EHF Cup (M)
Jérémy Toto à l'assaut de l'Europe
Le pivot de Saint-Raphaël Jérémy Toto ne va pas faire ses débuts en coupe d'Europe cet après-midi, à Berlin. Ca, c'était en novembre dernier. Pour le reste, son excitation est toujours aussi grande à l'heure de rendre visite à un grand d'Europe.
A 26 ans, Jérémy Toto continue de cocher les cases de sa liste. Celle où figurent tout ce qu'il rêve de faire en tant que joueur professionnel. Et cet après-midi, quand il va entrer sur le parquet de la Max-Schmelling Halle de Berlin pour y disputer son premier match de coupe d'Europe avec Saint-Raphaël, il pourra discrètement faire une petite croix de plus. "Rien que d'y penser, ça me donne la chair de poule. Je suis hyper excité rien qu'à l'idée de monter dans l'avion" souriait-il vendredi au téléphone. L'an passé, à la même époque, il s'asseyait plus souvent qu'à son tour sur le banc de touche à Créteil, son club formateur. "Les deux dernières années ont été un peu compliquées" dit-il pudiquement, sans vouloir jeter de l'huile sur le feu. Mais à l'image de Hugo Descat, parti en Roumanie pour mieux revenir à Montpellier la saison prochaine, Toto est de retour sur le devant de la scène. Pour figurer parmi les révélations de la saison, aux dires de nombreux techniciens de l'élite. "C'est un vrai bosseur et il apprend très vite. Défensivement, sa présence est déjà très importante alors que ça ne fait que trois mois qu'il est là" disait, il y a quelques semaines, son entraineur Joël Da Silva.
Un plaisir retrouvé
Sur la Côte d'Azur, Toto s'est refait une santé et, surtout, confirme actuellement tout le bien qu'on pouvait penser de lui il y a quatre ou cinq ans. Membre de cette génération dorée cristolienne, à l'image de Descat, mais aussi de Quentin Minel, il a pris son temps pour arriver au plus haut niveau. La route a peut-être été sinueuse mais, peu importe, c'est l'instant présent qui compte. "Je savais que ma venue à Saint-Raphaël était un tournant dans ma carrière. Je suis devenu plus professionnel au contact de gens comme Adrien Dipanda. Dans tous les sens du terme, je me couche plus tôt, j'arrive tôt à l'entrainement. J'ai grandi et, en plus, je prends un plaisir fou tous les jours" sourit-il. Et ça se sent sur le terrain. Avec seulement 7 minutes encaissés depuis le début de la saison en championnat, non seulement, Toto défend fort, mais en plus il défend bien. Même le fait qu'il ne soit que très peu utilisé en attaque ne semble pas le frustrer que ça.
"Tout pourrait s'arrêter demain"
Alors forcément, ce troisième match de coupe d'Europe, le premier contre un véritable poids-lourd du continent, Berlin, va avoir une saveur toute particulière. Il y a deux ans, le pivot y avait déjà gouté avec Créteil. Mais l'aventure avait tourné court, son club de toujours se faisant éliminer dès le premier tour par d'obscurs Croates. "En plus j'étais blessé. J'avais fait le déplacement avec l'équipe, on sentait déjà que ces matchs avaient une saveur particulière. Mais quand j'y repense, j'ai tellement la haine de pas avoir pu jouer" se souvient-il. Cette année, pas de soucis, il sera bien sur la feuille de match. Et quand on lui demande si, à 26 ans, connaitre sa première saison européenne change en quelque chose sa vision du moment, la réponse vient aussi rapide que l'éclair. "Il y a un an, je ne savais pas de quoi l'avenir serait fait. Et on n'est à l'abri de rien, tout peut s'arrêter demain. Alors forcément, j'en profite un maximum" sourit celui qui admet avoir suivi la dernière finale européenne de Saint-Raphaël "sur son ordi". Avant de dévoiler son programme à l'arrivée en Allemagne. "Je pense je vais entrer dans la salle, m'asseoir, et juste profiter de l'instant. C'est peut-être la seule fois que je vais vivre ça dans ma vie, ça va être un grand moment."
Kevin Domas