Euro 2018 - J2
Des Bleues libérées
Après avoir rendu une copie parfaite, les Françaises ont largement dominé la Slovénie pour leur deuxième match dans cet Euro (30-21). Un résultat qui leur permet de retrouver de belles couleurs avant de défier le Monténégro mardi (21 heures). Les Bleues sont d'ores et déjà qualifiées pour le tour principal.
La victoire était impérative : elle été expéditive. Les Bleues n'ont laissé aucune marge de manoeuvre aux Slovènes dominées de la tête et des épaules pendant soixante minutes. Si les pertes de balle avaient été le gros point noir de la France face à la Russie, il n'en a rien été ce dimanche. Un chiffre : deux sur la première période, qui venaient contraster avec les dix du premier match. La raison ? Un jeu sur montée de balle léché et retrouvé, qui permettait enfin de capitaliser les bons ballons récupérés par une défense toujours aussi dure et impeccable. "On a fait une très grande première mi-temps, peut-être la plus belle que j'ai eu à manager. On n'a perdu très peu de ballon, toutes les stratégies défensives ont parfaitement fonctionné, Amandine a encore été très solide et on a retrouvé de la fluidité en attaque. C'était vraiment très très bien" se satisfait Olivier Krumbholz. Malgré le fait que la barre transversale ait sauvé la mise à Branka Zec à trois reprises, le jeu sur grand espace a permis de marquer pas moins de sept buts en première période (17-8, MT). Des voyants au vert qui venaient faire oublier un premier match beaucoup moins abouti. "Je suis très heureux car je pense qu'on va pouvoir capitaliser sur ce jeu là. On a vraiment fait des progrès extraordinaires en deux matchs" analyse le sélectionneur.
Ce gros travail défensif a aussi bien été réalisé sur celle qui représentait le plus gros danger dans cette formation Slovène, Ana Gros. La Brestoise a totalement été éteinte par Allison Pineau, sa coéquipière en club depuis le début de saison, qui s'est chargée personnellement de son cas."On n'allait pas laisser la meilleure joueuse adverse nous châtier, explique Pineau. C'était l'objectif : il fallait l'éloigner au maximum, être toujours au contact et ne pas qu'elle puisse planter ses buts. On l'a mise en difficulté, c'est très bien". Résultat, elle a dû attendre vingt-cinq minutes pour trouver le but d'Amandine Leynaud pour la première fois alors qu'elle avait déjà tenté quatre fois sa chance."Je ne pouvais pas faire un pas dans les 9 mètres qu'elles étaient déjà deux sur moi. Ca a été dur pour moi, j'ai pris beaucoup de coups mais c'est ça aussi le handball" regrette Ana Gros. De l'autre côté, Tjasa Stanko qui pourtant représentait un des plus gros dangers derrière la gauchère, était introuvable sur le parquet du Palais des sports Jean Weille. Un sentiment d'impuissance des protégées d'Uros Bregar qui lui était contrait d'activer à deux reprises le buzzer du temps-mort lors des trente premières minutes. Visiblement il n'y avait rien à faire, la Slovénie qui avait fait chuter les championnes du monde l'an passé lors du mondial était bien loin.
Quand Zaadi avance, l'équipe de France marche
L'histoire n'aurait pas été si belle si les Françaises avaient perdu autant de ballon sur l'attaque placée, qui avait été en grande difficulté face à la Russie, avec une Grâce Zaadi qui n'avait pas pu s'exprimer comme elle sait bien le faire. Cette fois, le chef d'orchestre des Bleues est clairement montée d'un ton, oubliant sa petite douleur au poignet suite à une mauvaise réception lors du match contre la Russie. "Grace n'avait pas été à l'aise contre les Russes. Elle a été brillante aujourd'hui, ça a été le jour et la nuit. C'est elle qui fait tourner le jeu en équipe de France. Dès qu'elle est à l'aise c'est beaucoup plus facile" admet le tacticien messin. En jouant un peu plus pour elle, elle a aussi permis à Kalidiatou Niakaté, d'inscrire son premier but dans un Euro, en lui ouvrant des espaces, alors qu'elle n'était pas rentrée lors du premier match. "C'est important pour moi de jouer pour les autres, de mettre mes arrières dans de bonnes conditions pour qu'elles n'aient qu'à penser au shoot. C'est primordial pour moi, quand Kali (Kalidiatou Niakaté) rentre de la mettre dans une bonne situation et qu'elle shoote, qu'elle déborde, qu'elle fasse ce qu'elle sait faire" explique la demi-centre "si je ne suis pas dangeureuse, je ne peux pas bien jouer pour les autres, si les espaces que je vais créer en apportant du danger me permettent de jouer pour les autres" continue-t-elle. Cela a aussi été le cas pour Pauletta Foppa rentrée sur la fin de rencontre, sans pression puisque le travail été déjà fait . Elle a pu s'exprimer en étant très bien servie, lui permettant de marquer ses trois premiers buts dans une compétition internationale avec les "A" (28-17, 54'). En jouant pour les autres, la Messine a donc pu donner le tourni aux Slovènes qui ne savaient plus où donner de la tête tant le danger était omniprésent.
Dans cette belle énergie insufflée par cette réussite collective, Alexandra Lacrabère a aussi pu apporter du danger sur la base arrière, du côté droit, où elle avait eu plus de mal dans le rôle de buteuse. A 3/4 ce soir, elle a pu prendre des shoots de loin, marquer sur pénalty, obtenir des pénaltys. Une performance complète, qui venait s'ajouter à celle des autres arrières qui ont pilonné les Slovènes, pendant soixante minutes. Les Bleues sont donc retrouvées, comme on les avait quittées sur la fin du mondial, libérées. Rassurant pour le gros match qui l'attend face au Monténégro, adversaire avec qui elle sera en concurrence, face à qui les deux points sont obligatoires pour ne pas partir bredouilles à Nantes, où les Bleues sont désormais assurées de se rendre pour jouer le tour principal. Maintenant, il faut savoir avec combien de points elles vont voyager dans leur valise.
De Nancy, Maxime Cohen (avec Clément Domas).