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Johan Boisedu, "un dinosaure" au Final Four
A 39 ans, Johan Boisedu prendra part ce weekend, avec Ivry, au Final Four de la coupe de la ligue. Rencontre avec un personnage hors du commun.
Quand Johan Boisedu a annoncé à sa femme et à son fils de 8 ans, en janvier, qu'il partait pour Ivry, avec ses chaussures de hand à la main et son baluchon sur le dos, la famille du Réunionnais n'a même pas esquissé un mouvement. "Ils sont habitués désormais. Ma famille sait que j'ai la chance de pouvoir vivre de ma passion et qu'un jour, ce ne sera plus le cas. Et puis, c'est du condensé, c'est six mois!" sourit-il. A 39 ans, il semble sorti d'un autre monde, celui où le handball ne se déclinait pas qu'en statistiques et où on ne se cachait pas pour aller en griller une ou deux après les rencontres. "Pour certains de la nouvelle génération, je fais figure de dinosaure. Ils ont entendu parler de moi mais ils ne me connaissent pas. Dans tous les vestiaires où j'arrive, la première chose que je fais, c'est de démystifier tout ça" continue celui qui s'est rapidement fait une place dans le vestiaire ivryen. Appelé à la rescousse cet hiver pour faire face aux velléités de départ du Cubain Yosdany Rios, il n'est, de son propre aveu, "pas venu pour faire six mois de tourisme à Paris." Affuté comme jamais, il compte bien user de son expérience pour aider les rouges et noirs dans leur opération maintien. Et du vécu, il en a à revendre. Difficile de parler de lui sans énumérer les pays qu'il a visité : l'Allemagne, d'abord, "à l'époque, c'était comme arriver en NBA. Salles combles, jeu à 2000 à l'heure." Le golfe Persique, ensuite, avec des arrêts au Qatar, à Dubai, au Koweit ou en Arabie Saoudite. "Je me suis rendu compte, en y allant, combien on ne savait pas comment était la vie là-bas. Les gens en France m'ont regardé comme un fou quand je leur ai dit que je partais, mais ma famille et moi, on y a passé des moments formidables avec des gens fantastiques." Avant de rentrer en Espagne, à Puerto Sagunto, où il s'engage en 2017. "J'étais parti pour filer un coup de main, je me suis retrouvé à jouer soixante minutes par match" rigole-t-il.
Alors après le tour du monde, Jo' a choisi de boucler son tour de l'Ile de France du handball. Pontault, Créteil, Tremblay, Vernon, il avait porté les couleurs de tous les clubs franciliens. Sauf celui du PSG. Et d'Ivry. "Mais ce n'est pas une manière de boucler la boucle. Cela voudrait dire que c'est la fin. Mais j'ai encore de l'essence dans le moteur" assure-t-il. Quand Sebastien Quintallet, son ancien coéquipier à Créteil aujourd'hui entraineur d'Ivry, l'appelle, il n'hésite pas longtemps. Et s'engage pour six mois, motivé par une seule chose : sa passion pour son sport. "C'est ce qui me permet d'être encore en cannes aujourd'hui. J'ai encore envie de me faire du mal, j'ai encore envie d'être le meilleur à l'entrainement. Le matin, ça grince un peu mais je suis heureux" continue celui qui ne compte pas ranger les baskets la saison prochaine. Où le destin l'emmènera-t-il ? Il n'en sait rien, mais il ne veut pas vraiment le savoir pour l'instant. Boisedu a toujours fonctionné à l'affect, à l'envie d'apporter sa pierre à un édifice : "Je suis la preuve qu'il y a plein de chemins pour arriver au bonheur. Alors je n'ai pas été international, mais à mon âge, cela n'a plus trop d'importance". Ce weekend, c'est le Final Four de la coupe de la ligue avec Ivry qui l'attend. Le Paris Saint-Germain ? "Une belle équipe de jeunes prometteurs, qu'on va essayer de faire déjouer" sourit-il. Avant de s'envoler pour Balingen en 2010, il avait déjà participé à ce Final Four avec Dunkerque. "Ca me rappelle pas mal de souvenirs, on avait même perdu aux tirs aux buts. Là, on vient pour prendre un peu de confiance qui nous servira pour la mission maintien qui est la nôtre" termine-t-il. Au bout de deux mois, Boisedu utilise déjà le "nous" quand il parle d'Ivry. Cet homme est décidément un sacré camaléon.
Le programme du weekend :
Samedi 16.03 Ivry - Paris à 16h00 (en direct sur beIN Sports 3) Montpellier - Saint-Raphaël à 18h30 (en direct sur beIN Sports 3) Dimanche 17.03 Finale à 16h00 (en direct sur beIN Sports 3)Kevin Domas