Mondial 2017
Lille a vibré comme jamais
Pour pousser les Bleus en demi-finales du Mondial et éliminer la Suède (33-30), la France a pu compter sur un public survolté comme jamais mardi soir au stade Pierre-Mauroy de Lille. La soirée restera dans les mémoires.
Dans vingt ou trente ans, ceux qui étaient présents mardi soir au stade Pierre-Mauroy auront encore dans un coin de leur tête cette soirée mémorable vécue à l’occasion du quart de finale du mondial entre la France et la Suède. Brûlants et bruyants du début à la fin, les supporters ont franchi un nouveau cap dans la ferveur et le soutien aux Bleus. Samedi déjà, ils avaient donné de la voix même si certains moments plus faibles avaient pu paraître un peu froids, moins enthousiastes. Ce n’était rien avec ce qui attendait la France mardi soir.
Dès l’échauffement, les joueurs ont pu constater que le public était déjà bel et bien présent. Les supporters s’étaient organisés pour arriver au stade Pierre-Mauroy en avance, bien avant l’ouverture des portes deux heures avant la rencontre. Bien leur en avait pris car certains avaient encore en mémoire les difficultés rencontrées par certains spectateurs samedi lors du huitième de finale contre l’Islande. Les entrées étaient cette fois-ci bien fluides, comme un signe que la soirée allait permettre de franchir un nouveau cap dans le « phénoménal », le maître mot de ce mondial.
Un public incandescent
« Ce n’est pas tous les jours qu’on voit une salle comme ça dans sa vie de handballeur, avec un public aussi chaleureux, n’en revenait toujours pas Valentin Porte plusieurs minutes après la fin de la rencontre. Le public a été fabuleux. » La présentation des joueurs avait donné le ton, avec un public incandescent. Les braises étaient bien chaudes, il ne restait qu’à souffler dessus. L’entrée des artistes, avec Omeyer et Karabatic en champions de l’applaudimètre, commençait à faire bourdonner les oreilles. Le chaudron lillois entendait bien faire passer un mauvais quart d’heure aux suédois et jouer son rôle de huitième homme.
« Pendant la Marseillaise, j’avais la chair de poule ! », reconnaît l’un des héros de la fin de rencontre, Nedim Rémili. Le jeune arrière du PSG a été soutenu et encouragé sans interruption pendant les soixante minutes de la rencontre. Les « défense, défense » sont d’abord descendus en nombre des travées, comme pour donner une force supplémentaire aux Bleus pour contenir les imprévisibles suédois. Puis les « Titi, Titi » se sont faits encore plus forts quand le gardien tricolore n’était pas au mieux, le poussant et l’accompagnant. Rarement les Bleus avaient été autant soutenus spontanément par un public aussi nombreux, aussi fervent et aussi passionné. « C’est rare de vivre un moment comme celui là dans une vie de handballeur », avoue Kentin Mahé pourtant habitué aux chaudes ambiances de Bundesliga.
Un clapping pour communier
Même lorsque la France manquait d’air à cinq minutes de la pause (13-14), jamais les supporters n’ont lâché les leur. Le public a redoublé d’intensité, avec des « Allez les Bleus » à faire déjouer n’importe quel suédois. C’était beau et fort à la fois. Les joueurs ont surfé sur cet enthousiasme au retour des vestiaires pour mettre sous cloche les velléités scandinaves. « Le public a encore été très important » reconnait Valentin Porte, heureux et fier mais conscient que d’autres combats se présentent sur la route du titre. « Les gens n’étaient pas juste assis, ils nous ont poussés pendant toute la rencontre, ajoute Nedim Rémili. C’est une chance inouïe de vivre ça. »
La fin de match a été une vraie libération pour un public aux anges, libéré et en communion avec les joueurs. Le clapping à la sauce islandaise, initié par Thierry Omeyer, a fait vibrer les 28.010 spectateurs du stade. « On ne voulait pas quitter la salle à la fin » avoue Nedim Rémili. Les joueurs ont voulu graver à tout jamais dans leur mémoire ce moment unique dans leur carrière. « A la fin, on avait envie de faire des photos imaginaires pour les garder en tête » résume Kentin Mahé. La ferveur, elle, était loin d’être imaginaire. Les années passeront mais l’émotion ressentie ce 24 janvier restera dans la légende du handball français.
Olivier Poignard, à Lille