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Les derniers tours de roues des Experts
Ce championnat d'Europe sera le dernier pour trois joueurs mythiques de l'équipe de France : Luc Abalo, Michaël Guigou et Cédric Sorhaindo. Cette année 2020 devrait être la fin de la période de transition vécue par l'équipe de France depuis 2017.
Ils vont s'en aller, mais ils n'y pensent pas encore. Après Thierry Omeyer et Daniel Narcisse en avril 2017, Michaël Guigou, Cédric Sorhaindo et Luc Abalo ont pris leur décision : ils ne devraient pas continuer l'aventure en équipe de France après les prochains Jeux Olympiques de l'été prochain. Ils auront respectivement 38, 36 et 35 au mois d'août, l'âge de tirer leur révérence. Eux seuls, ainsi que Nikola Karabatic, relient encore l'équipe de France à la fameuse épopée des Experts. Si Valentin Porte ou Kentin Mahé en ont bien fait partie, ils n'ont pas eu la même importance que le trio, qui a été de toutes les conquêtes depuis 2006. Mais le championnat d'Europe, qui commence demain en Norvège, est loin d'être la première halte d'une tournée d'adieux qui pourrait se terminer à Tokyo. "Je ne pense qu'à prendre du plaisir, je n'ai pas la même pression sur cet Euro que ce que j'ai pu avoir par le passé. J'ai juste envie de bien finir" sourit Guigou. Le Nîmois est le seul du trio à être assuré de continuer encore à fouler les parquets la saison prochaine, tandis que Cédric Sorhaindo et Luc Abalo n'ont, pour le moment, aucun contrat en club.
Dinart : "Je tiens aux fins de carrière"
Didier Dinart, le sélectionneur, tient quant à lui à assurer à ses trois anciens une sortie digne de son nom. Nombreux sont les acteurs du handball français à encore avoir en tête les propos de Claude Onesta qui, en 2015, poussait Jérôme Fernandez vers la sortie, disant qu'il serait "criminel de le laisser sur le terrain" quand on avait la chance de pouvoir compter sur de jeunes pousses performantes. A priori, les choses devraient se passer plus en douceur, comme elles avaient pu se faire pour Omeyer et Narcisse. "En tant qu'ancien joueur, je tiens aux fins de carrière. Si quelqu'un n'a pas le niveau ou est amené à ne pas participer à une compétition, il faut avoir un discours d'homme. Concernant ces trois joueurs, ils peuvent apporter, sur le terrain mais ils ont aussi un rôle important dans le collectif" pousse Dinart. A l'heure actuelle, compliqué de lui donner tort. Michaël Guigou continue d'être régulier, Luc Abalo a retrouvé des jambes et de l'efficacité à la finition tandis que Sorhaindo, de par son poste de capitaine, est une pièce maitresse du dispositif Dinart. D'autant plus qu'il joue bien en club que l'année dernière à la même époque. "Six mois après les JO, il y aura un championnat du monde, et je ne peux pas donner mes conditions. On discutera avec franchise après les JO, avec le staff et l'équipe, mais ce sera l'intérêt du groupe qui primera" continue Sorhaindo.
Le bâton a été passé à la nouvelle génération
Le moment semble en tout cas opportun pour que ces trois statues du handball français laissent leur place. Entamée en 2016, avec l'arrivée de Nédim Rémili et Ludovic Fabregas, l'entreprise de renouvellement de l'équipe de France semble arrivée à son terme. Les plus jeunes sont désormais capables de voler de leurs propres ailes, et les ainés pourront, dans quelques mois, abandonner le nid l'esprit tranquille. "On s'est énormément enrichi à leurs côtés et, même si ce n'est pas encore totalement la fin, je pense qu'on est à la fin de l'apprentissage. Tous les jours, on a grandi, ils nous ont transmis ce qui fait l'essence de cette équipe de France" souligne Fabregas. Au vu de ses prestations, tout comme celles de Dika Mem ou du dernier arrivée Elohim Prandi, les choses ont été faites dans l'ordre, et bien assimilées. Peut-être pas pour, dans l'immédiat, décrocher la plus belle des breloques à chaque mois de janvier, mais pour y prétendre, c'est une chose certaine. "Ils ont montré qu'ils étaient capables de faire de grandes choses, avec leur club et l'équipe de France. Ils sont déjà très matures pour leur génération et ils ont tout ce qu'il faut pour maintenir l'équipe de France tout en haut" ajoute Luc Abalo.
Jouer les JO, "un cadeau commun"
Mais avant les adieux, il y a encore une ou, on l'espère, deux compétitions à jouer. "On va essayer de se faire un beau cadeau commun et d'aller aux Jeux Olympiques" sourit Fabregas. L'ambition des trois anciens du groupe est claire : essayer d'aller chercher un trophée dans trois semaines à Stockholm et de s'offrir, par la même occasion, un dernier tour de roues au Japon en aout prochain. Si possible avec un ticket direct, histoire de ne pas s'alléger un programme déjà lourd jusqu'à la fin de la saison. "L'apothéose, ce serait de gagner ces deux dernières compétitions. Mais pas question de se qualifier pour les Jeux Olympiques en perdant en finale de l'Euro contre le Danemark, ça serait pire que tout" prévient Michaël Guigou. Qui espère bien, comme ses deux compères, que sa visite à Bercy dimanche dernier, aussi belle fut l'ambiance, a été la dernière de sa carrière en bleu.
Kevin Domas