Starligue - J23
Cesson, ou de l'art de se tirer une balle dans le pied
Surprise au Palais des sports de Cesson-Sévigné : Sélestat remporte son premier match à l'extérieur face à Cesson qui comptait sur ce match pour assurer son maintien (22-24). Les Bretons sont passés à côté de leur rencontre.
Après la victoire acquise contre Dunkerque le mois dernier, tout le monde croyait le maintien obtenu pour Cesson. Cinq points d'avance, huit restant à prendre, l'affaire semblait entendue. Le non-match réalisé contre Sélestat, la lanterne rouge, à domicile ce samedi soir change incontestablement la donne.
Un départ à l'envers pour Cesson
Cesson est la première équipe devant au score (2-1, 4'), mais commence peu après à buter sur la défense de Sélestat, très efficace en 6-0. Les Bretons n'imposent pas leur rythme et peinent à mener leurs actions à leur terme autrement qu'en faisant briller Jérémy Sargenton-Callard. Deux buts de Kosta Savic et deux autres de Rudy Séri permettent à Sélestat - venu sans Yanis Lenne - de prendre deux buts d'avance juste après le premier temps-mort de Yérime Sylla (3-5, 10'). « Je pense qu'on n'a pas pris le match par le bon bout, estime Benoît Doré. Au lieu d'accrocher et de faire le match en étant devant, on fait le match derrière au score. On est tout le temps en réaction, alors qu'il aurait fallu essayer d'agir un peu plus. »
Après cette entame délicate, les Irréductibles se reprennent en attaque, profitant parfois de cadeaux comme Mathieu Lanfranchi qui intercepte une passe de Sargenton-Callard pour marquer ensuite (5-6, 18'), mais ce même Sargenton-Callard livre une partie monstrueuse, parfois aidé par les faibles tirs cessonnais. Le capitaine du SAHB tourne à près de 50% d'arrêts en première période (9 arrêts sur 19 tirs), tandis que Séri donne pour la première fois trois buts d'avance aux Alsaciens (7-10, 24'). Yérime Sylla, furax, pose son deuxième temps-mort dans la foulée. Il ne reconnaît pas son équipe : « Je n'ai vu que 50% des qualités que ce groupe montre à l'entraînement, déclarait-il après le match. Je n'ai vraiment pas reconnu mes joueurs. Dans leurs mains, le ballon est devenu trop lourd. » Un constat partagé par son gardien, Kevin Bonnefoi : « Ce qui me dérange, c'est qu'on travaille très dur à l'entraînement, et on n'arrive pas à le reproduire sur le terrain. »
Le coup parfait pour Sélestat
Porté par trois hommes en grande forme – Jérémy Sargenton-Callard, Rudy Séri et Kosta Savic – Sélestat rentre aux vestiaires avec deux buts d'avance (10-12, 30') et garde l'avantage au retour des vestiaires : Cesson reste muet en attaque pendant huit minutes au retour des vestiaires (10-13, 38'). « On avait pris l'option de ne pas trop monter les ballons, d'imposer un faux-rythme parce que ce n'était pas à nous, finalement, de mettre le rythme, expliquait Christian Gaudin après le match. C'est Cesson qui devait gagner le match pour se maintenir. » Mais si Sélestat est resté devant au score, Cesson n'est pas passé loin de l'égalisation, notamment en gérant bien ses phases en infériorité numérique. Au cœur de la deuxième période, Wilson Davyes met Maxime Derbier sur orbite pour un kung-fu qui ramène Cesson à nouveau à une longueur (15-16, 45').
Mais malgré les nombreux arrêts de Kevin Bonnefoi (17, dont 2 pen.), la défense cessonnaise a été globalement trop sympathique envers les deux arrières shooteurs alsaciens, Kosta Savic et Rudy Séri. 9 buts pour le premier, 7 pour le second : hormis un but d'Abdelkader Rahim, seuls ces deux hommes ont marqué dans le dernier quart d'heure pour Sélestat, tandis que Sargenton-Callard livrait sa meilleure performance de la saison dans les buts (18 arrêts dont 1 pen.). « On a bien défendu, mais on est en plus tombé sur un gardien qui sort son grand match ce soir, contre nous », regrettait Benoît Doré. « Il y a des soirs comme ça... C'était mon jour », rigole l'intéressé. Si Ibrahima Sall permet à Cesson de garder un but de retard (19-20, 55'), Sélestat creuse le trou définitivement dans les derniers instants (20-24, 59') pour une victoire méritée (22-24). « La plupart du temps, on tient 30 ou 45 minutes, là on a tenu jusqu'à la fin », sourit Jérémy Sargenton-Callard, ravi de cette première victoire à l'extérieur pour Sélestat.
"Réagir ou prier" : fin de saison tendue pour Cesson
Voilà donc désormais Cesson à trois points de la zone rouge après la victoire de Créteil à Saran, et avec un calendrier assez compliqué (déplacement à Saint-Raphaël, réception de Montpellier puis dernier match à Créteil). « C'était un match très important, qu'on avait coché, et si on avait pris les deux points c'était bon, on pouvait rouler. Mais là, ce sera à la vie à la mort sur chaque match, et il va falloir se réveiller, affirme Kevin Bonnefoi. Sélestat a joué son jeu, et ce n'est pas de leur faute mais de notre faute, il fallait mettre les buts au fond. » Benoît Doré, de son côté, soutient que Cesson n'a pas pris son adversaire de haut. « Ce soir, c'est une faculté mentale plus que physique qui a joué, et on a sans doute eu peur de trop bien faire. On savait que c'était une équipe qui avait des qualités, qui défendait bien, que ça tirait dans tous les sens... » Et l'ailier gauche cessonnais d'ajouter : « Maintenant, il faudra réagir, ou prier pour que Saran ou Créteil perde tout. Et si Créteil fait le boulot, on aura droit à une finale sur le dernier match de la saison. » Une finale dont les Cessonnais se passeraient bien...
La fiche technique
Cesson-Rennes – Sélestat : 22-24 (10-12).
Arbitres : MM. Buy et Duclos.
Cesson-Rennes. Gardiens : Bonnefoi 17 arrêts sur 41 tirs (dont 2/3 pen.), Lettens. Joueurs de champ : Derbier 1/2, Suty 2/5, Sall 4/8, Hochet (cap) 1/3, Kamtchop-Baril, Le Boulaire, Lanfranchi 3/3 (dont 2/2 pen.), Villeminot 1/2, Gudmundsson, Doré 2/4, Guillo 3/5, Davyes 4/8, Beauregard 1/3. Entraîneur : Yérime Sylla. Exclusions : Gudmundsson (31'), Guillo (40'), Suty (44'), Beauregard (47'), Sall (59').
Sélestat. Gardiens : Sargenton-Callard (cap) 18 arrêts sur 39 tirs (dont 1/2 pen.), Ravensbergen 0/1 pen. Joueurs de champ : Martin, Jung 1/1, Nyembo 0/1, Djeric, Gutfreund 0/1, Eudaric 3/4, Minel 1/3, Guillermin 0/2, Savic 9/13 (dont 1/2 pen.), Rahim 3/4, Séri 7/13, Gaudin 0/2. Entraîneur : Christian Gaudin. Exclusions : Eudaric (10', 39'). Carton rouge : Martin (58').
A Cesson-Sévigné, Mickaël Georgeault