Torgovanov et le retour de la Russie

L'équipe de France va affronter cet après-midi une équipe de Russie de retour au premier plan. Le sélectionneur Dmitri Torgovanov a joué un rôle prépondérant dans ce renouveau.

Arrivé à la tête de la sélection russe sur les ruines du désastre du Mondial 2015, Dmitri Torgovanov joue un rôle prépondérant dans son retour au premier plan. L'ancien international russe aux 219 sélections dénote dans une tradition des entraineurs soviétiques hurleurs et, de toute évidence, ce n'est pas pour cela que les résultats sont moins bons. "Il a fait du très bon travail avec le club de Saint-Petersburg et une équipe plutôt moyenne, ce n'est donc pas une surprise qu'il arrive à avoir des bons résultats avec la sélection" note François-Xavier Houlet. Torgovanov a su trouver l'alchimie entre certains éléments d'expérience (Chipurin, Gorbok, Kovalev) et des jeunes talents (Kalarash, Zhitnikov) pour amener la sélection à la neuvième place du dernier Euro. "Quand on parle de la Russie et de son renouveau, c'est lié à l'expérience de ce bonhomme, et ce n'est pas péjoratif, j'ai beaucoup d'affection pour lui. C'est un grand monsieur du handball, avec un palmarès immense" souligne Guillaume Gille, l'entraineur des Bleus. A ses deux médailles d'or mondiales et sa médaille d'or olympique, le géant russe de 45 ans a ajouté trois distinctions de meilleur pivot dans les compétitions internationales, de 93 à 96, en faisant implicitement le meilleur pivot du monde de l'époque.

Wiltberger : "On aurait cru le KGB"

Le nouvel arrivé dans le staff de l'équipe de France le connait bien puisqu'il l'a côtoyé pendant deux ans du côté d'Hambourg, alors que le pivot russe arrivait au crépuscule de sa carrière. "Il a un genou bloqué et portait une protection de Robocop. Il a un physique atypique, ce grand machin avec ses grands bras et sa démarche presque touchante...Mais il n'a jamais triché, il a toujours été très dur au mal et il était sur le terrain quelles qu'étaient ses blessures" se souvient l'ancien demi-centre hambourgeois tandis que Torgovanov se souvient de Gino comme d'un "modèle, que tous les joueurs voulaient suivre. Je suis très content qu'il soit désormais le coach de la sélection. Mais le meilleur pivot, à l'époque où on jouait ensemble, c'était certainement Bobo !". Les frères Gille ne sont pas les deux seuls Français à avoir côtoyé, puisque Frédéric Volle et Marc Wiltberger ont aussi croisé sa route quelques années plutôt, du côté de Wallau Massenheim. "Il passait le matin pour emmener ma fille à l'école, il arrivait avec sa Mercedes de trois mètres de long, on aurait cru le KGB" rigole encore l'ancien arrière gauche des Bleus Marc Wiltberger. "Je suis arrivé en même temps que lui en Allemagne, c'était devenu la coqueluche du club un an après."

Gille : "Proche de ses joueurs"

Car avant tout, Torgovanov est un entraineur que tout le monde décrit comme ayant des qualités humaines énormes, "avec un coeur gros comme ça" pour paraphraser Marc Wiltberger. Et cela se ressent dans son coaching puisqu'encore hier soir, on ne l'a pas vu élever la voix sur ses garçons dans les moments difficiles. "Il est capable d'être dur quand on déroge aux règles mais en même temps, il est capable d'empathie et d'être proche de ses joueurs" souligne Guillaume Gille, tandis que son ancien joueur Ruslan Junisbekov parlait d'un entraineur de "l'école russe moderne, plus tourné sur l'extérieur et à qui l'expérience en Allemagne a permis d'ouvrir à d'autres formes de handball". Demain, en tout cas, Guillaume Gille sera très heureux de retrouver son ancien coéquipier, dont il n'a pas eu de nouvelles depuis longtemps. Mais si le renouveau du handball russe pouvait attendre encore un peu pour se concrétiser, il ne devrait pas s'en plaindre non plus...

A Nantes, Kevin Domas