Markovic, Marko Bagaric, Borja Fernandez et Goran Stojanovic ont disparu de la circulation. Les ambitions sont aussi clamées avec un peu moins d’éclat, mais à l’heure d’affronter l’Allemagne en huitièmes de finale, les souvenirs du mondial 2015 remontent à la surface. Les qataris avaient en effet battu les allemands en quart de finale (26-24) lors du précédent mondial. De quoi donner des idées aux coéquipiers de Bertrand Roiné, le plus « local » des qataris pour l’édition française de ce championnat du monde.
« On a fait un parcours mitigé jusque là, reconnaît l’ancien angevin. On termine quatrième de notre groupe, et ce n’est pas une surprise pour moi. Avant le début de la compétition, je nous voyais finir troisième ou quatrième. » La belle prestation collective contre le Danemark (29-32) vendredi soir à l’AccorHotels Arena, dans un match sans enjeu pour les deux sélections, a regonflé le moral des qataris. « On a montré qu’on était là » se réjouit Bertrand Roiné. « On aurait même pu gagner. C'est dommage de perdre sur la fin. On sort amer de cette rencontre car il y avait la place de s'imposer. »
Roiné n’oublie pas les critiques
A bientôt 36 ans, l’ancien champion du monde 2011 avec les Bleus savoure chaque instant disputé avec le Qatar. « J’arrive au bout de ma carrière, confie-t-il. C’est peut être ma dernière grande compétition internationale avec le Qatar. » Revenir en France, devant le public qui l’a soutenu sous le maillot bleu avant de le voir partir sous d’autres cieux, représentait une source d’inquiétude pour l’ex dunkerquois.
« C’est un plaisir de jouer en France même si j’appréhendais un peu, avoue-t-il. J’avais notamment reçu pas mal de messages agressifs de personnes que je ne connaissais pas il y a quelques années. J’ai été beaucoup critiqué lorsque j’ai intégré la sélection qatarie. Vous, les journalistes, vous avez mal parlé de moi, vous avez dit tout et n’importe quoi. Mais je ne suis pas revanchard, je ne suis pas aigri. Je suis pas mal encouragé par le public français depuis dix jours.» Et de conclure, dans un grand sourire : « Je prends beaucoup de plaisir. » Au point de faire chuter les champions d’Europe en titre dimanche à Bercy ? Le Qatar de Valero Rivera en rêve.
Olivier Poignard, à Bercy