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LBE - Metz

M.Maubon : "Si j'avais su, j'aurais pris d'autres affaires avec moi !"

, par Dalibor

Depuis le 12 mars dernier, l'ensemble des compétitions organisées sous l'égide de la Fédération Française de Handball est suspendue. Championnat, coupes nationales, compétitions européennes... Le quotidien de tous les athlètes se retrouve soudainement chamboulé. Marion Maubon, ailière gauche du Metz Handball, nous raconte ses premiers jours de confinement.

Lorsque les Messines quittent l'entraînement le jeudi 12 mars dernier, toutes savent que le réveil du lendemain sera une nouvelle fois très matinal. Et pourtant, rien ne se passera comme prévu. "On devait partir pour Nice vers 6h le vendredi avec match le samedi, retrace Marion Maubon. Mais vers 22h, Manu (ndlr : Manu Mayonnade, l'entraîneur messin) nous a envoyé un message : le match à Nice n'avait plus lieu."

Crédit photo : Bertrand Delhomme

"Sur le coup, on s'est toutes demandé : mais alors, que fait-on ? Et si on ne joue pas, est-ce qu'on s'entraîne demain quand même ? Est-ce que je peux repousser mon réveil ? A ce moment-là, Manu nous a répondu qu'il attendait les instructions."

A Metz, près des trois quarts des joueuses sont internationales. France, Croatie, Allemagne, Danemark... Au moment des trêves internationales, toutes - ou presque - quittent la Moselle. "Dimanche, beaucoup devaient partir en sélection, explique l'ailière messine. Mais, les rassemblements d'équipes nationales se sont annulés les uns après les autres." Après le huit-clos à Esbjerg en Ligue des Champions et le quart de finale de Coupe de France face à Nantes en petit comité (1000 personnes dans la salle maximum), les Messines étaient les spectatrices des dégâts très rapides du coronavirus sur le handball européen.

Crédit Uros Hocevar / EHF

Le stage à la Maison du Handball annulé, Marion Maubon décide de retourner près de sa famille, à Bordeaux. "J'ai pris un sac pour une semaine avec une paire de baskets et une tenue de sport. Bon, si j'avais su, j'aurais pris d'autres affaires (rires)". Ses coéquipières font de même et y compris les étrangères. "Je tiens vraiment à remercier les dirigeants de Metz qui nous ont laissé rentrer chez nous, note l'ailière girondine. Ça a permis aux étrangères, notamment, de repartir dans leurs pays. Moi, j'aurais mal vécu de rester à Metz." 

Samedi soir, le gouvernement français décide de la fermeture de tous les lieux publics non-indispensables puis déclare le confinement de la population dès mardi midi. Pas évident pour des joueuses habituées à jouer à un rythme effréné pendant dix mois de l'année. "Je suis un peu hyper-active alors je me suis dit : mais c'est impossible, comment vais-je faire? sourit Maubon. Je ne regarde jamais la télé et ne reste jamais chez moi à rien faire."

"La musculation, c'est notre télé-travail"

Et puis finalement, les choses se mettent en place. "Ça ne fait que trois jours mais je me suis organisé. J'ai des appareils de musculation à la maison donc je fais un entraînement tous les matins. J'ai envoyé des photos de mes machines à Manu et Nicolas (préparateur physique) pour avoir un programme en fonction de ce que j'ai à disposition. Ça, c'est notre télé-travail à nous."

Crédit photo : Bertrand Delhomme

"Et puis, je peux aller courir aussi. L'autorisation d'aller faire du sport dehors seule, moi, je vais bien l'utiliser !" Et elle enchaîne sans s'arrêter : "Je dois aussi garder mes neveux car mon frère et sa compagne travaillent. Ah, et je me suis inscrite sur un réseau d'entre-aide à Bordeaux pour donner un coup de main aux plus vulnérables. Finalement, je suis assez occupé, tout en respectant toutes les règles de confinement bien sûr... Mais ça vient de commencer ! "

Ayant de la famille dans le corps médical, ce virage soudain dans la vie de handballeuse professionnel est finalement pris avec philosophie par l'ailière de 30 ans, qui quittera la Lorraine pour Nantes l'été prochain. "Il faut relativiser car nous ne faisons que jouer avec un ballon, explique l'intéressée. Personnellement, le plus dur est de se dire : et si, tout ce qu'on avait fait depuis des mois, des saisons avec Metz n'avait servi à rien ? Et si je ne rejouais plus avec cette équipe, avec ces coéquipières qui sont devenues mes amies ? Et si tout s'arrêtait là maintenant ? Tout ça me rendrait triste, c'est sûr. Mais j'essaye de ne pas trop y penser encore et nous n'avons aucun autre choix que d'attendre."

Crédit photo : Bertrand Delhomme

"Dans ces moments-là, il faut relativiser : le handball est ma vie, c'est mon métier donc c'est dur. Mais il y a bien plus grave aussi !"

Clément Domas

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