Euro 2018
P.Coatanéa : "J'ai envie de me faire plaisir"
Pauline Coaténéa vit sa première compétition internationale avec les Bleues. Pour sa première, l'ailière de Brest a vite été appelée par Olivier Krumbholz pour remplacer son binôme, Laura Flippes. Elle nous livre ses impressions sur cette première aventure qui n'a pas débuté de la meilleure des manières avec une défaite face à la Russie (23-26).
Quelques heures après cette première défaite, on voit toujours les mêmes sourires, vous avez le sentiment de toute même progresser dans le jeu par rapport à la Golden League ?
Oui complètement. Il y a tout de même de la déception d’avoir perdu ce premier match à la maison. Finalement, quand on le revoit, il y a eu de très bonnes choses contrairement à la Golden League où on avait eu quelques difficultés. Je trouve qu’on a gommé certaines choses. On a quand même joué contre une très belle équipe de Russie, que je vois arriver dans le dernier carré, il n’y a pas à rougir de notre prestation. Il nous reste une marge de progrès à faire par rapport à ces équipes contre qui on paie cash les erreurs. On peut encore améliorer notre jeu pour espérer faire de meilleurs résultats face à ces équipes.
C’est une sorte de tradition française de ne pas réussir les débuts de compétitions internationales…
Oui (rires). C’est ma première mais j’ai senti dans le discours d’Olivier qu’il y avait de la sérénité. On s’était dit que ça faisait partie des scénarios possibles. On a quand même joué la Russie qui est championne olympique, où il y a des joueuses exceptionnelles, il ne faut pas se mentir. J’ai senti de la sérénité après le match où on s’est dit qu’on avait perdu mais qu’on était encore en course. Il n’y a pas eu plus d’affolement que ça.
A titre personnel, comment vous êtes-vous sentie ?
J’ai vraiment pris toute l’ambiance de la salle, ça a été très positif pour moi. J’ai marqué un but, j’ai raté deux tirs, avec l’envie on manque un peu de lucidité sur la fin du match. Forcément j’aurais préféré faire 3/3 (rires), mais je suis satisfaite sur le plan défensif et de m’être sentie vraiment bien sur ce premier match alors que ça aurait pu être impressionnant. Cela me conforte pour faire mieux et monter en puissance au fil des matchs.
Comment vivez-vous cette aventure en Bleue avec tout ce qui se passe autour de l’Euro ?
Je savoure. J’ai souvent été proche d’être dans le groupe, comme l’année dernière. Là j’ai la chance d’y être, il faut savourer l’expérience avec ces joueuses très expérimentées sur lesquelles je m’appuie. Un Euro à la maison c’est aussi l’occasion de partager avec mes proches qui sont là. Toute cette aventure est quelque chose de génial, j’ai envie de le vivre à fond, sans me mettre de pression. Je n’ai rien à prouver, j’ai juste envie de me faire plaisir et je suis contente de faire partie de cette équipe de France.
Cela a donc atténué la charge émotionnelle au moment d’entrer sur le parquet…
Oui tout à fait. Après j’ai 25 ans, j’ai une expérience en club. En Ligue des Champions j’ai un rôle dans mon équipe donc j’arrive à gérer certains matchs avec de la pression donc ça m’a aidé je pense pour aborder cette rencontre. Toute l’équipe essaie de te mettre à l’aise, de te donner des petits conseils avant le match pour te rassurer et ça m’a fait du bien. Ca m’a rassuré et j’ai pu vivre pleinement ce premier match, avec beaucoup plaisir.
Il y a aussi de la confiance de la part d’Olivier Krumbholz qui n’a pas hésité à vous faire rentrer sur votre premier match d’une première compétition internationale…
Avec Laura on est de la même génération, on est assez complémentaire donc ça permet de tourner sur le poste. Je suis contente d’avoir joué, on a quasiment fait moitié moitié au niveau du temps de jeu, ça permet de rentrer pleinement dans la compétition en espérant monter en puissance sur les prochains matchs pour prendre encore plus de confiance dans cette équipe. Sur le premier, je me suis sentie à l’aise et c’est ça que je veux garder en positif.
