EdF (M)
D.Dinart : "La blessure de Nikola ne fait pas de nous des outsiders"
Si l'équipe de France s'attendait à une semaine plutôt ordinaire avec les matchs face à la Lituanie et en Roumanie la semaine prochaine, cela ne sera pas le cas. L'opération de Nikola Karabatic et son indisponibilité pour au moins quatre mois changent la donne pour les Bleus, avec l'obligation de trouver des associations pour compenser l'absence de leur meneur de jeu. Si le sélectionneur Didier Dinart ne nie pas que cette absence aura un certain poids, il est convaincu que son groupe a les ressources nécessaires pour pallier ce forfait, alors que le championnat du monde en Allemagne et au Danemark se profile.
- L’actualité de l’équipe de France devient plus chargée que prévue avec la blessure de Nikola Karabatic…
- On s’était habitué à avoir à gérer des blessures, mais pas forcément celle-là. Nikola nous avait habitué à toujours être présent, comme d’autres cadres. Il a une place prépondérante dans le jeu. L’équipe de France a toujours un devoir de résultat, et même si aujourd’hui Nikola est blessé, on n’arrivera pas à convaincre grand monde qu’on devient pour autant outsiders. On va essayer de préparer des alternatives, même si ça fait un moment qu’on le fait. On peut compter sur énormément de gauchers. Et si le jeu allait, par le passé, plus de la gauche vers la droite, il faut peut être changer la tendance. Comment le faire ? Avec qui et quelles associations ? La semaine internationale va nous servir à tirer des enseignements en vue du Mondial, qui sera capital et déterminant, puisque qualificatif pour les Jeux de Tokyo ou pour un tournoi pré-olympique.
- La semaine internationale qui commence lundi se transforme-t-elle en une semaine de travail qu’elle n’aurait peut-être pas été sans les blessures ?
- Non, ça ne change rien. L’équipe de France est sensée être meilleure que ces deux adversaires, même si la Lituanie a battu la Norvège lors des qualifications pour l’Euro 2018 et que la Roumanie a fait de beaux résultats récemment. Il faut donc être en alerte. On se rend compte que le niveau international s’équilibre, mais si on n’est pas capable de battre ces deux adversaires, on serait clairement en difficulté. Je fais confiance au collectif pour aborder cette phase de qualifications avec le plus de sérieux possible.
- Pourquoi le choix de rappeler Mathieu Grébille ?
- J’essaie d’être cohérent dans ce que je fais. Mathieu fait partie des recherches qu’on a pu faire ces dernières années avec Dylan Nahi, c’est à dire un ailier capable de défendre au poste 2. Nikola étant blessé, il nous reste des arrières avec des petits gabarits, comme Nicolas Claire et Kentin Mahé. Il vaut mieux avoir des ailiers capables de défendre à leur poste et faire défendre ces arrières de petit gabarit à l’aile pour profiter de leur dynamisme sur le jeu de transition. Avec Kentin et Nicolas sur la base arrière associés à un ailier de petite taille, on pourrait avoir des soucis. Mathieu répond parfaitement à ces critères et on voit que Patrice Canayer a été dans ce sens avec Montpellier. Pour moi, c’est tout bénéf’. Il faut être le moins fermé possible quand on est à la tête d’un projet, et ce qui n’est pas valable aujourd’hui le sera peut-être demain. On va faire des tests sur cette semaine internationale, on en tirera les enseignements en vue du Mondial.
"On n'a plus le temps de faire des essais"
- En parlant de test, pourquoi ne pas avoir essayé Aymeric Minne sur un poste de demi-centre ?
- J’ai pensé à Aymeric car c’est un joueur qui est très cohérent sur ce qu’il présente en championnat. Mais son poste est énormément pourvu. Nicolas Claire fait un début de saison exceptionnel, Kentin Mahé connait déjà le groupe et a fait une très bonne compétition au dernier Euro. Dika est capable, offensivement, de jouer arrière ou demi-centre, et de défendre sur les postes 2 et 3, tandis que Melvyn Richardson est également utilisable. On a beaucoup de solutions à ce poste, avec quatre joueurs potentiels et des profils différents. C’est un luxe de savoir qu’on peut compter sur de nombreux joueurs de qualité sur le poste.
- Vous n’aviez appelé que dix-huit joueurs, dix-sept désormais. Doit-on comprendre que les essais auxquels on a pu assister la saison passée sont mis entre parenthèses ?
- Aujourd’hui sont sélectionnés des joueurs titulaires en club. Dylan Nahi a peut-être plus joué en équipe de France qu’en club la saison passée. Il a fait de très belles choses mais aujourd’hui, il ne joue pas en club. La situation est la même pour Yanis Lenne et Julien Meyer, qui a encore un rôle de second et qui doit s'émanciper. On va jouer une phase déterminante au championnat du monde et on n’a plus le temps de faire des essais.
- Le fait que ce soit des matchs officiels, avec une qualification au bout, et non amicaux, joue-t-il également ?
- Attention, on ne joue plus la Golden League là ! On pouvait se permettre de laisser les cadres au repos, de faire des tests, certains joueurs ont pris de la place et montré des choses intéressantes, comme Melvyn. La semaine prochaine, on prend la même équipe que celle qui était en Guadeloupe, avec les blessés et Mathieu Grébille en plus. En juin, c'était un stage de cohésion. Certes, il y a eu du loisir, mais on a aussi travaillé sérieusement.
- Les matchs contre la Lituanie et la Roumanie sont-ils, déjà, les premières marches vers les jeux de Tokyo ?
- Oui, même si c’est encore loin. L’Euro, dont on dispute les qualifications, offre une place supplémentaire pour aller à Tokyo. Il ne faut plus rien négliger à partir de maintenant.
Propos recueillis par Kevin Domas