Starligue
Aix, un nouveau statut à assumer
En se qualifiant pour la première fois pour une coupe d'Europe à l'issue de la saison passée, Aix a acquis un nouveau statut dans la paysage handballistique français. Qu'il va falloir désormais assumer.
C’était il y a cinq ans. Fraichement promu dans l’élite du handball français, dans la foulée du passage de Nikola Karabatic et de l’arrivée de son frère cadet Luka, le Pays d’Aix lançait un projet un peu fou : EHF 2017. A l’époque, les sourcils s’étaient levés, un peu interrogateurs sur la capacité des Provençaux à décrocher leur Graal européen. Désormais, plus grand monde ne remet en cause la viabilité du projet, d’autant plus que le club provençal a, pour la première fois de son histoire, décroché une qualification pour une coupe d’Europe. Mais plutôt que la fin du chemin, c’est au début d’un autre que se trouve le PAUC. « C’est sûr que le plus dur est de confirmer. C’est plus facile de construire quelque chose de stable que de le garder au plus haut niveau. Les marches les plus dures à gravir sont celles pour atteindre le top 4 français, car je n’oublie pas que Saint-Raphaël est encore devant nous pour l’instant » confirme Jérôme Fernandez, l’entraineur aixois. La saison passée, il a du faire avec une avalanche de problèmes, pas forcément liés au terrain, mais qui ont miné sa première partie de saison. Du lymphome de Théo Derot à l’accident cardiaque de Slavisa Djukanovic en passant par le départ mouvementé de Mohamed Mamdouh, la période entre septembre et Noël a été agitée, et pas pour les bonnes raisons. Et le coach aixois espère que la guigne va le laisser un peu tranquille : « J’aimerais bien qu’on se concentre sur des problématiques sportives. Tout ceci a été éprouvant, mais le groupe en est ressorti plus fort. »
Moins de changements dans l'effectif cet été
Pour l’instant, rien de bien grave à l’horizon, alors que la préparation touche à sa fin. Seul Gabriel Loesch n’en est pas sorti indemne, avec son radius fracturé et son poignet luxé, qui le tiendront éloignés des parquets au moins jusqu’à novembre. Pour le reste, tout va bien. Jérôme Fernandez n’a même pas eu à se mettre au danois pour accueillir ses nouvelles recrues. Les quatre évoluaient toutes la saison passée dans la bien nommée 888 Ligaen et ont été recrutées, entre autres, pour leur expérience de la coupe d’Europe. Mais aussi pour leur capacité à être efficaces des deux côtés du terrain. « On a eu l’opportunité de faire Martin Larsen assez tôt, un joueur qui nous apportera plus en défense que ce qu’Onufryienko pouvait le faire. Le malheur des uns faisant le bonheur des autres, on a profité des soucis de Kolding pour récupérer Bjornshauge (photo de gauche) et Stenmalm. Quant au jeune gardien, j’avais des vues sur Clément Gaudin mais lui voulait un poste de numéro 2. Et comme j’avais été impressionné par Anders Lynge, on n’a pas trop hésité » énumère Fernandez, qui a ainsi bâti un effectif qui lui correspond et avec lequel, nouveauté à Aix, il devrait pouvoir travailler dans la durée : « Mis à part Tim Dalhaus et Juan Andreu, personne ne sera en fin de contrat en juin prochain. La stabilité reste, j’en suis persuadé, une des clés du succès. Passée cette phase de construction, on va pouvoir ne se concentrer que sur de l’habillage dans le futur proche. »
L'Europe, pas une fin en soi
Un temps regardé comme l’électron libre du championnat, Aix a définitivement changé de statut la saison passée. Paris, Nantes, Saint-Raphaël, tous ont laissé des plumes dans une Arena qui a définitivement fait passer le PAUC dans le grand monde. De trublion, le club s’est transformé en outsider. En concurrent sérieux pour l’Europe, aussi, détrônant Dunkerque et Chambéry. Et capable d'attirer certains joueurs étrangers qui l'auraient, peut-être, pris un peu de haut il y a quelques années. « On était déjà attendu les saisons précédentes, étant le club qui monte, sportivement et économiquement. Aix a fait sa réputation, petit à petit, en passant les caps. Maintenant, je le répète, cette qualification européenne n’est pas une fin en soi, il va falloir la pérenniser » insiste Jérôme Fernandez. Et ce ne sera pas chose aisée, car les concurrents ne vont pas se laisser faire. Mais, depuis quelques années, les défis ne font plus peur en Provence. Même ceux qui paraissent les plus fous au premier abord.
Kevin Domas