"Ana Gros sera la cible prioritaire"
Avec la Slovénie qui arrive, il y a une joueuse ciblée en la personne d’Ana Gros, mais aussi d’autres jeunes joueuses qui peuvent créer la surprise, appréhendez-vous cette rencontre ?
On sait que tous les matchs de l’Euro sont compliqués et je pense que l’alerte que les filles ont eu l’année dernière va servir. On va essayer de ne pas reproduire les mêmes erreurs cette année. Exceptée Ana Gros, au niveau des autres joueuses je ne les connais pas trop. Les filles m’ont dit que c’était une équipe qui jouait bien ensemble, qui se connait depuis longtemps. Il faudra donc qu’on fasse attention à cela. Avec le statut de championnes du monde, toutes les équipes se transforment face à nous et jouent libérées. Elles se disent que perdre n’est pas grave parce qu’elles tombent contre les championnes du monde et qu’en cas de victoire c’est un exploit. On est l’équipe à abattre donc il faut qu’on soit vigilantes sur ces équipes là. Leur objectif est de passer le premier tour et de ne pas forcément aller plus loin. Il faut qu’on fasse attention.
Vous êtes dix joueuses à connaître Ana Gros en tant que coéquipière, est-ce plus facile pour la cerner ?
Oui j’espère. C’est vrai que les Messines la connaissent bien et nous aussi. J’espère qu’elle ne nous mettra pas la misère (avec un grand sourire) parce que sinon on va se faire chambrer en club ! Forcément, Ana est une grande joueuse et c’est elle qui porte son équipe à bout de bras. Ce sera la cible prioritaire je pense. Après c’est un effectif qui joue bien ensemble et il faudra faire attention au collectif.
On a beaucoup parlé du problème des montées de balles, en tant qu’ailière vous y jouez un rôle majeur, avec la belle défense de l’équipe de France ce sera un point clé au cours de cette compétition…
Oui notre point fort est la défense avec de très bonnes gardiennes dans notre but. Il faudra qu’on anticipe au maximum pour être devant. Peut-être que sur la Russie ça nous a manqué, on aurait pu avoir des buts un peu plus faciles parce qu’en attaque placée on a quelques difficultés. J’espère qu’on arrivera à s’exprimer un peu plus sur les prochains matchs parce que c’est un point sur lequel on voudrait vraiment s’appuyer. Sur certains matchs de la Golden League on a bien réussi à s’exprimer dans ce secteur de jeu, face à la Russie un petit peu moins, on est en travail là-dessus. Je pense que sur des stages de l’équipe de France on était un peu plus fatiguées avec les matchs de Ligue des Champions, on courrait moins et on ne le travaillait pas forcément l’entrainement. C’est une demande de notre part de plus travailler sur ce secteur pour progresser.
Est-ce confortable d’avoir deux jours de repos avant d’affronter la Slovénie ?
Oui c’est très condensé, l’Euro c’est compliqué. De couper aujourd’hui ça fait du bien. Avant d’arriver en équipe de France j’étais à Rostov donc ça faisait un moment que je n’avais pas vu mes proches donc de souffler ça fait du bien. On peut mieux se préparer et s’entraîner demain à 100%.
N’y a-t-il pas un peu d’impatience dans ces moments de coupure avant de retrouver une salle pleine avec une belle ambiance ?
Oui c’est sûr qu’on a joué à 21 heures, c’était le premier match, ça faisait longtemps qu’on en parlait, on avait vraiment hâte d’y être et on a un peu pêché par envie. On voulait tellement tout donner que quelquefois ça nous a fait défaut. De voir la salle pleine, une belle ambiance et de vivre un beau match ça donne envie de continuer. Si on peut aller au bout et vivre huit matchs avec cette ferveur, ça fait plaisir.
Propos recueillis par Maxime Cohen.