Starligue
L'arbitrage, fil rouge de la saison
Les problèmes d'arbitrage auront été le fil conducteur de cette saison de Starligue, alors qu'elle ne se terminera que jeudi prochain. Et le débat sur la professionnalisation du corps arbitral ne fait que commencer.
Cela a commencé à Saran, dès la deuxième journée, pour finir à Saint-Raphaël, hier soir. Entre temps, les polémiques sur l'arbitrage se sont déplacées au grès du vent, allant tantôt à Nantes ou à Montpellier et faisant même un premier passage au palais des sports Jean-François Krakowski début mars. Vincent Gérard, hier, n'a pas hésité une seule seconde au moment de stigmatiser le niveau de l'arbitrage français. Sur les antennes de beIN Sports, le gardien de Montpellier, qui a certainement vu le titre de champion de France s'envoler, a eu des mots crus. Mais jamais manquer de lucidité. La preuve, ses critiques envers les instances gérant le corps arbitral, il les a encore réitérées quelques instants plus tard, dans les travées du palais des sports : "On ne demande pas à un prof d’enseigner une partie de la semaine et l’autre d’être boucher ou charcutier, les parents d’élèves ne seraient pas contents. Bah là, ça devrait être pareil. Comment imaginer que des mecs surentraînés, prenons un Ludo Fabregas qui fait deux mètres et 100kg, soient arbitrés par des mecs qui ne font pas que ça ?"
Seules huit désignations en phase de groupe de Champions League
Car en toile de fond de ces éternels débats sur les erreurs d'arbitrage ressurgit l'éternel serpent de mer de la professionnalisation du corps arbitral. Olivier Girault, élu en début d'année à la présidence de la Ligue Nationale de Handball, n'ignore d'ailleurs pas le problème. "Pour pouvoir avoir un spectacle de qualité, il faut pouvoir compter sur des arbitres de qualité" disait-il déjà lors de sa campagne pour la présidence. Hier, le gardien de Montpellier n'a pas hésité à interpeller le nouvel homme fort de la ligue, le pressant de prendre des mesures. Car, année après année, l'arbitrage français pèse de moins en moins en Europe. Il suffit de regarder les chiffres. Cette saison, seuls huit matchs de poule, tous groupes confondus, ont été dirigés par une paire française, en plus d'un huitième et d'un quart de finale pour la doublette Reveret/Pichon, qui ont officié dans cinq matchs de groupe depuis septembre. Dans ces huit matchs de poule, aucune rencontre mettant aux prises deux équipes du top dix européen non-français. Depuis 2013 et Thierry Dentz et Denis Reibel, aucun arbitre tricolore n'a non plus été aperçu du côté de Cologne et du Final Four de la plus grande compétition européenne. Compliqué de dire que l'arbitrage tricolore pèse véritablement dans l'esprit de l'EHF.
Des enjeux financiers de plus en plus importants
La professionnalisation des arbitres résoudra-t-elle tout cela ? Pas sûr, tant le handball reste et restera un sport dans lequel l'appréciation des hommes en noir est présente. Mais, au moins, la part de l'aléatoire s'en trouverait-elle sans doute réduite. Et les frustrations, de tous bords, moins fréquentes. "Il y a des enjeux financiers, on parle de boites comme les PSG qui ont 17 millions, nous ça représente 7 millions. Comment imaginer un seul instant que l’éthique et l’intégrité d’une compétition soit gérée par la seule partie qu’une soit pas professionnelle" insistait encore Gérard, soulignant être mieux arbitré par des arbitres lettons en Champions League qu'en championnat. Montpellier ne méritait peut-être pas de gagner hier soir à Saint-Raphaël, mais la colère de tous les acteurs remonte à bien plus loin que ça. "Une chaine est aussi solide que son maillon le plus faible" citait hier le gardien montpelliérain. On connait au moins l'axe de travail principal d'Olivier Girault pour cet été...
Kevin Domas