EHF Cup (F) - Siofok
C.Aoustin : "Tout est allé très vite ici !"
Pour le compte du troisième tour de Coupe EHF, Nantes a tiré le gros lot : Siófok KC. Tenant du titre, actuellement deuxième du championnat hongrois, ce club niché sur les rives du Lac Balaton compte cette année encore deux Françaises dans ses rangs : Camille Aoustin et Gnonsiane Niombla. Aoustin, arrivée il y a trois ans à Siófok au même moment qu'Estelle Nze Minko à l'époque, fait le point sur l'évolution de ce club à l'appétit dévorant.
Lorsque Camille Aoustin débarque à l'été 2017 à Siófok, le club du président Janos Fodor a déjà une solide réputation en Hongrie. Petit retour en arrière.
Encore en troisième division en 2006, le Siófok Kézilabda Club débarque dans l’élite lors de la saison 2010/2011. Et il n’attendra qu’une saison pour accrocher une prometteuse quatrième place dans un championnat réputé pour sa grosse adversité. S’en suivent une première participation en Coupe EHF, et les premiers gros noms recrutés comme Daniela Piedade, tout juste championne du monde avec le Brésil ou Nina Müller, demi-centre pilier de l'équipe d'Allemagne. Janos Fodor fait également confiance à des entraîneurs étrangers avec le Danois Christian Dalmose, arrivé en 2015 après avoir remporté la Coupe des Coupes la même année.
Mais après une saison 2015/2016 très décevante avec une huitième place à la clé, les dirigeants hongrois décident d’un grand coup de balais. A l'été 2016, Estelle Nze-Minko et Chloé Bulleux, entre autres, rejoignent le navire. Si l’ailière droite nîmoise quittera le club en cours de saison, c’est une ailière gauche française qui rejoint Siófok à l'été suivant : Camille Aoustin. L’objectif affiché du club est alors clair : devenir, en quelques années, un grand d’Europe. « A l'époque, je ne voyais pas où je pouvais aller en France, explique Camille Aoustin. Le projet que m’a présenté Siófok m'a plu et je m'étais dit : si j'arrive à m'installer ici, à m'accrocher, et que ça fonctionne pour moi, pourquoi aller chercher ailleurs par la suite ? »
Même si la saison 2017/2018 s’achève en demi-teinte avec une cinquième place en championnat et la médaille en chocolat en Coupe nationale, Aoustin active son année optionnelle pour rester en Hongrie. « L’été suivant, le club fait un gros recrutement (ndlr : Silje Solberg, Andrea Kobetić, Mireya Gonzalez, Marie-Paule Gnabouyou - qui quittera le club en décembre) et on termine troisième, la meilleure place de l'histoire du club, tout en remportant aussi sa première Coupe EHF ! Finalement, tout est quand même allé très vite ici ! » Symbole de cette croissance express, sa nouvelle salle sortie de terre en février 2018 (voir ici). Un complexe XXL, parfaitement adapté à la vie d’une équipe de handball professionnel mais rare pour le sport féminin pour une valeur de plus de 10 millions d’euros. A l'époque, les deux Françaises n'en reviennent pas vraiment : « Je suis hyper enthousiaste à l’idée de jouer dans cette salle, expliquait l’ancienne ailière de Metz Handball à Handnews. Depuis l’inauguration, on reçoit plein de messages nous disant : “mais ça a l’air incroyable votre salle!” »… « Franchement, on nous avait montré les plans mais on n’avait pas les détails, expliquait pour sa part Estelle Nze Minko. Et le résultat est juste : whoa c’est génial ». Alors, au moment de rester une troisième année, le choix est clair pour Aoustin : « Honnêtement je n'ai pas hésité beaucoup avant de prolonger ici. Des projets comme ça en Europe, ça se compte sur les doigts de la main. »
Mais aujourd'hui, le club n'est pas rassasié, loin de là. « L'objectif est de jouer la Ligue des Champions, note l'ailière de 29 ans. Ne pas avoir réussi à la jouer cette année a été une vraie déception pour le club, d'autant plus que les dirigeants pensaient pouvoir y accéder grâce à notre titre en Coupe EHF. Désormais, nous savons qu'il faut absolument décrocher l’une des deux premières places en championnat, c’est l’objectif premier du club. » Alors, cet été encore, le club a recruté : Gnonsiane Niombla, demi-centre tricolore bien sûr, mais aussi Nerea Penea chipé au rival FTC, Zsuzsanna Tomori, arrivée de Györ ou encore Kjerstin Solas. Sept arrivées pour sept départs, une nouvelle page, encore, de l'histoire de Siofok.
Actuellement deuxième du championnat avec deux matchs en plus sur FTC, troisième, l’ailière française de 29 ans tire un premier bilan. « Ce début de saison est mitigé au vu des hautes espérances que la direction place en nous. Lors du premier match de la saison, on perd à Györ de trois buts (24-27), ce qui n'est pas un drame, mais on a surtout perdu Nerea Penea la veille du match (fracture du doigt). Un peu plus tard, on fait nul contre le FTC (31-31) et on perd contre Erd (21-27). Cette défaite nous fait mal car Erd est un de nos concurrents directs. »
Mais malgré ces deux défaites et un match nul, Siofok occupe toujours les avants postes grâce un niveau toujours aussi homogène en Hongrie. « J'ai l'impression que cette saison, les écarts se sont encore resserrés, il y a eu pas mal de surprises. Debrecen, par exemple, fait un gros début de saison et vient se frotter aux grosses équipes. Nous ne sommes pas les seules à avoir perdu des points en route : Erd a perdu trois fois. Au final, notre début de saison n’est pas si mal, mais pourrait être mieux. »
En tout cas, sur un plan personnel, Camille Aoustin a pleinement réussi son début de saison puisqu’elle a inscrit 39 buts en 10 matchs. « C’est sûr que je suis contente car j’ai su faire de belles prestations sur les gros matchs comme contre FTC (4) ou Györ (7) en début de saison par exemple. » L'autre Française, Gnonsiane Niombla n'est d'ailleurs pas en reste puisqu'elle a, pour sa part, inscrit 49 buts. Elles deux sont deuxième et troisième meilleures buteuses de leur équipe derrière Andrea Kobetic.
A l’heure de débuter une nouvelle campagne européenne, le déplacement à Nantes aura une saveur bien particulière pour Camille Aoustin. « Nantes, c'est là où j'ai fait mes débuts en LFH (2014-2015), se remémore l’intéressée. C'est vraiment une grosse étape dans ma carrière, un moment où j'ai découvert la Coupe d'Europe donc c'est forcément de beaux souvenirs. Et puis, j'avais rêvé de jouer une équipe française car je n'ai pas rejoué en France depuis trois ans. Donc je suis très contente ! Je suis originaire de Rennes alors il va y avoir du monde pour venir me voir. »
Mais face à des Roses « en pleine bourre » selon les termes de l’ailière française, rien ne sera simple pour composter son billet pour la face de poule.
Clément Domas