CDF (M)
Chambéry était intouchable
Chambéry remporte son premier titre en Coupe de France face à Dunkerque (31-21). Les Dunkerquois n'auront pas réussi à prendre la mesure de l'événement, au contraire de leurs adversaires. Un an après une saison noire, le club de Savoie se retrouve en pleine lumière et européen.
L'AccorHotels Arena de Bercy ne pouvait pas rêver d'une meilleure affiche, avec deux clubs de supporters remontés comme 8 ans en arrière, et poussant l'affluence à 14400 spectateurs, un record. Pour le spectacle en revanche, le suspens n'aura pas été au rendez-vous dans la soirée, la faute à Chambéry qui a laissé sans voix les suiveurs et... ses adversaires. « Pour être déçu, il faut mériter quelque chose... Bravo à Chambéry, je n'ai rien d'autre à dire. » Le constat de Baptiste Butto est sans équivoque : « On a été pris à la gorge ».
Même son de cloche du côté de Samir Bellahcene. Le jeune gardien avait un poids important sur les épaules, et en sort très touché de la salle, parmi les derniers : « Je trouve qu'on avait bien préparé ce match, mais sur le moment, ça crie dans tout les sens, ce n'est plus pareil. Sur le papier ils n'avaient pas plus d'expérience, on en avait peut être plus nous avec des joueurs qui avaient des finales, mais ils ont été au-dessus et on a pris dix buts. » La dernière chance d'Europe s'envole pour les Nordistes, qui vont devoir terminer la saison sans enjeu dans le milieu du classement. « On va essayer de terminer la tête haute » pour le club et ses supporters, promet le gardien espoir.
Une sérénité rare
Le son de cloche est tout autre en face, forcément. Les Savoyards ont rejoué la prestation du quart face à Nantes et de la demi-finale face à Montpellier. Difficile de sortir un ou deux joueurs du lot, tant la mécanique a été implacable. « On a été serein et confiant toute l'année, ce n'était pas le moment de lâcher, confie Quentin Minel. Il faut qu'on soit conscient de ce qu'on est capable de faire et le jouer ». Et ils l'ont fait. Face à une agressivité importante de leurs adversaires, les futurs vainqueurs n'ont pas paniqué, et profité de la moindre faille pour faire un écart.
« Ce match là résume vraiment notre saison. Notre attitude défensive, Julien exceptionnel à la place de Yann qui nous aide à creuser l'écart, de la montée de balle. C'est comme ça qu'on creuse l'écart, l'adversaire s'entête un peu et puis après mentalement ils n'y sont plus. » Alexandre Tritta, un des grands bonhommes de la soirée (8/8) résume lui aussi bien cette saison. Julien Meyer a eu le droit à sa finale, Erick Mathé se tenant au contrat passé au début de la compétition avec son gardien : « Il n'y avait pas de raison d'en déroger car c'est un bon gardien et c'est ce qu'on a décidé depuis le début. En jouant une fois par semaine, Yann est le numéro un mais il faut donner à manger à Julien qui le mérite largement ». Bien lui en a pris, le jeune gardien se montrant solide derrière la défense et inscrivant même un but.
Le « miracle » Mathé
En un an, Chambéry est passé de sa saison la plus noire depuis son accession en championnat de France, à la plus dorée avec un titre qui les avait toujours fui. Certes, le club a une histoire et ne pouvait pas faire deux saisons aussi noires : « On est beaucoup à être formé ici et évoluer dans le groupe pro, prononce avec une certaine fierté Tritta, c'est top d'aller gagner des titres ». Une base de joueurs améliorée par Gerdas Babarskas, déterminant dans les rouages de l'équipe, ou encore Richert qui n'a pas tremblé une fois les responsabilités données (3/3 sur 7m). Mais le grand changement, c'est l'entraîneur.
« Je ne sais pas si c'est un miracle, mais c'était inenvisageable l'année dernière. On a réussi avec Erick... Ca fait bis-repetita mais on s'est mis un chemin et on l'a tenu. Avec cinq défaites sur toute la saison c'est incroyable ». Quentin Minel a retrouvé le sourire cette saison, son entraîneur garde lui son calme olympien, s'autorisant quelques sourires. Il sait quel chemin a été parcouru et la qualité du groupe construit cette année : « J'avais dit aux joueurs que je n'allais pas leur demander plus alors que depuis le début de la saison on est exigeant, on est irréprochable. Je leur ai dit de faire comme d'habitude, ni plus, ni moins. »
Une confiance retrouvée, et un public aussi. Boudant ses champions l'an passé, le voilà comblant le phare (8 guichets fermés cette saison) et formant un mur jaune impressionnant hier soir, sans oublier tous les groupes jaunes dispersés dans la salle. « Ce public était incroyable, rend hommage le capitaine Minel. Ils ont fait un bruit de fou, mis une ambiance... Il y a un vrai truc, au début du match que ce soit sur le banc ou le terrain on était comme des fous, on se sentait poussé. C'est un tout avec l'événement mais ils ont beaucoup joué là-dessus. » Reste désormais à Chambéry de rentrer et faire un événement quasi inconnu : la fête d'un titre. « Il faut qu'on profite, qu'on savoure. […] Comptez sur moi que celui là ce soir et demain on va le célébrer ! » Tritta et ses coéquipiers vont également jouer à fond la troisième mi-temps.
Chambéry fêtera le titre dans le centre à partir de 17H, avec présentation de la coupe au carré curial.